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Centrafrique: le sommet régional met le président Djotodia en sursis

Les pays voisins de la Centrafrique étaient réunis jeudi à N’Djamena pour mettre le président centrafricain Michel Djotodia, désormais en sursis, au défi de rétablir l’ordre dans son pays ensanglanté par les violences.

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En ouvrant ce sommet « extraordinaire » de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC), qu’il a convoqué en tant que président en exercice, le chef de l’Etat tchadien Idriss Déby Itno a invité les participants à observer une minute de silence « face à cette tragédie vécue par les Africains en Centrafrique ».

« Un seul constat doit être fait et il est amer: La RCA (république centrafricaine) subit au plus profond d’elle même les agissements de ses propres fils plongeant leur pays dans une guerre qui compromet dangereusement son avenir », a ajouté M. Déby, en présence notamment du président centrafricain et de son Premier ministre Nicolas Tiangaye.

« Nous avons le devoir (…) de faire montre de plus de solidarité et de détermination pour sortir la Centrafrique de son abîme. Il nous faut de plus en plus des actes concrets et décisifs », a réclamé le président tchadien avant le début des travaux à huis clos.

La première préoccupation des pays de la CEEAC, et en premier lieu du Tchad, puissant voisin tutélaire de la Centrafrique, est la paralysie totale du pouvoir de Bangui et son incapacité à rétablir l’ordre depuis des mois dans un pays livré à des violences interreligieuses.

A cet égard, « par rapport notamment à la transition politique, au fait que l’Etat est paralysé, il y a certainement des décisions à prendre et on va voir ce que nos amis africains décident (…) », a déclaré jeudi matin le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius sur la chaîne de télévision France 2, pressé de dire si une démission de M. Djotodia faciliterait les choses.

La présidence centrafricaine a démenti toute velléité de démission de M. Djotodia. La CEEAC rappelle qu’une démission n’est pas l’objet d’un sommet de chefs d’Etat.

Mais les débats de N’Djamena s’annoncent comme particulièrement désagréables pour MM. Djotodia et Tiengaye, et plus largement pour la classe politique centrafricaine.

« Le sommet a été convoqué à cause de la détérioration de la situation sécuritaire », avait expliqué mercredi soir à l’AFP le secrétaire général de la la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC), Allami Ahmat.

 

« Incapacité, voire impuissance »

 

« Les autorités centrafricaines seront interpellées pour mieux faire au lieu de perdre leur temps à se quereller, à s’insulter sur la place publique », a indiqué M. Ahmat en référence aux relations notoirement mauvaises entre MM. Djotodia et Tiengaye.

« On assiste à une situation déplorable: d’un côté les autorités de la transition qui font montre d’une certaine incapacité, voire impuissance, à résoudre le problème, de l’autre une société civile et une classe politique qui s’évertuent à jeter de l’huile sur le feu », selon le secrétaire général.

L’autre grand volet du sommet est le renforcement rapide de la force africaine en Centrafricaine (Misca), réclamée par la France -qui ne veut pas renforcer son dispositif Sangaris de 1.600 soldats- et l’Union africaine (UA) afin de stabiliser Bangui, puis la province.

M. Fabius a répété jeudi matin qu’il n’y avait « pas de renforts prévus » à la force Sangaris.

« Nous ne voulons pas être pris dans un engrenage (…) Mais il faut aussi que nous soyons appuyés par d’autres, d’abord les Africains, 6.000, et puis nous avons demandé aux Européens de nous aider », a-t-il souligné, en référence à une réunion européenne des ministres des Affaires étrangères le 20 janvier à Bruxelles.

La Misca compte actuellement 4.000 hommes. Mercredi, le Rwanda a annoncé l’envoi sous une dizaine de jours d’un contingent de 800 soldats.

A Bangui, les tueries à grande échelle de ces dernières semaines ont progressivement cessé et une partie de la ville a retrouvé mercredi une activité quasi-normale. Mais des exactions et des tirs sporadiques sont encore signalés presque toutes les nuits.

Depuis le renversement en mars du président François Bozizé par une coalition hétéroclite à dominante musulmane, la Séléka, dirigée par M. Djotodia, la Centrafrique a été emportée dans une spirale de violences communautaires et interreligieuses.

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