Philippe Belin, président de la société française Marck, spécialisée dans la confection d’uniformes militaires, est actuellement entendu dans le cadre d’une garde à vue dans les locaux de la police judiciaire à Nanterre dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte en 2007 pour corruption d’agents étrangers et blanchiment. Son audition intervient deux jours après la garde à vue de Maixent Accrombessi, directeur de cabinet du président gabonais, Ali Bongo, qui s’était soldée par un imbroglio diplomatique.
Les policiers, qui interrogent M. Belin, depuis mercredi soir, 20 heures, cherchent à savoir pourquoi l’entreprise qu’il dirige a émis plusieurs virements à destination de deux comptes monégasques, gérés, pour l’un, par un proche de M. Accrombessi, pour l’autre, par une société béninoise dirigée par ce dernier. Ces virements, sont en effet postérieurs à la signature, fin 2005, d’un contrat d’une valeur de 7 millions d’euros passé entre la société Marck et le ministère de l’intérieur gabonais, et pourraient laisser penser au versement de commissions illégales.
Lundi, une ancienne collaboratrice de M. Belin, chargée notamment de l’export pendant la période intéressant l’enquête, avait elle aussi été entendue en garde à vue avant de ressortir libre dans la journée de mardi.
Déjà mis en examen en 2014
Ce n’est pas la première fois que M. Belin est mis en cause dans une affaire judiciaire. En 2014, il a été mis en examen par le juge Tournaire pour « corruption d’agents publics étrangers » et « abus de biens sociaux » dans le cadre de l’information judiciaire menée sur les activités de Michel Tomi, empereur des jeux et parrain présumé, en Afrique. Cela concernait cette fois des marchés qui auraient été passés avec le Mali et le Cameroun. M. Belin avait pour sa part assuré que cette collaboration n’avait rien donné. Contacté, un responsable de Marck explique que « le groupe n’a jamais gagné un seul marché au Mali ».
A l’occasion d’une précédente audition en juin 2014, selon des éléments de la procédure dévoilés par le site Mediapart, Philippe Belin avait expliqué aux enquêteurs ce qu’il pensait de Michel Tomi, dont il a fait la connaissance en 2009 lors de la campagne présidentielle d’Ali Bongo. « C’est un “parrain”, vous n’approchez pas un mec comme ça, il y a toujours trois-quatre mecs autour. C’est, comme on dit en Afrique, un grand monsieur. » Et d’ajouter : « Encore une fois, Michel Tomi n’est pas quelqu’un que vous interpellez comme ça, il impose un certain respect, c’est une telle figure en Afrique. »