La cheffe de la diplomatie allemande, Annalena BAERBOCK, a réaffirmé ce mercredi la ferme position de son pays contre la coopération entre le Mali et les mercenaires russes dans le cadre du rétablissement de la sécurité dans notre pays. De son côté, tout en niant la présence de ce groupe, le ministre Abdoulaye DIOP a indiqué au partenaire de respecter le Mali dans ses choix qui se bat pour sa survie.
Ce mercredi 13 avril 2022, le président de la Transition, le Colonel Assimi GOÏTA, a accordé une audience à une forte délégation venue de la République fédérale d’Allemagne. Elle était conduite par la ministre allemande des Affaires étrangères, Madame Annalena BAERBOCK. Cette visite d’amitié et de travail avait pour objectif de réitérer l’engagement de l’Allemagne auprès de la République du Mali, notamment sur le volet de la MINUSMA.
« Nous venons d’avoir un entretien avec le président malien de la Transition dans une situation très complexe où de nombreuses crises s’ajoutent dans le pays : le dérèglement climatique, la sécurité alimentaire qui est menacée depuis des années, le changement climatique, l’accès à l’eau, à l’éducation, à la formation », a confié à la presse, la ministre allemande, à sa sortie d’audience.
Selon Madame BAERBOCK, l’Allemagne ne va pas rompre sa coopération avec le pays, mais mettra plutôt un terme à la mission de formation de l’Union européenne au Mali (EUTM) au profit des Forces armées maliennes. Mais la coopération entre les deux pays se poursuivra sur le volet de la MINUSMA.
« Le Sahel et surtout le Mali ne peut être stable si les élections ne sont pas constamment reportées et surtout s’il ne collabore pas avec les éléments russes en ce qui concerne la situation sécuritaire », a-t-elle indiqué.
Dans ces conditions, soutient-elle, il est évident que la Mission EUTM ne peut pas se poursuivre, c’est pourquoi l’Union européenne a décidé d’arrêter la formation pour les soldats maliens parce qu’il n’y a pas de « démarcation d’avec les forces russes», a-t-elle insisté.
Aussi, elle a indiqué que son pays a besoin d’un engagement clair en faveur de la démocratisation et d’élection afin de pouvoir mettre en place la coopération future.
Abordant les discussions avec la CEDEAO, elle a relevé qu’une feuille est déjà en préparation et ensemble ils ont discuté de la façon dont celle-ci doit être rapidement mise en place.
« Je vois très clairement que les élections ne peuvent être organisées et de manière judicieuse que si la grande majorité de ce pays peut voter et que la situation en matière de sécurité n’est telle que la majeure partie des gens ne puisse pas voter », a affirmé la cheffe de la diplomatie allemande.
Par ailleurs, elle a indiqué qu’il ne suffit pas de présenter une feuille de route pour les réformes, mais il faut aussi avancer dans les réformes. Cela vaut en particulier pour la lutte contre la corruption et pour les questions de justice et d’impunité.
« Ça fait 60 ans que l’Allemagne et le Mali coopèrent. L’Allemagne a été le premier pays à reconnaître l’indépendance du Mali. Nous avons donc une responsabilité particulière pour le bien-être de la population malienne. […] Nous allons continuer à coopérer dans un esprit d’amitié, de partenariat et de façon vraiment étroite», a rassuré la diplomate allemande.
Son homologue malien, Abdoulaye DIOP, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a apprécié cette démarche de la République fédérale d’Allemagne qui, selon les précisions du diplomate malien, est venue « pour s’informer d’abord de la situation et pour pouvoir faire ensuite des évaluations en vue de prendre un certain nombre de décisions notamment au niveau du gouvernement et du Bundestag ».
Le ministre DIOP a réitéré la disponibilité des autorités maliennes de la Transition à travailler avec « l’ensemble de ses partenaires, y compris l’Allemagne, la Russie, la Chine, les États-Unis. L’ensemble de ses partenaires qui souhaitent lui donner la main pour pouvoir travailler avec lui ».
S’agissant de l’arrêt des formations de l’EUTM, le ministre DIOP a indiqué que le Mali a pris note de « la décision» et qu’il la respecte.
Quant à la question du groupe Wagner au cœur de la brouille entre le Mali et l’UE, le ministre DIOP a encore une fois de plus nié d’avoir fait appel à des mercenaires russes de la société Wagner.
« Le Mali a une coopération d’État à État avec la Russie et une coopération de long terme. Je pense qu’il ne faut pas aussi confondre les choses. Le Mali est un petit pays qui se bat pour sa survie. C’est un pays qui cherche à s’affirmer pour pouvoir assurer sa sécurité et installer un processus démocratique », a déclaré le ministre de la Coopération internationale du Mali.
Il estime cependant que le Mali est en train de subir les conséquences de guerre d’influence entre la Russie et les puissances européennes.
« Je pense qu’il ne faut pas faire trop d’amalgame à ce niveau. La situation du Mali est la situation du Mali. Nous souhaitons que chaque partenaire respecte le choix du Mali. Le Mali fait ses choix en fonction de ses préoccupations. Comme l’Allemagne fait des choix en fonction de sa préoccupation », a clarifié avant de rappeler la situation sécuritaire complexe du pays
Par Abdoulaye OUATTARA
SIKOU BAH
Source : Info-Matin