Pour Jérôme Pigné, président et cofondateur du réseau de réflexion stratégique sur la sécurité au Sahel, plusieurs facteurs expliquent cette insécurité grandissante dans la région. Il y a d’abord l’instabilité politique que connaît le Mali et le Burkina Faso, qui se trouvent dans une phase de transition, suite à différents coups d’Etat.

“A cela s’ajoutent la montée en puissance de certains groupes armés terroristes ainsi que les affrontements inter- et intracommunautaires”, explique le spécialiste, mardi dans Forum. La zone des “trois frontières”, qui comprend le Niger, le Mali et le Burkina Faso, est le point brûlant de cette guerre.

Montée en puissance des groupes terroristes

Le retrait officiel de l’armée française du Mali, prévu à la fin de l’été, pourrait également aggraver l’instabilité dans la région. “Depuis que l’annonce a été faite, on observe que les groupes armés terroristes reprennent progressivement du terrain”, explique Jérôme Pigné.

Quant à la montée en puissance du groupe de mercenaires russes Wagner au Mali, “c’est une inconnue de plus à l’équation”. “Selon le discours officiel, le but de ce groupe de mercenaires est d’accompagner la montée en puissance des forces armées maliennes et de renforcer l’impact de la lutte contre le terrorisme. Or, dans les faits, cette collaboration n’amène pas les résultats escomptés, l’insécurité reste grandissante”, explique-t-il.

Guerre de l’information

Enfin, la présence de la Russie au Mali n’est pas sans lien avec la guerre de l’information que traverse le pays, estime le spécialiste.

“Dans ces régions très reculées, il est également très difficile d’identifier les acteurs de la violence armée. Si elle est souvent liée aux groupes terroristes, elle est aussi liée à des conflits intra- et intercommunautaires avec des groupes armés parfois proches du gouvernement. Tout cela rend les choses encore plus complexes à analyser”.

Propos recueillis par Thibaut Schaller/hkr