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Audit des financements politiques par la Cour suprême : Logique de transparence ou règlement de comptes ?

L’audit du financement public des partis politiques, lancé par la Section des Comptes de la Cour Suprême pour la période 2000-2025, n’est pas un simple contrôle comptable ; il s’agit d’une initiative historique et audacieuse, qui intervient dans un contexte de transformation radicale du paysage politique malien.

La dissolution récente des partis politiques, couplée à l’abrogation de la Charte des Partis et du Statut de l’Opposition, confère à cet audit une portée exceptionnelle, le plaçant au cœur de la « refondation » nationale prônée par les autorités de la Transition.

Cet audit, qui couvre vingt-cinq ans de vie politique malienne, n’est pas un événement isolé. Il s’inscrit dans la logique de « transparence » et de « moralisation de la vie publique » affichée par le gouvernement de Transition. Faisant suite aux « Consultations Nationales » d’avril 2025 qui ont plébiscité la dissolution des partis existants et la refonte du système partisan, cette démarche répond à une exigence légitime des citoyens : savoir comment près de 2,675 milliards de FCFA (dernier versement en 2018), représentant 0,25% des recettes fiscales, ont été distribués et utilisés par les 64 partis ayant bénéficié de ces fonds.

Transparence et reddition des comptes

La Cour Suprême a sommé les anciens présidents des formations politiques désormais dissoutes de produire l’intégralité de leurs documents comptables – journaux de caisse, relevés bancaires et pièces justificatives – avant le 30 juin 2025. Un calendrier serré qui, loin d’être une entrave, démontre une ferme volonté politique. Après des décennies d’opacité, l’urgence est à l’action et la manifestation des états financiers.

Les objectifs de cet audit sont clairs et multiples : établir une traçabilité complète des fonds publics ; identifier d’éventuels détournements ou gestions frauduleuses ; restaurer la confiance entre l’État et les citoyens, souvent lésés par des pratiques douteuses ; renforcer les institutions et lutter contre les pratiques de mauvaise gestion, dans la droite ligne de la sortie du Mali de la liste grise du GAFI.

 

Des conséquences multiples : judiciaires, politiques et sociales

Les résultats de cet audit promettent des répercussions significatives sur plusieurs plans, redéfinissant profondément l’avenir politique du Mali.

Sur le plan judiciaire et légal, il est attendu des rapports d’audit et leurs conclusions. À cet effet, la Cour suprême analysera méticuleusement les documents. Les rapports détailleront l’utilisation des fonds, mettant en lumière d’éventuelles irrégularités, détournements ou non-conformités aux anciennes règles de financement des partis.

Les poursuites judiciaires ne sont pas en reste si des preuves de mauvaise gestion, d’enrichissement illicite ou de détournement de fonds publics sont avérées. Les anciens dirigeants des partis concernés pourraient faire face à la justice pour ces griefs attestés. Cela pourrait entraîner des condamnations pénales (amendes, peines de prison) et des sanctions civiles (remboursements des fonds), marquant un possible prélude à des actions en justice contre des figures de l’ancien régime.

 L’État va aussi lancer le recouvrement des fonds cédés et dissipés. Ses services concernés seront activés pour aller récupérer les fonds publics indûment utilisés ou détournés.

Au plan politique, cela va renforcer le discours de la Transition sur la prorogation des 5 ans. Dans ce sens, les révélations de l’audit serviront à justifier a posteriori la dissolution des partis politiques et l’abrogation de l’ancienne Charte. Le discours officiel s’appuiera sur ces conclusions pour argumenter que le système partisan était discrédité, légitimant les réformes radicales.

Ce discrédit jeté sur l’ancienne classe politique expose en même temps les pratiques décriées de mauvaise gestion.  Par ce l’audit, l’Etat vise à affaiblir davantage la capacité de l’ancienne élite politique à s’opposer ou à se réorganiser dans le futur paysage politique. La phrase « on demande aux morts d’assister à leurs funérailles » illustre bien le caractère symbolique et accusateur de cette démarche.

Dans cette voie, la préparation du nouveau cadre législatif devant régir les partis politiques aura à beaucoup apprendre des résultats de l’audit qui devront servir de base pour la réflexion. Les « nouvelles conditions » pour l’organisation des entités politiques au Mali seront élaborées avec des règles de financement et de gestion plus strictes et un contrôle accru des autorités. L’alignement sur les exigences de la Confédération des États du Sahel renforce cette volonté de rupture avec les anciens modèles de gouvernance.

Au plan social, la perception publique sur les événements en cours révèle une confiance renforcée d’une partie de la population dans les actions de la Transition, perçues comme une lutte concrète contre la corruption. Pour d’autres, ces événements pourraient être vus comme une « chasse aux sorcières » politiquement motivée. Mais, officiellement il s’agirait plus de satisfaire des exigences de transparence. Paradoxalement, cela correspond aux attentes du public par rapport à cet audit qui pourrait révéler in fine  les fautes de gestion et les manquements à l’éthique de transparence de ces  entités politiques.

Réactions des anciens leaders : vers une nouvelle éthique Républicaine ?

Cet audit dépasse le simple cadre technique ; il fonde une nouvelle éthique républicaine. En exigeant un compte-rendu scrupuleux de la gestion des anciens partis, le Mali pose les bases d’un système où l’argent public sera sacralisé, la transparence deviendra la norme et la confiance entre l’État et les citoyens pourra être restaurée. Ce n’est pas un « détail », mais une mesure qui concerne l’argent des contribuables, notamment les plus modestes. Il sanctionnera les abus pour en éviter la répétition et enverra un signal fort aux futures formations politiques.

Plaider contre cette démarche reviendrait à défendre un statu quo qui a appauvri le pays et discrédité la classe politique.

Les anciens leaders, bien que leurs partis soient dissous, pourraient contester les résultats, dénonçant un règlement de comptes, tandis que d’autres pourraient coopérer. Dans un Mali qui affronte des défis sécuritaires et économiques majeurs, chaque franc CFA compte. L’heure est à la rigueur contre la complaisance, à l’avenir contre les rentes du passé.

La Cour Suprême, garante de cette démarche, mérite le soutien populaire pour son indépendance affichée. La lumière des comptes publics est le premier rempart contre l’ombre de la corruption. Cet audit est un pas décisif vers un système politique plus juste et transparent, et un élément clé de l’édification d’un système politique juste et transparent, et un élément clé de l’édification d’une souveraineté retrouvée.

  1. SANOGO

Source: L’Aube

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