Poursuivi pour atteinte aux biens publics et complicité, faux et usage de faux, l’ancien président de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali (APCAM), Bakary Togola, a été déclaré non coupable ce 29 novembre 2021 par la Cour d’assises spéciale. Le « roi du coton » était le principal accusé dans l’affaire de détournement et de malversations financières dont le montant s’élève à 9 462 152 071 FCFA appartenant à la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton du Mali pour la période 2013-2019.
En plus de lui, une dizaine de personnes sont également incriminées dans ladite affaire, entre autres : les sieurs Tiassé COULIBALY, Seydou COULIBALY, Solo Mady KEITA, Djiguiba dit M’Fa COULIBALY, Bourama Coulibaly, M’piè DOUMBIA.
Le procès, qui s’est ouvert lundi 22 novembre devant la Cour d’assises spéciale pour les crimes économiques, dans une salle d’audience bondée, a pris fin ce lundi 29 novembre 2021.
Au terme d’une audience qui a connu plusieurs renvois, Bakary TOGOLA et ses compagnons ont été déclaré non coupables.
Cette décision est accueillie avec beaucoup de soulagement par l’entourage de l’homme d’affaires et ses avocats qui ont salué le courage de la Cour.
«Les griefs qui leur ont été reprochés ne sont pas solides. Ils ont été poursuivis sur des bases qui n’étaient pas juridiquement solides. Par voie de conséquences, la Cour a pris toutes ses responsabilités », a commenté Me MANGARA, l’un de ses avocats.
« Il faut saluer le courage de cette Cour d’assises. Lorsque les faits ne sont pas constitués, il faut dire le droit. Ils ont été courageux, il n’y a pas d’infractions. Ce dossier doit être vu sous l’angle de l’OHADA, dans les conflits entre les coopératives. Ça, c’est gérée par une autre législation, ce n’est pas la législation pénale. Ils sont libres, ils rentrent directement chez eux», a-t-il argumenté.
Les différentes audiences du procès de Bakary Togola et autres accusés a été riche en révélations.
Ainsi, durant toute la semaine, le principal accusé et ses co-accusés ont comparu à la barre pour expliquer les faits.
Le ministère public, dirigé par Diakaridia Bakayoko, dans son réquisitoire, avait requis 20 ans d’emprisonnement ferme pour tous les prévenus.
Il s’en est suivi une batterie de plaidoiries du pôle d’avocats commis par l’ancien président de l’APCAM pour la circonstance.
Les débats de fond ont été souvent houleux, mais les magistrats chevronnés ont su maîtriser et conduire les travaux dans le strict respect du droit. L’audience avait été suspendue vendredi dernier pour reprendre hier lundi matin avec, évidemment, la délibération suivie du verdict tant attendu par tout le monde.
Pour rappel, Bakary Togola a été placé sous mandat de dépôt à la Maison centrale d’arrêt de Bamako, le 13 septembre 2020.
A la fois président de l’Assemblée permanente des Chambres d’agriculture du Mali (APCAM) et de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton (C-SCPC), l’homme, âgé de 60 ans environ, était accusé d’avoir détourné un peu plus de 9,4 milliards de francs CFA.
Au cœur de l’enquête, ce sont 9,462 milliards de francs CFA qui auraient été détournés entre 2013 et 2019.
Une somme ponctionnée sur un budget de 13,431 milliards mis à la disposition de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton du Mali (C-SCPC) par la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT).
« Cet argent était destiné à la formation et à la mise à niveau des membres de 7 700 coopératives de cotonculteurs sur la période concernée », précise Baba Berthé, l’ancien directeur de la CMDT.
Ce GIE se voit en effet confier l’approvisionnement en intrants pour le compte de la CMDT et de l’Office de la Haute Vallée du Niger (OHVN). Le GIE de Togola est co-signataire de l’ensemble de ce type de contrats. Dans les faits, c’est aussi ce GIE – et notamment Bakary Togola en personne – qui négocie en direct avec les sociétés.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : Info-Matin