L’influence et la violence religieuse de l’Etat islamique perdurent dans ce camp en Syrie, où les déplacés des dernières batailles sont mélangés aux familles des djihadistes. Plus de 70 % de la population a moins de 12 ans.
Des centaines de femmes vêtues de longues abayas noires qui leur cachent le visage, accompagnées de leurs enfants, dont des fillettes voilées de la tête aux pieds, ont été réunies sur la place principale de l’Annexe, la section réservée aux djihadistes étrangères dans le camp d’Al-Hol, dans le nord-est de la Syrie, lundi 12 septembre.
Des forces antiémeute les encerclent, menaçant d’un bâton les garçons qui les provoquent en leur jetant des graviers. La peur est palpable dans les rangs des forces kurdes. Comme un seul homme, des dizaines de femmes lèvent soudain le doigt en l’air aux cris de « l’Etat islamique restera ». Les soldats se raidissent. Une garde des YPJ, les Unités de protection de la femme au sein des Forces démocratiques syriennes (FDS, à dominante kurde), fait un tir de sommation. Deux véhicules blindés se positionnent, menaçant les femmes de leurs mitrailleuses.
« Al-Hol est un minicalifat. Le système de l’Etat islamique y est toujours mis en œuvre pour former une nouvelle génération et attirer des recrues », avertit Newroz Ahmed, une membre de la direction des FDS. Depuis le 25 août, plus de 4 000 membres des FDS sont mobilisés dans le cadre d’une opération de sécurisation lancée dans le camp où les déplacés de la bataille contre l’organisation Etat islamique (EI) sont mélangés aux familles des djihadistes arrêtés lors de la défaite du groupe, à Baghouz, en 2019. Les habitants du camp sont enregistrés et leurs tentes fouillées, à la fois dans l’Annexe, qui accueille plus de 8 000 femmes et enfants de 57 nationalités différentes, et dans les sections où sont enfermés plus de 18 000 Syriens et 28 000 Irakiens.
Source: Le Monde