Du 11 au 16 avril 2017, s’est tenue à Santiago de Cuba la XVIe Conférence internationale de la culture africaine et afro-caribéenne, traditionnelle rencontre de l’Afrique avec Cuba, de l’Afrique avec les Caraïbes. Et notre pays, le Mali, y était à l’honneur.

Fondée en 1514 par Diego Velázquez de Cuellar, Santiago de Cuba, une ville chargée d’histoire et de symboles, est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1997. Elle fut, en 1898, le théâtre de la bataille décisive qui mena Cuba vers son indépendance. Chef-lieu de l’ancienne province d’Oriente jusqu’en 1976, année où Cuba fut découpée en 14 nouvelles provinces, la ville garde son statut de deuxième plus grande ville du pays comptant quelque 500 000 habitants.
C’est à Santiago que Fidel CASTRO lança, le 26 juillet 1953, l’attaque contre la caserne de la Moncada,  la deuxième plus importante forteresse de Cuba, à la tête d’un groupe de jeunes combattants.
L’Ambassadeur, S.E.M. Abdoul Kader TOURÉ et le Conseiller Culturel, Moussa SY y étaient présents.
Organisée par le Centre Culturel Africain « Fernando Ortiz » , dirigé par Martha CORDIEZ ; la Chaire «Rómulo Lachatañeré» des Études Afro-caribéennes ; la Direction Provinciale de la Culture ; la Direction des Relations Internationales de l’Institut Cubain d’Amitié avec les Peuples (ICAP) ; le Centre de Linguistique Appliquée ; l’Université d’Oriente et la Chaire de I’UNESCO sur les études afro-ibéro-américaines de I’Université d’Alcalá, cette XVIème Conférence a vu la participation du Corps diplomatique africain, de chercheurs en sciences sociales, d’artistes plasticiens, de cinéastes, de musiciens, de chorégraphes et danseurs, de prêtres et adeptes des religions traditionnelles africaines.
Plusieurs thèmes ont été débattus. On peut citer entre autres : les africains et les afro-descendants dans le Nouveau Monde ; le multiculturalisme ; la transculturation ; les relations politico–culturelles entre l’Afrique et les peuples de l’Amérique et des Caraïbes ; la Diaspora africaine dans la Caraïbe ; les problèmes actuels du continent africain dans le domaine de la culture.
La délégation du Mali a pris part à une exposition consacrée au Mali par les élèves de l’école primaire Clodomira ; à la visite sur la tombe de Fidel CASTRO au cimetière de Santa Ifigenia et au dépôt d’une couronne de fleurs à la Place de la Révolution Antonio Maceo ; au panel des Ambassadeurs autour de thèmes sur le terrorisme, la jeunesse, les trafics, la pauvreté, les relations culturelles entre Cuba et l’Afrique, l’insécurité dans la bande sahélo-saharienne, entre autres.
Le Mali était à l’honneur, cet après-midi du 11 avril 2017, d’abord par cette exposition de dessins des enfants de l’École Clodomira sur le Mali, avec un montage poétique suivi de la lecture de messages des enfants en direction des écoliers maliens, messages que S.E.M. l’Ambassadeur TOURÉ a promis de transmettre fidèlement aux scolaires maliens, après avoir procédé à la remise de prix aux lauréats du concours de dessins et de lettres à leurs « amis » maliens. Ce fut aussi l’occasion de rencontrer un groupe de coopérants cubains qui ont déjà servi au Mali.
L’Ambassadeur a profité de cette occasion pour offrir une Kora à la Casa de Africa.
Pour coller à l’événement de l’année à Cuba, i.e. la mort de Fidel CASTRO, l’Ambassadeur du Mali a été désigné pour préparer et présenter une communication sur « Fidel et l’Afrique, Fidel et les dirigeants africains » à l’occasion de l’ouverture de l’exposition photo sur Cuba et l’Afrique, ce mardi 11 avril 2017 à la Casa de Africa. L’Ambassadeur TOURE a tenu en haleine l’assistance par un exposé que tous les participants ont jugé de belle facture.
L’Ambassadeur a tout d’abord salué et remercié tous les participants au nom de ses collègues du Corps diplomatique africain. Il a salué et remercié les autorités et les populations de Santiago de Cuba, ville qui était, selon lui, il y a quelques années, la ville malienne de Cuba par excellence, avec la centaine d’étudiants maliens qui y ont vécu et étudié.
Parlant de Fidel CASTRO, l’Ambassadeur a parlé de l’icône, de la légende qui, déjà en 1960, année des indépendances africaines, déclarait : « Nous ne sommes pas seulement un pays latino-américain, mais aussi un pays latino-africain … car le sang africain coule abondamment dans nos veines.»
Rappelant la longue histoire qui lie Cuba à l’Afrique, depuis 1513, année de l’arrivée des premiers esclaves africains, deux petites années après celle des colonisateurs espagnols, il a souligné : « pour l’Afrique et les Africains, Fidel symbolise toute une génération d’hommes qui s’est dressée face à la puissance des empires coloniaux ».
Dans son combat contre l’injustice, Fidel Castro a littéralement enflammé la scène internationale et l’Afrique en particulier a été le lieu privilégié de ce combat qu’il a mené avec talent, autorité morale et charisme. La postérité, aux dires de l’Ambassadeur, retiendra que si un homme a radicalement changé l’histoire de l’Afrique, c’est bien lui Fidel.
S.E.M. TOURE a aussi rappelé que Fidel CASTRO fut d’un soutien inestimable pour les pères des indépendances africaines et pour tous les révolutionnaires africains : Patrice LUMUMBA, Modibo KEITA, Ahmed Sékou TOURE, Ahmed Ben BELLA, Gamal Abdel NASSER, Kwame N’KRUMAH, Julius NYERERE, Samora MACHEL, Amílcar CABRAL, Agostino NETO. Il a ajouté Thomas SANKARA, sans oublier les héros de la lutte anti-apartheid Sam NUJOMA et Nelson MANDELA.
En tirant sa révérence le 26 novembre 2016, « El Comandante » a laissé un vide ressenti comme une grande perte. Celle d’un ami, d’un frère, d’un compagnon de lutte, d’un modèle. Sa popularité exceptionnelle en Afrique et dans les pays du Tiers monde a consacré le succès planétaire de la Révolution cubaine. Ici même il a été un modèle de dévouement à son peuple qui n’a jamais failli dans son obsession de faire de Cuba un pays indépendant, ancré dans la souveraineté pour défendre les intérêts vitaux de la nation. « Nous savons que El Comandante est en chacun de nous, en chaque Cubain et en chaque Cubaine et qu’il n’est pas mort, parce que les grands hommes ne meurent pas », a dit l’Ambassadeur.
S.E.M. Abdoul Kader TOURÉ a conclu en rappelant qu’en juillet 1991, le Président Nelson MANDELA effectuant une visite à La Havane venait aussi «au nom de toute l’Afrique libre, saluer et rendre hommage au héros consensuel de tous les damnés de la terre ».

Moussa SY
Le Conseiller Culturel du Mali

Source: info-matin