Une députée qui arrache la perruque d’une autre au milieu d’un échange de coups ; Barthélémy Dias, maire de Dakar et candidat au perchoir, qui s’empare brutalement du micro d’un orateur dans un concert d’insultes ; Guy Marius Sagna, un autre opposant connu pour ses coups d’éclat, qui tente de s’emparer de l’urne recevant les votes pour l’élection du président de l’Assemblée nationale, avant de se faire empoigner par un escadron de gendarmerie déployé au sein même de l’hémicycle… La rentrée parlementaire au Sénégal, lundi 12 septembre, a très probablement donné le ton des dix-huit prochains mois qui attendent Macky Sall et son gouvernement.
Au cours de ses dix premières années de présidence, le chef de l’Etat avait pu diriger sans pression majeure, fort d’une écrasante majorité à l’Assemblée nationale (124 des 165 sièges dans la précédente), constituée pour bonne part de tous ceux qui l’ont progressivement rallié depuis son élection en 2012. Les législatives du 31 juillet l’ont privé de cette aisance et si l’opposition n’est pas arrivée à lui imposer la cohabitation qu’elle espérait, la journée d’ouverture de cette nouvelle législature a laissé entrevoir le champ de mines qui se dessine devant lui.
L’exécutif n’aura plus la même marge de manœuvre pour voter ses projets de lois ou lever l’immunité d’un adversaire
Afin d’obtenir la majorité absolue et faire élire son candidat au perchoir, Benno Bokk Yakaar (BBY), la mouvance présidentielle, qui n’a désormais plus que 82 députés, a pu compter sur le ralliement d’un député indépendant, Pape Diop, et sur les divisions de l’inter-coalition de l’opposition, Yewwi Askan Wi/Wallu Sénégal, qui a présenté trois candidats pour finalement boycotter le vote. Il apparaît cependant désormais évident que l’exécutif n’aura plus la même marge de manœuvre pour voter ses projets de lois, lever l’immunité d’un adversaire – comme cela avait été le cas pour l’ex-maire de Dakar Khalifa Sall en 2017 et pour Ousmane Sonko, la figure montante de l’opposition, en 2021 – ou éviter des enquêtes parlementaires.
« Il y a un vrai risque de paralysie »
« Le chaos de cette rentrée était prévisible après les tensions observées lors des dernières élections. Le premier défi du pouvoir est maintenant d’éloigner l’opposition des commandes de l’Assemblée, car il y a un vrai risque de paralysie jusqu’à la fin du mandat de Macky Sall, alors que le vote de lois organiques requiert une majorité des trois cinquièmes », indique un observateur étranger sur place.
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Source: Le Monde