Grand mammifère domestiqué par l’homme depuis la nuit des temps, l’âne se reconnaît à ses longues oreilles et à son pelage habituellement gris. La découverte d’abattages clandestins d’ânes dans plusieurs localités de notre pays a laissé nos compatriotes sans voix. Malgré la campagne médiatique visant à sensibiliser les consommateurs, la pratique est toujours de saison. Croiser un âne en errance devient rarissime sur l’axe Bamako-Mopti.
A Sienso, près de San, carrefour des trois routes, le commerce des produits dérivés de l’âne fait beaucoup d’heureux. « Tous les jours, des troupeaux d’ânes transitent par ici pour rejoindre le territoire burkinabè en passant par Bénéna », témoigne un agent des douanes en poste. Ici, beaucoup de bouchers, peu soucieux de « l’éthique » et de la morale, ne se cassent plus la tête pour proposer une viande en quantité et à un coût très abordable. C’est le cas d’un jeune boucher, installé non loin de la route principale. Sur son étal en bois, mine de rien, un gros tas de viande est entouré de mouches en festin. D’autres généreux morceaux sont suspendus à l’aide d’une corde imbibée de sang.
Un de ses anciens clients murmure qu’il s’agit bien d’une viande d’âne. « Si vous fouillez bien, vous trouverez la tête et la peau de l’âne sous cette table ». Pourquoi la viande d’âne coûte-t-elle moins chère ? L’animal sur pied se négocie entre 15 000 et 20 000 francs cfa sur le marché. Les plus gras valent 25 000. La partie la plus convoitée est la peau qui se vend très bien à l’étranger. Une somme rondelette de 50 000 Fcfa l’unité, au Burkina Faso. La cargaison sera acheminée en Asie pour en faire des chaussures ou des sacs.
D’autres bouchers ont trouvé un arrangement avec les propriétaires d’ânes proposés à la retraite après de longues années de bons et loyaux services. Les paysans offrent la viande au boucher mais récupère, en retour, la peau de l’animal. Et tout le monde s’en sort à bon compte. Sauf bien sûr, le monde paysan risque de perdre un fidèle accompagnateur et un soutien de taille. L’âne devient une espèce menacée.
A. M. C
Source: Essor