Les temps sont à la sauvagerie. Les tueries dans nos rues prouvent que la bestialité de l’être humain est endémique.
A-t-on jamais vu un chien manger un autre chien? Et pourtant, dans nos villes et campagnes, l’Homme retrouve cycliquement son animalité. Ôter la vie devient un jeu macabre et en diffuser les images une pratique mortifère comme si on retombait dans une barbarie de mauvais goût.
De là cette phrase souvent reprise et qui résonne encore comme une sentence : « le barbare, c’est celui qui croit à la barbarie ». Par quoi il faut comprendre que la barbarie consiste à priver l’autre homme de son humanité en l’assimilant à une bête et en le traitant alors comme une bête. Mais qu’est-ce qui est choquant, au juste, dans cette attitude : est-ce le fait de nier la dignité spécifique d’un homme en le rabaissant à la vulgaire condition d’un animal ? Ou est-ce le fait de se servir de l’Animalité comme d’un repoussoir et de traiter l’animal comme le lieu symbolique de toutes les infâmies ?
Dans notre société, nous assistons à une banalisation de la violence et une dangereuse intolérance. En effet, une banalisation de la violence verbale s’instaure et se propage désormais dans l’espace public (transports en commun, établissements scolaires, monde du travail, médias, réseaux sociaux…), elle concerne donc aussi bien les enfants que les adultes, les élus ou les citoyens avec la particularité de pouvoir en être successivement l’auteur et la victime.
La violence est partout : sur nos écrans, à l’école, au travail, dans la rue, à la maison et dans chaque endroit où nous avons pris l’habitude de prendre des nouvelles du monde. Nos enfants la subissent sans que nous nous en rendions compte. Pourquoi cette montée exponentielle de la violence ? Comment la gérer au quotidien et remettre de la civilité dans nos rapports ? Allons-nous demeurer de simples spectateurs ou allons-nous enfin nous décider à réagir ?
Il est temps, grand temps que nous retrouvions ce qui a fait de nous une Nation unie et solidaire. Notre société est malade, très malade même. Le voyeurisme ambiant qui se propage n’est pas fait pour arranger les choses. Nous devons retrouver ce qui nous unit, ces valeurs comme l’honneur, le respect, le pardon, la dignité, l’amour de son prochain et la sacralité de la vie humaine.
Soyons des repères et des anges gardiens pour nos enfants. Ne laissons pas la rue faire d’eux des monstres et les réseaux sociaux les transformer en de dangereux sociopathes. Ne banalisons pas la montée de la violence et ne nous voilons pas la face. Parce que chaque enfant est le fruit de sa famille, faisons que nos familles soient des modèles d’éducation. La violence consume à petit feu et notre société se consume. Que notre humanisme puisse faire taire notre bestialité. Seydou Badian Kouyaté disait que « celui qui prend pour racines le passé aura pour feuillage l’avenir ». Retrouvons nos racines pendant qu’il est encore temps !
Salif SANOGO
Source: L’Aube