Le Mali, à l’instar de la communauté internationale, a célébré lundi dernier, le 70ème anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948. A cette occasion, l’ambassadeur de la délégation de l’Union européenne (UE) au Mali, Alain Holleville, a visité lundi le Centre d’accueil pour jeunes filles en détresse « Bamunan, Espoir et Vie », sis à Faladiè extension en commune VI du District de Bamako.
La visite s’est déroulée en présence du représentant du ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Kanouté Awa Doumbia, du directeur de la Cellule nationale de lutte contre le travail des enfants (CNLTE), Amadou Thiam, du directeur exécutif du Groupe de recherche action droit de l’enfant au Mali (GRADEM), Antoine Akplogan, de la directrice du centre d’accueil, Mme Sonia Véronique Dakouo. Les responsables et animatrices de plusieurs associations, ONG partenaires, ainsi que les 11 jeunes filles aides-ménagères pensionnaires du Centre étaient aussi présents.
Le directeur exécutif du GRADEM a, dans son discours de bienvenue, remercié l’ambassadeur de l’UE pour les efforts déployés dans le cadre de la promotion et la défense des droits de l’Homme au Mali. Il a, par la même occasion, remercié la Coopération allemande pour le développement (BMZ), et l’ONG Kinderrechte Afrika e.V, qui ont financé la construction de ce centre de protection pour enfants. « La coopération Nord-Sud est une opportunité de mutualisation des savoirs, de l’entraide, de consolidation de la paix, du renforcement de l’environnement etc». Pour cela, a déclaré Antoine Akplogan, il faut des hommes capables, disponibles, humbles, à l’écoute de l’autre.
Pour sa part, l’ambassadeur de l’UE a indiqué que les enfants et en particulier les jeunes filles, sont exposés à des violations de leurs droits au Mali. Alain Holleville a ajouté que les aide-ménagères de Bamako sont un exemple frappant de cette réalité. « Plus de 80% d’entre elles ont moins de 18 ans et plus de 30% moins de 15 ans. Forcées à travailler, elles abandonnent l’école prématurément, travaillent ensuite dans les conditions précaires et sont souvent victimes de violences psychologiques, physiques et sexuelles. Elles le sont en tant qu’enfants, en tant que filles, en tant que personnes originaires du milieu rural et de familles à faibles revenus et en tant que travailleuses déplacées, loin de leurs familles », a déploré l’ambassadeur Holleville.
En outre, le diplomate européen a fait savoir que le respect des droits des enfants et plus généralement des droits de l’Homme, reste une priorité de la politique extérieure de l’UE. « L’Union européenne et ses États membres se joignent aux Nation-unies et à des nombreux autres acteurs pour appeler les États et les citoyens à défendre les droits de l’Homme à l’occasion de la journée des droits de l’Homme de 2018. Ce combat n’est jamais acquis, ni gagné nulle part, que ce soit dans l’UE ou au Mali. Il n’existe pas de paradis des droits de l’Homme sur terre, mais il existe des pays où il est plus aisé de faire valoir ses droits, particulièrement lorsqu’on est en situation vulnérable, comme les jeunes filles que nous rencontrons aujourd’hui », a souligné Alain Holleville.
A son tour, le représentant du ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de Famille a rappelé que « si l’exode des enfants est une vieille réalité socioéconomique et culturelle dans notre pays, il est de plus en plus cadré par différentes initiatives de l’Etat, de la société civile, pour plus de respect des droits des enfants à vivre en famille, à avoir une éducation, à être protégés contre les violences, les abus, les pires formes de travail, etc ». La mise en œuvre de ce projet a permis, selon Mme Kanouté Awa Doumbia, d’enregistrer les résultats suivants : 305 acteurs formés en droit de l’enfant travailleur, les droits et devoirs des aides-ménagères mineures, la diligence dans le traitement des dossiers des jeunes filles victimes par la brigade chargée de la protection des mœurs et de l’enfant etc. Enfin, selon Mme Kanouté, si l’amélioration est perceptible, ce projet doit s’inscrire dans la durée pour soutenir le travail entrepris par GRADEM et les autres partenaires.
Une visite guidée par la directrice du centre d’accueil, suivie d’échange entre les jeunes filles aides-ménagères mineures et l’ambassadeur Holleville, la prise d’une photo de famille et un déjeuner ont été les temps forts de l’évènement.
Aboubacar Traoré
L’Essor