Les 18 et 19 mars dernier, le Médiateur de la CEDEAO dans la crise que traverse notre pays, Goodkuck JONATHAN, a séjourné à Bamako dans le but de trouver un accord avec les autorités sur la durée de la transition. Après deux jours de rencontres avec les autorités, le Médiateur ouest-africain pour le Mali a quitté Bamako sans obtenir une date des élections. Un mois après cet échec, Goodluck JONATHAN est attendu à Bamako cette semaine pour tenter de rapprocher les positions. Les autorités de la transition se disent intraitables sur une durée de 24 mois, alors que l’organisation sous régional campe sur une durée de 12 à 16 mois.
Lors de leur sommet extraordinaire, le 25 mars à Accra au Ghana, les dirigeants de la CEDEAO ont renouvelé les sanctions prises le 9 janvier dernier contre notre pays, exigeant des autorités de transition un nouveau chronogramme de la période transitoire étalé sur 12 à 16 mois. Une proposition que Bamako a catégoriquement refusée, proposant un chronogramme incompressible de 24 mois.
En effet, un comité technique de la CEDEAO avait proposé l’organisation des scrutins dans un délai de 12 ou 16 mois, avec l’aide d’une Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE). De son côté, le gouvernement avait soumis un chronogramme relatif aux «élections avec un délai de 36 mois (trois ans) pour la transition». Mais cette proposition n’a pas été acceptée par l’organisation sous régional. Ensuite, le gouvernement a proposé un nouveau délai de 29 mois, que le colonel Assimi GOITA a finalement à ramener à 24 mois. Malgré tout, la CEDEAO affiche un niet catégorique.
Cette énième mission du médiateur de la CEDEAO consistera à rapprocher ces deux positions. Elle intervient à un moment où les effets des sanctions se font sentir sur le peuple malien. Ces sanctions sont entre autres : la fermeture des frontières avec les pays de la CEDEAO et l’embargo sur les échanges commerciaux et les transactions financières.
Au Mali, les populations ne décolèrent pas contre la CEDEAO et beaucoup exigent le retrait pur et simple du Mali de cette organisation sous régional accusée de ne pas défendre la cause du peuple. Pour preuve, malgré la bataille judiciaire gagnée par le Mali devant la Cour de justice de l’UEMOA, la suspension des sanctions reste sans effet. Et pendant ce temps, c’est le peuple qui souffre en premier lieu des effets de ces sanctions injustifiées.
Cela fait trois semaines que la Cour de justice de l’union économique et monétaire ouest-africaine a ordonné la suspension des sanctions de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui frappent le Mali depuis janvier. Alors que l’application de cette décision aurait dû être immédiate, notre pays n’a toujours pas accès à ses avoirs à la BCEAO et dans les banques commerciales. Les transactions commerciales et financières avec les autres pays de la région restent impossibles, et toute assistance et transaction provenant d’institutions régionales ou internationales demeurent suspendue.
D’après plusieurs indiscrétions, la mise en application de cette décision de l’UEMOA est suspendue à l’appréciation de la conférence des chefs d’État de la zone. À Bamako, l’incompréhension est totale. Dans un communiqué daté du 6 avril, le gouvernement dénonce un « flagrant déni de justice » et « prend à témoin la communauté nationale et internationale face au non-respect par l’UEMOA de ses propres textes et aux dangers que cela constitue pour la crédibilité et la fiabilité » de l’organisation.
S’il est vrai que les effets de ces sanctions pèsent sur le peuple malien, il faut reconnaître que certains pays de la sous-région ne sont pas aussi épargnés. Les pays comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire sont frappés de plein fouet par les mesures punitives imposées par les chefs d’État ouest-africains contre notre pays.
Le Mali est un pays enclavé qui trouve un débouché maritime vers les autres pays. Selon des données officielles, le port de Dakar vit, à plus de 50 %, des produits qui doivent venir au Mali. De ce fait, la fermeture des frontières impacte naturellement le Sénégal voisin. Il en va de même pour la Côte d’Ivoire, qui s’approvisionne en bétail via notre pays.
Espérons que cette énième discussion entre le Médiateur de la CEDEAO et les autorités maliennes débouche à un accord sur la durée de la transition et la levée de ces sanctions illégitimes et illégales. Cela pour le grand bonheur des peuples de la sous-région.
PAR MODIBO KONÉ
Source : Info-Matin