La Coalition des alternatives, dettes et développement (CAD-Mali) et la Convergence contre l’accaparement des terres (CMAT), ont lancé, hier mardi, au Musée national, la campagne: «Stop aux accaparements des terres».
La cérémonie de lancement qui a été suivie d’une conférence de presse a été l’occasion pour les initiateurs de faire le point de la situation et de dévoiler les mécanismes prévus pour le respect des droits des victimes de ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur.
La cérémonie présidée par le représentant du ministre du Développement rural, M. DIARRA, a enregistré la présence du secrétaire général de la CAD-Mali, Issa KAMISSOKO; le directeur exécutif, Souleymane DEMBELE; et le chargé à la communication, Moussa COULIBALY. Le président de la CMAT Soungalo KONE était également au rendez-vous.
Selon le secrétaire général, la campagne contre l’accaparement des terres est un partie intégrante du programme triennal de la CAD, dénommé «Action citoyennes des constructions d’opinion publiques, d’alternatives et de mobilisations populaires contre les endettements et les violations des droits humains».
Pour mener à bien ces actions publiques et citoyennes, la CAD a réalisé une étude qui établit dans la région de Ségou, une situation de référence des victimes de violation des droits liés à l’accès à la terre.
Selon lui, la terre constitue la principale ressource dont dépendent les petits producteurs ruraux pour produire la nourriture nécessaire à leur propre subsistance, mais également pour nourrir une population urbaine en progression constante.
Malheureusement, cette ressource subit une pression de plus en plus forte due à la combinaison de plusieurs facteurs dont la dégradation continue des terres les plus fertiles, la croissance démographique qui s’accompagne d’une demande en produits agricoles de plus en plus importante, l’empiétement des villes sur les terroirs ruraux contigus, l’émergence de la culture des biocarburants très gourmande en superficies agricoles et l’accroissement de la demande de produits alimentaires des pays émergents.
La ruée soudaine vers la terre s’accompagne souvent de vives tensions et parfois même de violents conflits dans le pays, a indiqué M. KAMISSOKO.
A titre illustratif, en 2010, dans une note, la Banque mondiale soulignait que 45 millions d’hectares de terres ont fait l’objet de transactions au cours de l’année 2009.
La situation a de préoccupante, qu’elle met dangereusement en péril la sécurité et la souveraineté alimentaire des pays ciblés dont le Mali et un danger pour la survie des exploitations familiales, socles de l’agriculture durable.
La conséquence du phénomène est que les paysans deviennent, de plus en plus des ‘’ouvriers agricoles’’, a-t-il regretté.
Le représentant du ministère du Développement rural a, au nom, de son ministre, salué cette démarche de la CAD-Mali. Le gouvernement est, selon lui, conscient de la question d’accaparement des terres au Mali qui est aussi une préoccupation du président de la République. En témoins, les débats sur le foncier lors de récents États généraux de la décentralisation.
«le droit à la terre, garant du droit «à la vie et du vivre ensemble» est l’un des droits fondamentaux de l’homme reconnu par tous les États respectueux de la Charte et conventions des Nations unies», a-t-il martelé.
Le représentant du ministre a indiqué que les recommandations et les stratégies qui résulteront de la campagne, seront d’un apport considérable pour le gouvernement dans la redéfinition de ses orientations stratégiques en matière de politique de gestion des terres qui, il faut le dire et insister, font l’objet de beaucoup de convoitises voire même un déterminant de la géopolitique internationale.
La cérémonie de lancement a enregistré aussi le témoignage d’une habitante de Sanamadougou, en zone office du Niger, d’un ressortissant des sept villages de San et d’un ressortissant de Sansanding (Ségou). Les habitants de ces trois villages ont en commun d’avoir été chassés de leurs de culture parce qu’elles étaient convoitées par des multinationales, depuis au moins trois ans. Ils sont devenus, depuis, des ouvriers sur leurs propres terres, nous a-t-on expliqué.
Moussa COULIBALY a souligné que pour mieux faire entendre la voix des victimes de l’accaparement des terres, certaines organisations de la société civile se sont mises en convergence (CMAT) . Elle est composée de l’AOPP, la CAD-Mali, la CNOP, la LJDH et l’UACDDDD / No vox.
Selon M. COULIBALY beaucoup d’avancées ont été enregistrées par la CMAT, notamment, la réalisation d’une étude qui établit dans la région de Ségou, une situation de référence des victimes de violation de droits liés à l’accès à la terre; un ‘’Vestibule’’ d’écoute des paysans est fonctionnel, depuis quelques mois, au cœur de la zone Office du Niger, à Niono et dont l’inauguration officielle interviendra demain 20 novembre 2013.
Le ‘’Vestibule’’ envisage, entre autres, organisation de 10 séances de plaidoyer avec les groupes et réseaux parlementaires, avec 14 Conseils de cercles, 3 Conseils régionaux, sur la dette, le financement public de l’agriculture et l’amélioration des conditions de vie du monde paysan; la confection d’outils pédagogiques de plaidoyer (audio, mallette; sketch) sur l’accaparement des terres; l’organisation de trois sessions de formation sur les politiques agricoles et commerciales; l’organisation pour 60 leaders paysans de 2 sessions de mobilisation citoyenne et d’élaboration de charte sur les droits des communautés à la souveraineté alimentaire – l’organisation des espaces d’interpellation sur le Foncier rural au niveau de l’Assemblée nationale/Parlement, etc.
La CAD, selon son directeur exécutif, en partenariat avec la CMAT envisage de restituer au moins 80% de ces terres qui ont fait l’objet d’enquête et de recensement à leur propriétaire, d’ici à la fin 2014.
Pour aboutir à cet objectif, il fonde son espoir sur la volonté politique exprimée par le président de la République, les activités de plaidoyer qui seront menées.
Par Sidi DAO
Source: Info-Matin