La cour d’assises de Paris a condamné, jeudi, à la prison à perpétuité trois personnes accusées d’avoir perpétré en 2004 le bombardement qui avait coûté la vie à neuf soldats français à Bouaké, en Côte d’Ivoire. Les trois accusés, deux officiers ivoiriens et un mercenaire biélorusse, introuvables depuis plusieurs années, ont été jugés en leur absence.
Les pilotes qui ont bombardé le camp de l’armée française à Bouaké en 2004 ont été condamnés, jeudi 15 avril, à la prison à perpétuité. Une sentence théorique étant donné que les accusés, l’ex-mercenaire biélorusse, Yury Sushkin, et les deux officiers ivoiriens, Patrice Ouei et Ange Magloire Ganduillet Attualy, sont introuvables depuis plusieurs années.
Le 6 novembre 2004, deux chasseurs déployés par l’aviation du président ivoirien Laurent Gbagbo pour attaquer les rebelles installés dans la moitié nord du pays avaient bombardé par surprise un camp de la force de paix française, chargée de faire tampon entre les deux camps.
Avec neuf soldats français et un civil américain tué, ainsi qu’une quarantaine de blessés, c’est à l’époque l’attaque la plus meurtrière pour l’armée française en opération depuis l’attentat du Drakkar au Liban, en 1983.
Zones d’ombre
Le bombardement “est caractérisé par une volonté préalable d’aller bombarder le camp français”, a dit M. Müller. “Des éléments montrent à l’évidence que la frappe est volontaire et dirigée contre le camp français”, et “décoller avec deux avions de guerre armés de roquettes me semble l’expression chimiquement pure de la préméditation”, a ajouté l’avocat général.
En représailles, Paris avait détruit le jour même l’ensemble de l’aviation militaire ivoirienne, ruinant son offensive en cours et déclenchant une crise diplomatico-militaire inédite entre la France et son ancienne colonie. Dans les jours qui avaient suivi, de violentes manifestations anti-françaises avaient secoué le sud du pays. Du jour au lendemain, des milliers d’expatriés avaient regagné la France en catastrophe, encadrés par les troupes tricolores.
Si la crise s’est apaisée au bout de quelques semaines, elle est restée longtemps un contentieux entre la France et la Côte d’Ivoire, qui comme la Biélorussie, n’a pas répondu aux demandes de mandats d’arrêt lancés par Paris.
Le dossier a été marqué par certains errements et réticences du gouvernement français dans l’enquête. Ils ont semé le doute chez les familles de victimes, qui se demandent toujours seize ans après qui exactement a donné l’ordre de tirer sur les Français, et pourquoi.
Avec AFP