Les députés étaient réunis vendredi en séance plénière dans la salle Modibo Keita de
l’Hémicycle. à l’ordre du jour : des questions orales adressées au ministre des Transports et de la Mobilité urbaine et à son collègue des Domaines et des Affaires foncières, et aussi des délibérations sur trois projets de lois. C’était sous la présidence du 1er vice-président de l’Assemblée nationale, Moussa Tembiné
Interpellé devant la représentation nationale par le député Boubacar D. Sissoko, élu à Bafoulabé, le ministre des Transports et de la Mobilité urbaine Ibrahima Abdoul Ly a apporté des éclairages sur plusieurs questions ayant trait au trafic ferroviaire en arrêt dans notre pays depuis un certain temps.
L’élu voulait savoir pourquoi le Mali a décidé de procéder à la concession de la Régie du chemin de fer et quelles ont été ses retombées. Le député voulait savoir également ce qu’il en est exactement des trois locomotives acquises par notre pays quand le prédécesseur de l’actuel ministre était en poste, comment son département va procéder à la relance du chemin de fer annoncée par le Premier ministre lors de sa tournée en 1ère région.
En réponse, le ministre en charge des Transports dira que dans ce secteur, tout est à faire parce que « nous n’avons plus rien ». Selon lui, le Mali a décidé de procéder à la mise en concession de la Régie du chemin de fer à l’effet de bénéficier d’investissements importants auprès des partenaires techniques et financiers, dont l’intervention passait par cette condition. L’objectif, a-t-il précisé, était, entre autres, d’améliorer la gestion commerciale, financière et technique du chemin de fer Dakar-Bamako.
Pour le ministre Ly, les retombées de cette opération sont négatives à tous les égards. Sur le plan social, a rappelé le ministre Ly, l’état a payé dès le 1er octobre 2003, un montant de 8 milliards de Fcfa au personnel déflaté dans le cadre du plan social. Et à ce jour, il y a un passif de 20 milliards de Fcfa de l’ex-Régie du chemin de fer qui reste à épurer. D’après Ibrahima Abdoul Ly, l’insuffisance de maintenance, l’absence d’investissements et la dégradation de l’outil de production et de l’offre de transport ont conduit à l’arrêt des services internationaux de transport voyageurs en mai 2009. Mais les deux États (Mali, Sénégal), au regard de l’incapacité du concessionnaire à assurer les investissements promis, entraînant la dégradation continue de la situation du chemin de fer Dakar-Bamako, ont procédé à la résiliation de la convention de concession le 7 mars 2016, héritant ainsi des infrastructures ferroviaires impraticables par suite de retards cumulés de maintenance, d’un parc de trois locomotives en état de marche sur une vingtaine et d’un passif très élevé.
Parlant des trois locomotives que le Mali aurait acquises, le ministre Ly a souligné que leur acquisition était prévue dans le cadre de la signature et l’approbation par le gouvernement d’une convention de concession pour la conception, le financement, la construction, l’exploitation, la maintenance et le transfert d’une plateforme logistique devant être réalisée à Nonsombougou. Le processus d’approbation de ladite convention n’ayant pas abouti, à cause des observations formulées par la partie malienne, elle a été relue le 13 septembre 2019, a-t-il indiqué. En lieu et place des locomotives qui étaient prévues, dira-t-il, DP-World payera un droit d’entrée de 3,9 millions de dollars (1,9 milliard de Fcfa) au Mali. Le ministre Ly a fait savoir aussi que les locomotives, dont l’acquisition avait été annoncée ont été fabriquées en 1973 et étaient probablement vétustes, car, âgées de 47 ans. En plus, elles n’étaient pas conformes aux normes techniques de notre voie ferrée.
Pour ce qui est du plan de relance du chemin de fer, le chef du département des Transports et de la Mobilité urbaine a expliqué que le gouvernement a approuvé en conseil des ministres le 02 octobre dernier, une communication écrite.
Le projet porte, entre autres, sur les travaux de remise à niveau de la voie ferrée entre Bamako et Diboli, la réhabilitation de 19 gares ferroviaires, la réhabilitation des dépôts et ateliers de maintenance, l’acquisition d’outillage pour l’entretien et la maintenance du matériel roulant, la location avec option d’achat de quatre locomotives reconditionnées d’une puissance de 2400 CV, la réparation et la remise en état de 31 voitures, fourgons bagages et générateurs, etc . Pour lui, la mise en œuvre de ce plan de relance sera assurée par la Société de patrimoine ferroviaire du Mali (SOPAFER-Mali Sa).
En visite à Bafoulabé dans le cadre de sa tournée en 1ère région, rappellera le ministre Ly, le Premier ministre a pris l’engagement de s’investir pour que le trafic ferroviaire reprenne au plus tard en mars 2020. Et déjà, l’état a mis à disposition un financement de 10 milliards de Fcfa destiné au projet de rénovation de la voie, à la réparation des points critiques sur les ouvrages d’art et aussi à la réhabilitation des moyens de télécommunication. Ce travail sera piloté par la SOPAFER.
Par ailleurs, le ministre Ly a touché du doigt quelques difficultés ayant trait au patrimoine de la Régie du chemin de fer. Selon lui, 200 millions de Fcfa qui devraient revenir à la Régie du chemin de fer sous forme de loyer mensuel sont encaissés par des personnes qui ne sont ni du ministère, ni de la SOPAFER. Aussi, le domaine ferroviaire est occupé par toutes sortes de personnes, les maisons d’astreinte sont devenues des concessions familiales, les partants à la retraite y sont encore et elles font l’objet de toutes sortes de convoitises. Pis, il dira que des officines de pharmacie sont construites dans l’emprise de la voie ferrée et l’enceinte de la SOTELCO fait l’objet de morcèlement.
Enfin, le ministre des Transports et de la Mobilité urbaine a annoncé que bientôt, d’autres régions du Mali comme Sikasso connaîtront la voie ferrée. Ainsi, la Région de Kayes n’aura plus le monopole de la voie ferrée dans notre pays.
Dieudonné DIAMA
Source: L’Essor-Mali