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CHRONIQUE – 400 milliards recouvrés, codes révisés : les chiffres de la nouvelle justice

Hier soir, dans un format devenu familier mais toujours aussi stratégique, le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Mamadou Kassogué, était l’invité de l’émission « Mali Kura Taasira 3 » sur l’ORTM. Une émission très attendue, au cours de laquelle le ministre s’est livré à un exercice de transparence, décortiquant les grandes réformes judiciaires en cours, les performances en matière de lutte contre la corruption, les efforts de professionnalisation du secteur pénitentiaire et la vision globale pour une justice malienne rénovée, réhabilitée et recentrée sur les valeurs républicaines.

Bamada.net-Face aux journalistes Yaya Konaté de l’ORTM et Issiaka Tamboura du journal Le Soft, Kassogué n’a éludé aucun sujet, apportant des clarifications sans détour à ceux qui accusent les autorités de la transition de restreindre les libertés publiques.

« Une fausse accusation » : Les libertés publiques au cœur du débat

D’entrée de jeu, le Garde des Sceaux a tenu à réfuter fermement les accusations de restriction des libertés démocratiques. « Aucune mesure spécifique n’a été prise pour restreindre les libertés », a-t-il martelé. Les récentes dissolutions de partis et associations politiques ? Selon lui, elles s’inscrivent dans la mise en œuvre des Assises nationales de la refondation, et visent un assainissement de l’espace politique pour plus de performance, de clarté et de redevabilité.

Mais loin de jouer la carte de l’autodéfense passive, le ministre a surtout voulu réaffirmer le rôle fondamental de la justice dans une démocratie : « Elle est le dernier rempart contre les abus de toutes sortes. » Une déclaration forte dans un contexte malien où la perception de la justice reste souvent empreinte de méfiance et d’incompréhension.

Réformes structurelles : Le big bang judiciaire est en marche

Sous l’impulsion du ministère de la Justice, le paysage judiciaire malien est en pleine mutation. Sept nouvelles structures ont vu le jour, toutes opérationnelles à ce jour :

  • Le Pôle national économique et financier

  • Le Pôle de lutte contre la cybercriminalité

  • La Direction nationale des Droits de l’Homme

  • L’École nationale d’instruction pénitentiaire

  • L’Agence de recouvrement des avoirs saisis

  • La Cour administrative d’appel, entre autres.

À ces créations s’ajoutent deux instruments juridiques majeurs : le nouveau Code pénal (en vigueur depuis décembre 2024) et le Code de procédure pénale (applicable dès le 13 juin 2025). Ces textes, modernisés, alignent désormais la justice malienne sur les standards internationaux et dotent les magistrats d’outils adaptés aux réalités contemporaines, comme la lutte contre le terrorisme ou la cybercriminalité.

La justice au plus près du citoyen

Pour combler le fossé entre la justice et les justiciables, une ligne verte gratuite, « Bingani-Kunafoni », a été mise en service. En six mois seulement, elle a enregistré plus de 450 appels. Ce canal direct entre citoyens et administration judiciaire vise à dénoncer les abus, les lenteurs ou les irrégularités.

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Mais pour que la justice fonctionne, encore faut-il des hommes et des femmes en nombre suffisant. Or, le constat est sans appel : un magistrat pour 40 000 habitants au Mali, contre une norme internationale d’un magistrat pour 10 000. Pour inverser cette tendance, 316 auditeurs de justice, 240 greffiers et 125 surveillants pénitentiaires ont été recrutés en trois ans.

Assises régulières, résultats concrets

Fini le temps où les sessions d’assises étaient rares et chaotiques. Désormais, deux sessions par an sont garanties, parfois même des sessions spéciales sur des thématiques précises comme la lutte contre la corruption ou les violations graves des droits de l’Homme. Ce rythme contribue à désengorger les prisons, même si la situation carcérale reste un défi.

Pour preuve, plus de 1 700 détenus ont été transférés de la Maison centrale d’arrêt de Bamako vers des établissements moins saturés à Kéniéroba, Koulikoro, Kati ou Dioïla. Une manière de mieux répartir la charge, mais aussi de redonner un peu d’humanité à un système pénitentiaire à bout de souffle.

Fin de l’impunité et justice pour tous ?

Un autre message fort a été martelé : « Il n’y a plus d’intouchables ». Le cas de l’ex-directeur de l’administration pénitentiaire, désormais en détention, en est selon le ministre la meilleure preuve. Quant à l’affaire de l’avion présidentiel et des équipements militaires, Kassogué a dénoncé une manipulation de l’opinion et a garanti un procès équitable pour l’ex-ministre Bouaré Fily Sissoko, « dans le strict respect de la dignité humaine ».

400 milliards de Fcfa recouvrés : Un tournant historique

L’un des moments les plus marquants de l’entretien reste sans doute la révélation de ce chiffre : environ 400 milliards Fcfa recouvrés en 2024, fruit des enquêtes et audits menés par les pôles spécialisés. À cela s’ajoutent des biens saisis ou rendus indisponibles en attendant la fin des procédures.

Grâce aux nouvelles lois, les atteintes aux biens publics sont désormais imprescriptibles, et chaque enquête pour détournement déclenche automatiquement une enquête pour blanchiment, ce qui permet de saisir les biens, même après le décès des mis en cause.

Cap sur l’avenir : une justice intégrale et inclusive

Parmi les perspectives immédiates, le ministre a annoncé :

  • Un Programme décennal de la justice, remplaçant l’ancienne loi d’orientation ;

  • La Médaille d’honneur de la justice et le Prix Daniel Amagoin Tessougué pour récompenser les acteurs intègres du secteur ;

  • La première politique pénitentiaire nationale depuis l’indépendance ;

  • Une stratégie genre en cours d’adoption, ainsi que la digitalisation des procédures et des paiements.

Autant d’initiatives qui visent à installer durablement une culture de la justice, dans un pays où celle-ci a longtemps souffert de fragilité, de lenteurs et d’un manque de crédibilité.

Entre refondation et responsabilisation

Le passage de Mamadou Kassogué sur le plateau de Mali Kura Taasira n’était pas qu’un exercice de communication institutionnelle. C’était un message de responsabilité, d’ouverture et d’engagement. La justice malienne change, pas à pas, texte par texte, réforme par réforme. Mais elle reste confrontée à une réalité complexe, à une société en quête de repères, et à des citoyens encore sceptiques.

Cette chronique ne serait pas complète sans saluer l’effort de transparence entrepris par le ministère, mais aussi rappeler que l’indépendance de la justice, son accessibilité et son impartialité demeurent les fondations sur lesquelles le Mali Kura doit s’ériger.

 

NB : Toute reproduction, intégrale ou partielle, sans une autorisation explicite de notre part est strictement interdite. Cette action constitue une violation de nos droits d’auteur, et nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour faire respecter ces droits.

 

MLS

 

Source: Bamada.net

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