Dans le cadre du Projet Partenariat pour l’Exercice d’une Gouvernance Appropriée (PEGA 5/2020-2023), le Cercle de réflexion et d’information pour la consolidation de la démocratie au Mali (CRI-2002), en partenariat avec la Coopération suisse, AFAD, Réussir la décentralisation, organise depuis hier pour deux jours, un Forum citoyen pour l’implication des autorités traditionnelles et coutumières dans le processus de refondation de l’Etat.
A travers ce Forum, il s’agit de : contribuer à poser les balises du changement politique, institutionnel, sécuritaire, sanitaire, et environnemental impliquant et responsabilisant les autorités traditionnelles et coutumières dans la refondation de l’Etat ; contribuer à poser les balises du changement de comportements des autorités traditionnelles et coutumières/autorités communales, locales, régionales, nationales/services centraux et déconcentrés de l’Etat dans la refondation de l’Etat ; contribuer à poser les balises du changement individuel des autorités traditionnelles et coutumières/ autorités communales, locales, régionales, nationales/services centraux et déconcentrés de l’Etat dans la refondation de l’Etat.
Le présent Forum est émaillé de trois sessions : « Expériences de Cri-2002 et du Programme Partenariat pour l’Exercice d’une Gouvernance Appropriée (PEGA) sur l’implication et la responsabilisation des autorités traditionnelles et coutumières dans la gouvernance » ; « la refondation de l’Etat : quels changements politiques, institutionnels, sécuritaires et sanitaires pour sa réussite ? » ; «l’implication et la responsabilisation des autorités traditionnelles et coutumières pour la refondation de l’Etat : enjeux, défis et perspectives ».
Pour les traiter, trois groupes thématiques ont été mis en place. Il s’agit de : « l’implication des autorités traditionnelles et coutumières pour la restauration de l’autorité de l’État pour la refondation de l’État » ; « l’implication des autorités traditionnelles et coutumières pour la création des richesses, la mobilisation et la valorisation des ressources et du savoir- faire local pour la refondation de l’État»; « l’implication des autorités traditionnelles et coutumières pour la dynamisation de l’économie locale et son articulation avec les questions de développement économique régional pour la refondation de l’État».
Selon le Président de CRI-2002, cette initiative citoyenne devrait avoir une plus-value certaine. En effet, en plus des valeurs affirmées dans la Constitution du 25 Février 1992 en son préambule, la Charte de la Transition consacre en son Titre II « Valeurs, principes, et missions de la Transition » , et spécifiquement en son chapitre I « Des valeurs et des principes » au total 22 valeurs et principes pour conduire la Transition : le patriotisme, l’intégrité, la probité et la dignité ; le mérité, le sens de la responsabilité et de la redevabilité ; la discipline, le civisme et la citoyenneté ; la fraternité, la tolérance et l’inclusion…
Autant de valeurs et de principes, poursuit, Dr SALL, qui requièrent l’information, la sensibilisation, la formation, l’implication, le renforcement des capacités des légitimités traditionnelles pour qu’elles soient à hauteur et à envergure de remplir par leur engagement de place et de rôle que vient de leur conférer l’État en décrétant le 11 Novembre de chaque année « Journée des légitimités traditionnelles ».
De même, les articles 9 et 16 de la Loi n°06-023 du 28 juin 2006 relative à la création et à l’administration des Villages, Fractions et Quartiers, stipulent respectivement: « Le chef de village, de fraction ou de quartier représente sa communauté auprès des pouvoirs publics. Placé sous l’autorité du Maire, il est le représentant de l’administration auprès de sa communauté » ; « le chef de village, de fraction ou de quartier veille à la mobilisation des populations, notamment à l’occasion des recensements, des campagnes de vaccination, de dépistage de maladies, de soins collectifs et de calamités. Il est, en outre, chargé de toutes autres questions que l’Administration lui confie ».
« Encore faudrait-il que les légitimités traditionnelles et coutumières aient une connaissance et une compréhension communes, partagées et acceptées du capital engrangé dans le cadre du processus de décentralisation en marche depuis 1992 », interpelle le Président de CRI-2002. D’où la nécessité d’un accompagnement accru pour leur participation, leur implication et leur responsabilisation dans la refondation de l’État.
Il avance un panel d’interrogations dont les réponses doivent ressourcer l’implication, la responsabilisation, l’autonomisation des légitimités traditionnelles et coutumières dans la refondation de l’État.
Quel cadre juridique, institutionnel, économique, social, culturel, environnemental impliquant et responsabilisant les autorités traditionnelles et coutumières mettre en place et approfondir dans : la refondation et la restauration de l’autorité de l’État, notamment dans les collectivités territoriales, les villages, les fractions, es quartiers ? La mobilisation et la valorisation des ressources, du savoir-être, du savoir-vivre, du savoir-faire local ? La dynamisation de l’économie locale et son articulation avec les questions de développement économique régional, d’emplois productifs, de création de richesses, de reconnaissance et de promotion des initiatives villageoises, communales, locales, régionales, nationales ?
Pour Dr Abdoulaye SALL, dans cette refondation de l’État du Mali, le positionnement, ou du moins, le repositionnement des légitimités traditionnelles et coutumières dépendra du plaidoyer qu’elles feront à travers de multiples accompagnements dont elles bénéficieront.
PAR BERTIN DAKOUO
Source : Info-Matin