Un vent égalitariste soufflerait-il sur la Colline ? Beyoncé se déclare « féministe des temps modernes », Keira Knightley se demande comment ce combat a pu « devenir une insulte » et Miley Cyrus s’intronise sans complexe « plus grande féministe au monde ». Mais peut-on défendre la cause des femmes et poser à demi nue en une des magazines ?
En décembre, Beyoncé a sorti un album, vaniteusement baptisé Beyoncé, sans promotion ni teasing. Un simple tweet a provoqué un bouche-à-médias qui s’est soldé, un mois plus tard, par la vente d’un million d’exemplaires. La chanteuse a ainsi démontré qu’elle était belle et bien la queen et qu’elle n’avait besoin de personne pour régner sur les charts. Mais Madame Carter n’en est pas restée là. Dans ce nouvel opus, elle reprend un extrait d’une conférence TED intitulée « Nous devrions tous être féministes » donnée par l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie.
Dans Flawless, on peut ainsi entendre la voix de l’auteure engagée : « Nous apprenons aux femmes à s’écraser, à se rendre plus discrètes. Nous disons aux petites filles : “Vous pouvez avoir de l’ambition, mais pas trop”. (…) Le mariage peut être source de joie, d’amour et de confort mutuel. Mais pourquoi enseigne-t-on aux filles qu’elles doivent se marier tandis qu’on ne dit rien aux garçons ?» Avec un autre titre baptisé Pretty hurts – la beauté fait souffrir en V.F.- et une tribune publiée sur le Web « Gender Equality is a myth ! » (L’égalité des sexes est un mythe !) la Queen B se revendique ainsi féministe des temps modernes. « Nous devons arrêter avec le mythe autour de l’égalité des sexes. Ce n’est pas encore une réalité. (…) Tant que les femmes et les hommes n’auront pas admis que c’est inacceptable, rien ne changera » écrit-elle.
Beyoncé n’est pas la seule à lâcher le « F-word » dans le showbiz. Entre deux twerks et tout autant de polémiques, Miley Cyrus dit à qui veut l’entendre qu’elle est l’une des plus ferventes défenseurs de la cause des femmes parce qu’elle leurs dit « de n’avoir peur de rien. » Elle serait même un exemple d’émancipation sexuelle : « Je suis bruyante, marrante et je n’ai pas une beauté standard ». Tiens donc. Lily Allen a fait son retour sur scène avec un titre piquant, Hard of There, critique ouverte des diktats sexistes de l’industrie musicale. Et Mindy Kaling, l’actrice rigolote de service, s’insurge quand on lui demande d’où lui vient cette confiance elle. « C’est assez insultant. Parce que cela veut dire “vous avez toutes les tares d’une personne marginalisée. Vous n’êtes pas mince, ni blanche, vous êtes une femme. Pourquoi diable penseriez-vous valoir quelque chose aujourd’hui ? »
Même Cate Blanchett s’est insurgée, en pleine interview sur le tapis rouge des SAG awards, lorsqu’un cameraman s’est lancé dans un plan vertical de ses chaussures au décolleté. « Vous faites ça aussi avec les hommes ? » l’a-t-elle alpagué, tout sourire. Une pointe d’humour pour souligner ce traitement de faveur réservé aux femmes sur red carpet. On leurs demande ce qu’elles portent quand on interroge les hommes sur leur inspiration. Si Meryl Streep a longtemps œuvré seule dans la jungle hollywoodienne pour défendre la cause féminine à l’écran et dénoncer les inégalités du milieu, les (célèbres) langues se délient de plus en plus dernièrement.
Source: LE FIGARO