Trois jours après la reconquête de la ville au terme d’une contre-offensive fulgurante, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, s’est rendu, mercredi 14 septembre, à Izioum. La main sur le cœur en chantant l’hymne national ukrainien, il a assisté au lever du drapeau sur le bâtiment calciné de la mairie. « Je veux vous remercier, a déclaré M. Zelensky aux soldats qui ont libéré Izioum et la région de Kharkiv après six mois d’occupation militaire russe, d’avoir sauvé notre peuple, nos cœurs, nos enfants et notre avenir. »
C’est la cinquième visite hors de Kiev du président ukrainien, qui communique principalement avec ses concitoyens, depuis le déclenchement de la guerre, le 24 février, par un message vidéo posté chaque soir sur les réseaux sociaux. Il s’est d’abord rendu à Boutcha (banlieue de Kiev), le 4 avril, pour marquer les cinq semaines de résistance acharnée de la capitale ukrainienne et honorer les victimes des crimes de guerre perpétrés par l’armée russe dans les faubourgs occupés. Le 29 mai, le président est allé à Kharkiv, où une contre-offensive ukrainienne enregistrait des premiers succès limités. Il s’est ensuite arrêté sur les fronts du Donbass de Lyssytchansk et de Soledar, le 5 juin, à l’un des moments les plus rudes du conflit, ainsi qu’à Zaporijia pour rendre visite aux réfugiés de Marioupol, conquise. Après Odessa et Mykolaïv (18 juin), dans ce Sud si stratégique pour l’Ukraine, la visite de mercredi à Kharkiv et à Izioum est, elle, d’une autre nature : elle marque la première victoire militaire éclatante de l’armée ukrainienne.
En six jours, du 6 au 11 septembre, l’armée russe a été par endroits décimée, et à d’autres a dû fuir dans la précipitation. Au-delà d’Izioum, ville essentielle pour l’organisation du dispositif russe, c’est toute une région, celle de Kharkiv, qui a été gagnée sur les forces ennemies en quelques jours. Pour Moscou, c’est un nouvel échec cuisant après sa défaite autour de Kiev (en avril) et son incapacité à renverser M. Zelensky et son gouvernement, ainsi que ses revers initiaux autour de Kharkiv. Mais cette fois-ci s’est ajouté un vent de panique qui a permis aux forces ukrainiennes de conquérir des milliers de kilomètres carrés, de tuer ou de faire prisonniers au minimum des centaines de soldats russes, et de capturer des tanks et des véhicules blindés, des canons de défense antiaérienne, des systèmes de guerre électroniques, ainsi que des caisses d’obus et de munitions en quantité importante. Un vent de panique tel qu’il a eu cette fois un écho jusqu’à Moscou, y compris sur des chaînes de télévision publiques, pourtant étroitement contrôlées.
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