Le patron du VIIe Congrès des dirigeants des religions mondiales et traditionnelles, qui s’est ouvert pour deux jours, mercredi 14 septembre, à Noursoultan, au Kazakhstan, en présence du pape François, n’est pas un religieux. C’est le président du pays, Kassym-Jomart Tokaïev. Le successeur de Noursoultan Nazarbaïev – le premier président du Kazakhstan indépendant, qui a inventé ce congrès triennal – a choisi les participants, prononcé le premier discours, distribué des médailles. Et recueilli les félicitations des participants pour sa contribution à une meilleure entente entre les différentes traditions et cultures.
Autour de l’immense table ronde du palais de l’indépendance, rappelant, en plus grande, celle du Conseil de sécurité des Nations unies, quatre-vingts représentants des principales religions, dont une demi-douzaine de femmes, étaient conviés à disserter sur leur rôle après la pandémie de Covid-19.
Comme annoncé fin août par le patriarcat de Moscou, il manquait Kirill, le chef de l’Eglise orthodoxe russe, avec qui le pape François espérait parler de la guerre en Ukraine, que soutient le patriarche. Mais le Kazakhstan appartient à sa « juridiction » orthodoxe et compte un quart de Russes ethniques. Kirill ne pouvait donc être complètement absent : il s’est fait représenter par le nouveau président du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou, le métropolite Antoine. Réticent envers l’offensive russe, son prédécesseur, Hilarion, a été évincé avant l’été.
Si le mot « Ukraine » n’a pas été prononcé lors de cette rencontre, il est clair que la guerre déclenchée par la Russie constituait le sous-texte de certaines interventions. Le métropolite Antoine a lu le bref texte que lui avait confié son chef. Celui-ci y a attribué « les problèmes alimentaires, énergétiques et économiques » actuels aux « tentatives de construire un monde sans référence aux valeurs morales ». Ces « tentatives » ont, selon lui, « conduit non seulement à une perte de la notion de justice dans les relations internationales, mais aussi à des confrontations violentes, à des conflits militaires et à la propagation du terrorisme et de l’extrémisme dans diverses parties du monde ».
De fait, après le 24 février, le patriarche a d’emblée dit que la guerre en Ukraine avait la dimension « métaphysique » d’un combat contre « les forces du mal » qui conduisaient, par exemple, les pays occidentaux à accepter les Gay Prides. « La voie de la dictature, de la rivalité et de la confrontation choisie par certains des dirigeants de ce monde conduit l’humanité à la ruine, a-t-il encore dit dans l’intervention lue par Antoine, en ne visant à l’évidence pas Vladimir Poutine. Dans de telles circonstances, seule la foi est capable de [ramener] les gens sur la voie du dialogue et de la coopération, car, dans les religions traditionnelles, les principes moraux fondamentaux de l’existence humaine restent inébranlables. »
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Source: Le Monde