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ÉDITORIAL | Affaire Avion Présidentiel : L’Ancien PM Témoigne, le Peuple Juge

Le procès retentissant de l’affaire dite de « l’avion présidentiel et des équipements militaires » continue de dérouler son long fil d’ombres et de non-dits, plongeant l’opinion malienne dans les méandres d’un système étatique qui, au sommet, semblait fonctionner sans boussole claire. Vendredi 20 juin, une nouvelle séquence s’est jouée devant la juridiction compétente avec le témoignage très attendu d’un autre ancien locataire de la Primature : Oumar Tatam Ly.

Bamada.net-Apparu par visioconférence depuis l’étranger, l’homme, qui fut un temps l’espoir d’un Mali à reconstruire, a prêté serment pour, dit-il, « ne dire rien que la vérité ». Mais ce qu’il a livré à la barre relève moins du témoignage technique que du constat politique d’un exécutif fragmenté, voire fracturé. Son récit donne froid dans le dos : un Premier ministre tenu à l’écart de décisions majeures, des ministres agissant à leur guise et un Président de la République, feu Ibrahim Boubacar Kéïta, naviguant visiblement en solo sur des dossiers d’importance capitale.

Un chef du gouvernement… sans gouvernail ?

À l’en croire, l’ancien Premier ministre n’aurait eu qu’un rôle secondaire, presque décoratif, dans l’affaire de l’acquisition controversée de l’avion présidentiel. Il confirme certes avoir été informé de l’intention présidentielle d’acquérir un aéronef, mais affirme avec insistance n’avoir donné « aucune instruction », ni exercé la moindre supervision sur la transaction. Pire, il précise que le mode d’achat – en l’occurrence, un achat direct plutôt que le système « localisation-vente » préconisé par les règles de bonne gouvernance – fut une décision exclusive d’IBK lui-même.

Cette déclaration relance une question brûlante : comment un Premier ministre peut-il être marginalisé à ce point sur un dossier aussi stratégique ? Comment comprendre qu’il n’ait pas exigé des comptes ou formellement désapprouvé une telle procédure s’il en contestait la légitimité ? Le silence ou la passivité n’équivaut-il pas, en gouvernance, à une forme de complicité tacite ?

L’affaire des équipements militaires : entre ignorance et déni

Sur le deuxième volet de l’affaire, relatif à l’acquisition d’équipements militaires, Oumar Tatam Ly est encore plus catégorique. Il soutient n’avoir été ni consulté, ni informé de l’existence de ces opérations. « J’ai appris cette affaire dans la presse », dit-il. Des propos qui pourraient prêter à sourire si l’on n’était pas en train de juger une affaire ayant coûté plusieurs dizaines de milliards au contribuable malien.

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Et pourtant, des éléments apportés par l’ex-ministre de l’Économie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko, viennent jeter une lumière contradictoire sur ce témoignage. Selon elle, des correspondances existent bel et bien entre Oumar Tatam Ly et le ministre délégué chargé du Budget. « Ces documents, je les verse dans le dossier, et la Cour appréciera », a-t-elle déclaré, manifestement décidée à ne pas endosser seule la charge de la décision.

Une équipe gouvernementale désunie et une démission inévitable

Le tableau ainsi dressé par Oumar Tatam Ly est celui d’un gouvernement en lambeaux, miné par les ego, les zones d’influence, et surtout par l’absence de leadership assumé. Il évoque une équipe où certains ministres « défiaient son autorité », où les décisions se prenaient en marge du chef du gouvernement. Ce climat délétère serait, selon lui, l’une des raisons profondes de sa démission de la Primature. Ce constat interpelle, surtout dans un État où la responsabilité hiérarchique devrait primer.

Dans un pays en reconstruction après une crise multiforme, le désordre institutionnel n’est pas une option. Il est donc troublant, voire inquiétant, de constater que les plus hautes sphères du pouvoir aient pu fonctionner sans coordination ni transparence sur des dossiers aussi sensibles que la défense nationale ou la souveraineté présidentielle.

L’heure de vérité : justice ou désaveu collectif ?

Ce procès ne doit pas se résumer à un simple règlement de comptes entre anciens dignitaires. Il s’agit d’une occasion unique pour la justice malienne de démontrer son indépendance, mais aussi pour la société malienne de réfléchir à l’avenir de sa gouvernance. Que ce soit Oumar Tatam Ly, Moussa Mara ou Bouaré Fily Sissoko, tous ces noms sont associés à un pan de l’histoire récente du Mali. Le peuple mérite de savoir qui a fait quoi, qui savait quoi, et surtout, pourquoi ces dérapages ont été possibles.

À Bamada.net, nous tenons à rappeler que défendre la justice, ce n’est pas chercher des boucs émissaires à tout prix, mais exiger que chacun assume ses responsabilités, sans exception. L’heure est venue pour la vérité de jaillir, pour que plus jamais le Mali ne soit la victime silencieuse des dérives de ses élites.

 

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MLS

 

Source: Bamada.net

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