Les hôpitaux sont tenus de se doter d’équipements ultra modernes pour le diagnostic et pour les soins. Mais, le maintien en état de marche de ces outils de pointe est un véritable problème
C’est un bouillon qui a été suffisamment servi à nos compatriotes, notamment les malades et autres usagers des Centres hospitalo-universitaires (CHU). Ce n’est pas très agréable de s’entendre répéter : « le scanner ne marche pas », « l’imagerie par résonance magnétique (IRM) ne fonctionne pas » ou « la radio est en panne ».
La problématique de la maintenance des équipements de pointe dans les établissements hospitaliers est un vrai casse-tête chinois. Nos structures hospitalières sont contraintes très souvent de recourir à l’expertise des fournisseurs parce que les techniciens capables de réparer ces équipements ultramodernes ne sont pas disponibles sur place.
Pour faire venir les experts des fournisseurs ou des maisons qui vendent ces matériels, les hôpitaux déboursent beaucoup d’argent. à titre d’exemple, il y a de cela quelques années, un établissement hospitalier de 3è référence avait fait un contrat annuel de maintenance de 12 millions de Fcfa avec la maison qui lui avait fourni un scanner. La méthode a le mérite d’assurer la maintenance préventive mais aussi de s’assurer au besoin de la disponibilité des techniciens spécialisés en cas de panne.
Il est évident qu’une bonne organisation de la maintenance des dispositifs médicaux contribue à améliorer l’efficience et la disponibilité des équipements pour les services des soins. L’inscription d’une ligne budgétaire consacrée à la maintenance des équipements dans les hôpitaux se fait désirer. Les spécialistes en appellent même à la création d’une structure en charge de la maintenance et à la formation continue de nos techniciens. Ceux-ci ignorent souvent tout des équipements qu’ils sont censés entretenir. Il y a donc nécessité et urgence de les mettre à niveau pour parer au plus pressé.
La maintenance d’un dispositif médical est un ensemble d’actions permettant de garder ou de rétablir les fonctionnalités de ce dispositif. Il faut noter que les équipements médicaux sont aujourd’hui ultra sophistiqués et complexes. Les hôpitaux qui sont entrés dans l’ère de la technologie de pointe devraient veiller à ce que leurs dispositifs critiques soient sûrs, précis, fiables, mais surtout opérationnels avec un niveau de performance requis.
Assurer la fiabilité et la maintenance d’un équipement critique à l’hôpital est vital pour la sécurité du patient/utilisateur et une meilleure disponibilité des services de diagnostic. La bonne maintenance du plateau technique, notamment des équipements ultramodernes est une exigence.
Analyses croisées de spécialistes et responsables d’hôpitaux. Drissa Samaké, chef de la maintenance à l’Hôpital du Mali, partage cet avis. Selon lui, la maintenance permet de consolider la disponibilité des matériels dans les hôpitaux et renforcer la qualité des résultats des examens. Le spécialiste ne s’attarde pas trop sur les exigences de maintenance, il rappelle simplement que certains équipements comme le scanner, les radios, l’IRM, l’accélérateur linéaire de radiothérapie (un équipement de prise en charge du cancer), les équipements du bloc opératoire, de la réanimation, du laboratoire ou de la pédiatrie doivent être bien entretenus.
CENTRALE D’ACHAT- D’après le technicien, il y a deux types de maintenance : préventive et curative. La première anticipe sur les pannes tandis que la deuxième vise à réparer. Mais le technicien explique la nécessité de développer une stratégie de maintenance préventive. Parce que le stage de maintenance curative exige très souvent l’achat de pièces de rechange. Mais il s’empresse de préciser que la périodicité de la maintenance préventive des équipements dépend du fabricant. Dans notre pays, cette fréquence est accélérée par la forte sollicitation de ces équipements de pointe qui permettent d’établir le bon diagnostic. à ce propos, Drissa Samaké précise que certains équipements requièrent deux à trois interventions par an, en termes de maintenance. Mais pour d’autres équipements, la maintenance se fait en fonction du nombre d’heures de fonctionnement.
Pour lui, la maintenance participe de la qualité du diagnostic donc des soins de santé. Il rappelle des contraintes liées aux compétences et à la formation continue de celles-ci. Il déplore aussi l’absence de véritables services de maintenance. Ce qui représente un goulot d’étranglement pour le maintien en vie de nos équipements de pointe. Il en appelle à la création d’un service de maintenance digne de ce nom dans les établissements hospitaliers, d’une école de maintenance biomédicale et l’inscription d’une ligne budgétaire pour la maintenance.
Le directeur général de l’Hôpital du Mali, Ousmane Attaher Dicko, indique que les équipements sont devenus indispensables dans le diagnostic. Mais leur maintien en bon état coûte très cher. « La maintenance d’un appareil dépasse parfois son prix d’achat. C’est une charge que l’hôpital ne peut supporter. Mais il est contraint de se démener parce que sa survie en dépend aussi », remarque le responsable de l’administration hospitalière. à titre d’exemple, il explique que pour chaque équipement son hôpital a un contrat de maintenance. En effet, c’est un domaine qui engloutit 60 à 70% des ressources générées par l’hôpital.
Le directeur général de l’Hôpital du Mali juge nécessaire de mettre plus de ressources et de personnel qualifié à la disposition des hôpitaux. Il propose de faire des achats groupés pour les hôpitaux afin d’avoir les mêmes types d’équipements un peu partout pour mieux répondre aux soucis de maintenance. Il rappelle aussi l’urgence d’avoir une politique nationale de maintenance qui dégagera des directives et aussi instituera une formation qualifiée et continue du personnel.
Le CHU du Point G vit les mêmes difficultés. Le chef de service de la maintenance Karaba Zon Moukourou, confirme l’existence de nombreux problèmes. Il déplore le manque de culture de la maintenance. Il reconnaît que très souvent pour certains équipements, les pièces de rechange n’existent pas. M. Moukourou indique aussi que la diversité des marques des équipements pose problème. Même la formation seule ne suffira pas à le résoudre.
La problématique de maintenance est un vieux serpent de mer. Depuis 2004, un projet a été élaboré avec des propositions de solutions, et déposé sur la table du ministère de la Santé. Mais la réponse se fait toujours attendre. Pourtant, ce projet prévoit la création d’une unité centralisée de maintenance nationale. Cette option permettra, selon notre interlocuteur, de coordonner l’expression des besoins des hôpitaux même en termes de formation continue des ingénieurs et techniciens de maintenance.
Fatoumata NAPHO
Source: L’Essor-Mali