Malgré les décisions rendues par les tribunaux de Bamako en faveur des héritiers de feue Fatoumata Z. Haïdara, l’affaire continue de s’ébruiter dans la capitale malienne. Il s’agit d’un problème d’héritage autour d’une maison sise à Niaréla entre les familles des héritiers de feu Baba Traoré et de feue Fatoumata Z Haïdara, chacune réclamant la propriété. C’est ainsi que le mandataire spécial Djibrila Ibrahima Maïga était face à la presse, le mercredi, pour apporter un peu plus d’éclaircissement sur cette affaire qui a connu, depuis une semaine, un regain de tension et qui ne risque pas de connaitre de jours meilleurs. Du moins, pas maintenant.
Devant les tribunaux de Bamako, on ne parle plus de cette affaire. La justice a tranché et a désigné les héritiers de feue Fatoumata Z Haïdara comme unique propriétaire de la fameuse maison sise à Niaréla qui constitue le contentieux entre les familles Haïdara et Traoré. Chose qui ne semble pas être digérée par les héritiers de feu Baba Traoré criant haut et fort que Djibrila Ibrahima Maïga a usé de sa position de magistrat pour les faire expulser. Ils sont allés jusqu’à lancer des propos injurieux à l’encontre de ce dernier sur les antennes de certaines radios de la place.
C’est dans cette logique que le mandataire spécial des héritiers de feue Fatoumata Z Haïdara et non moins petit fils de celle-ci a organisé une conférence de presse pour donner sa version des choses. Selon lui, la maison que les héritiers de feu Baba Traoré réclament aujourd’hui ne leur a jamais appartenu. Elle appartenait plutôt aux grands parents de Djibrila I Maïga, notamment un certain Elhadj Chérif Baba Haïdara, autrefois commerçant. Ce dernier, dans l’exercice de sa profession, décida d’aller s’installer à Saint-Louis, au Sénégal laissant derrière lui une de ses femmes dénommée Nana Kimbiri. Avant d’aller au Sénégal, il instruisit la mise en location de certaines chambres libres et demanda à « l’administration compétente de mettre les documents administratifs de la maison au nom de sa femme Nana Kimbiri « . Chose qui fut fait. Et, c’est après le départ d’Elhadj Chérif Baba Haïdara qu’un des parents éloignés de Nana Kimbiri du nom de Sineydri Traoré (grand frère de feu Baba Traoré) est venu s’installer auprès d’elle. Cette dernière quitta la maison à son tour pour aller s’installer dans son pays d’origine, en Guinée où elle mourut plus tard. Entre temps, Baba Traoré dont les héritiers réclament aujourd’hui la concession est venu s’y installer avec son grand frère Sineydri Traoré.
C’est ainsi que feu Baba Traoré profita de l’absence de Nana Kimbiri pour transférer les papiers administratifs de la concession en son nom faisant croire aux autorités qu’il était l’héritier direct de Nana Kimbiri » alors que celle-ci n’a jamais eu d’enfant « . Une manipulation qui ne durera pas car dès qu’Elhadj Chérif Baba Haïdara eut vent de la nouvelle, une assemblée d’urgence, regroupant des représentants du tribunal, l’imam feu Mamadou Kallé et la famille de feu Baba Traoré a été convoquée à l’issue de la quelle Elhadj Chérif Baba Haïdara a été remis dans ses droits. Au décès de ce dernier en mars 1984 à Bamako, la propriété de la concession est revenue naturellement à sa fille Fatoumata Zahara HAIDARA. Celle-ci a été reconnue comme étant l’unique héritière de son père.
Par ailleurs, la réquisition faite par le mandataire spécial des héritiers de feue Fatoumata Z Haïdara en dit suffisamment sur cette affaire. » A l’état actuel de nos archives, il existe le double du permis d’occuper N°236 du 1er janvier 1935 identifié sous le numéro 10-C4-05 au nom de HAIDARA El Hadji chérif Baba. Ledit permis d’occuper n’est pas gagé « , peut-on lire sur la réquisition du 12 juin 2013. Et, Djibrila Maïga de dire » qu’ils aillent faire une réquisition aux services des Domaines pour nous prouver le contraire « .
A noter que malgré les différents jugements rendus par les tribunaux de Bamako, les héritiers de feu Baba Haïdara n’ont jamais voulu mettre ceux de feu Baba Haïdara à la porte au regard des rapports sociaux que les deux familles entretiennent entre elles. Ce n’est qu’en 2010 que les enfants de feue Fatoumata Haïdara ont demandé à ceux de Baba Traoré de libérer la maison à l’amiable pour des besoins de partage successoral. Toutes les tentatives ont été vaines et cela après le délai de grâce de trois mois qu’ils ont demandé et obtenu et malgré les ordonnances des tribunaux ordonnant leur expulsion. C’est ainsi qu’ils furent contraints de quitter la maison où ils revinrent encore plus tard en forçant les cadenas qui servaient à boucler les portes. Ils furent expulsés à nouveau avant de faire une demande de réintégration qui a été déclarée sans objet par le tribunal de la commune II.
» Le fait d’être magistrat ne doit pas être une manière de me retirer tous mes Droits »
Accusé par les héritiers de feu Baba Traoré d’avoir usé de son influence en tant que magistrat pour leur voler ce qui constitue l’héritage de leur grand-père, Djibrila Ibrahima Maïga affirme qu’il n’en est rien de tout cela. « Ce n’est pas vrai « , a-t-il dit avant de s’interroger » un magistrat n’est-il pas avant tout un justiciable » ? Par ailleurs il n’existe aucun texte au Mali qui interdit le droit de se défendre et le fait d’être » magistrat ne doit pas être une manière de me retirer tous mes droits ».
Mercredi dernier à la maison de la presse où les héritiers de feu Baba Traoré ont expressément fait le déplacement pour assister à la conférence de presse de ceux de feue Fatoumata Zahara Haïdara. Des discussions houleuses ont sanctionné la fin de la conférence. On pouvait voir aussi des banderoles sur lesquelles il était écrit » ministère de la justice, pourquoi un magistrat est-il au dessus de la loi « ? En attendant prions pour que cette affaire finisse sur de bonnes notes.
Aboubacar DICKO
SOURCE: L’Indépendant