La fausse couche est une expérience douloureuse qui concerne près de 15 à 20% des grossesses. Elle nécessite non seulement un accompagnement médical mais aussi psychologique. Le gynécologue obstétricien, Dr Hamadoun Garba Cissé, de la clinique Lac Télé n’en dirait pas moins. Il explique que la fin spontanée d’une grossesse est une épreuve pas facile à surmonter pour les femmes. Au Mali, le paludisme est incriminé aussi comme étant la première cause des fausses couches.
Selon le gynécologue-obstétricien, la fausse couche est simplement un avortement spontané. C’est l’interruption de la grossesse avant six mois. Le toubib relève qu’il y a une distinction entre une fausse couche précoce qui est l’interruption avant trois mois et la fausse couche tardive qui intervient entre le troisième et le sixième mois. Le praticien du privé observe que la fréquence est de 15% à 20% dans notre pays et affecte tous les âges, c’est-à-dire de la puberté jusqu’à la ménopause. Le phénomène sévit plus chez les primipares (les femmes qui enfantent pour la première fois) et les grandes multipares (celles qui accouchent plus d’une fois).
Le spécialiste souligne que les causes de la fausse couche sont multiples. 90% sont dues à des anomalies chromosomiques, c’est-à-dire des bébés qui sont mal formés. C’est pour cela que la nature fait une sorte de sélection naturelle. Ce sont en effet, des enfants qui ne vont pas vivre à la naissance. L’interruption peut être due aussi à des œufs clairs, c’est-à-dire sans embryions. Le médecin spécialiste révèle que toutes les infections peuvent entraîner la fausse couche. Mais, au Mali, le paludisme occupe la première cause de la fausse couche puis l’infection urinaire.
Les autres causes incriminées sont soit virales soit liées à certaines maladies qui surviennent au cours de la grossesse comme le diabète, l’hypertension, l’incompatibilité rhésus (une incompatibilité sanguine fœtale-maternelle). Il parle aussi des cas de malformations ou d’anomalies utérines qui peuvent être des fibromes, des polypes, de l’utérus cloisonné, de l’utérus bicorne et ou la béance cervicale (ouverture du col).
Ce n’est pas tout, le gynécologue évoque également des causes psychologiques. Ce sont des causes qui sont surtout dues à des situations de stress et d’angoisse. Quant aux causes traumatiques, elles peuvent survenir lors d’un accident ou d’une chute.
La fausse couche se manifeste par la fièvre, des saignements, des douleurs lombaires ou pelviennes. Et aussi par des signes sympathiques qui sont liés à la grossesse et parfois de la fièvre. Selon Dr Hamadoun Garba Cissé, une femme qui a déjà subi une fausse couche devra attendre au minimum six mois avant de contracter une nouvelle grossesse. Pour lui, il est clair qu’au bout de trois fausses couches successives, on peut s’inquiéter, et dans ce cas on parlera d’une maladie abortive qui va nécessiter un bilan complet.
Pour éviter la fausse couche, « il faudra avant le mariage faire le bilan infectieux, vérifier le groupe sanguin rhésus pour dépister les incompatibilités et puis la vaccination contre certaines maladies », conseille-t-il.
Pour la prise en charge, il souligne la nécessité de faire avant tout une échographie qui reste l’arbitre du diagnostic dans la différence entre une menace de fausse couche et une fausse couche consommée.
Selon le toubib, c’est ce qui établit la vitalité fœtale. En cas de menace de fausse couche avec fœtus vivant, il est conseillé un repos et un antispasmodique. Par contre en cas de fausse couche consommée, il faut une aspiration ou un curetage. Mais la prise en charge psychologique est nécessaire parfois, parce que certaines femmes ne digèrent pas la fausse couche. Celles-ci doivent être soutenues psychologiquement. Et le Dr Hamadoun Garba Cissé de recommander aussi un bilan complet pour dépister une éventuelle cause à traiter avant la prochaine grossesse.
F. N.
Source: L’Essor-Mali