Le cercle de Niono, où se trouve le tristement célèbre Farabougou, est devenu le baromètre de l’insécurité au Mali. Les groupes djihadistes ont conquis des pans entiers de territoire dans cette zone hautement stratégique de la région de Ségou. Selon les ressortissants de la localité, plus rien ne peut s’opposer à l’avancée des groupes terroristes qui brûlent des champs de riz dans le but d’affamer la population des villages qui échappent à leur contrôle.
Selon l’ancien ministre en charge de l’insertion des arabophones, Moussa Boubacar Bah de Sabati 2012, plus de 63 villages du cercle de Niono ont récemment signé un accord avec les djihadistes. Pour lui, la situation du Mali est actuellement semblable à celle de la Somalie avant que ce pays ne bascule dans l’anarchie dont il n’est pas toujours sorti. Face à l’absence des forces de défense et de sécurité nationales, tout le monde s’est armé dans le cercle de Niono, non loin de la ville de Ségou, où sont délocalisés certains services de l’Etat.
Les groupes djihadistes ne rencontrent malheureusement pas assez de résistance sur le terrain idéologique. Sabati 2012, qui a formé des milliers de jeunes arabophones sur les techniques d’endoctrinement utilisées par les groupes radicaux, constate le vide créé par l’absence d’efforts allant dans le sens de la sensibilisation. Il existe chez certains spécialistes de l’Islam des discours pour contrer l’idéologie radicale des groupes islamistes, mais la situation est hors de contrôle dans des localités du cercle de Niono, tombées dans la violence.
Selon un habitant du village K6, un juge a été nommé par les djihadistes dans le cercle de Niono pour régler les litiges. Dans chaque village sous leur contrôle, il y a un représentant qui rapporte tout ce qui se passe aux chefs dont le passage se fait par intervalle de temps. Ceux qui refusent par exemple de payer les tributs demandés sont dénoncés aux chefs par ces représentants qui sont des natifs du village, donc des gens qui connaissent tout le monde.
Pour contrer la poussée djihadiste, les villages ont mis leur destin entre les mains des dozos qui, eux, aussi commencent à être coûteux. Pour être protégés, les villageois cotisent entre 3 et 2 millions, selon les cas, pour les dozos. Dans tout ça, on ne sent pas assez d’inquiétude à Bamako pour l’avenir du pays. Selon le président de Sabati 2012, aucune armée ne peut résoudre le problème malien dans les régions de Ségou et de Mopti.
Nampaga KONE
Source : La Preuve