Pour sa première visite à l’étranger depuis janvier 2020, le président chinois, Xi Jinping, a choisi de se rendre en Asie centrale. D’abord au Kazakhstan – là où il avait lancé le grand projet d’infrastructures des « nouvelles routes de la soie » en 2013 – puis en Ouzbékistan, où il participe les 15 et 16 septembre à un sommet de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS), à Samarcande. Il devrait y rencontrer jeudi, selon le Kremlin, le président russe, Vladimir Poutine.
Les deux dirigeants se sont téléphoné mais ne se sont pas rencontrés depuis le lancement de « l’opération militaire spéciale » russe en Ukraine, le 24 février. Mais, quelques jours plus tôt, le 4 février, ils avaient signé à Pékin un important accord stratégique insistant sur la coopération « sans limite » entre leurs deux pays. On ignore si Vladimir Poutine avait alors discuté avec Xi Jinping de son intention d’envahir l’Ukraine. « Quand la Russie a déclenché la guerre contre l’UKraine, elle n’a pris en compte ni les intérêts ni les réactions de Pékin, pas plus que des autres pays, et par conséquent n’a pas fondé ses actions sur le soutien des uns ou des autres », estime Temur Umarov, spécialiste des relations sino-russes et de l’Asie centrale à la Fondation Carnegie de Moscou.
Aujourd’hui, Vladimir Poutine attend de son homologue chinois un soutien non pas tant dans les actes que dans le discours. « La Russie tente de pousser la Chine à s’installer dans un discours de confrontation contre l’Occident (…). Ce que Poutine attend du sommet de Samarcande, c’est un soutien plus franc dans la rhétorique de Pékin contre l’hégémonie globale des Etats-Unis », poursuit l’analyste.
Relations « amicales » et « normales » avec Moscou »
Depuis le 24 février, la Chine partage la lecture du conflit que promeut Moscou, consistant à avancer que l’origine du conflit provient de l’extension de l’OTAN en Europe centrale. Toutefois, si Pékin condamne les sanctions occidentales, elle ne les viole pas. Dans un éditorial paru le 14 septembre, le quotidien chinois Global Times explique que « la Chine n’a jamais été impliquée dans le conflit Russie-Ukraine », qu’elle a « toujours été en faveur du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de tous les pays », écrit ce journal, reflétant la position du parti.
Dans le China Daily, organe officiel du Parti communiste chinois en langue anglaise, Xu Wenrong, membre de l’Académie des sciences, insiste, jeudi, sur la « neutralité » de la Chine et affirme que Pékin « exprime sa sympathie pour les victimes du conflit et a fourni de l’aide matérielle à l’Ukraine pour aider à surmonter la crise qu’il affronte ». L’auteur rappelle toutefois l’importance pour Pékin d’avoir de bonnes relations avec la Russie, un voisin avec lequel la Chine partage 4 300 kilomètres de frontières et évoque des relations certes « amicales » mais aussi « normales » avec Moscou, loin de toute envolée lyrique.
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