Les responsables du Haut conseil islamique du Mali (HCIM) étaient face à la presse, ce dimanche 16 juin 2019, au siège de l’organisation à l’ACI 2000. Au cœur des échanges avec les hommes de médias, la situation sécuritaire préoccupante au centre du pays. Il a aussi été question de solidarité avec les victimes de cette violence communautaire ainsi qu’à tous ceux qui sont victimes d’inondation.
Cette conférence de presse était animée par le président de HCIM, le Chérif Ousmane Madani HAIDARA, qui avait à ses côtés les membres du Comité exécutif du HCIM.
Au cours de cette sortie médiatique, les responsables du HCIM du Mali ont déploré leur absence lors de la visite du président IBK à Sobane Da, le jeudi 13 juin 2019. Cette visite du président de la république, qui se voulait un acte de solidarité et d’unité nationale face à l’horreur et à la tragédie, s’est avérée comme étant une faute politique du chef de l’État qui a fait choix de se rendre sur les lieux du drame avec des leaders chrétiens laissant de côté le HCIM. Interrogé sur la question, ce dimanche par les hommes de médias, le président du HCIM, le Chérif Ousmane Madani HAÏDARA n’a pas fait dans la langue de bois.
« Depuis cette visite, les gens n’arrêtent pas de nous demander sur les raisons de notre absence. Ce que je peux dire, c’est que l’erreur est humaine. Et sur le coup, le président IBK s’est trompé de stratégie. Je pense que son entourage devrait lui déconseiller de faire ça. Car en se rendant au chevet des victimes qui sont majoritairement des chrétiens, il n’a amené que les leaders religieux chrétiens dans sa délégation, laissant de côté les leaders religieux musulmans. L’image de cette visite peut pousser certains à croire qu’il s’agit d’une guerre religieuse opposant chrétiens et musulmans. Pourtant, tout le monde sait qu’ils ont été victimes de violence s’est généralisée, à travers une partie du pays. De ce fait, le HCIM devrait aller, elle aussi, présenter ses condoléances aux familles des victimes. Nous considérons toutes les victimes de cette barbarie comme des victimes maliennes tout court. Sans chercher à comprendre si ceux-ci sont des chrétiens ou autres croyants. Ici au HCIM, nous condamnons toutes les attaques contre les populations civiles maliennes sans distinction de confession religieuse. Que les victimes de ces attaques soient des chrétiens ou des musulmans, nous disons que ceux-ci sont des victimes maliennes. Lors de la nomination du Mr Jean ZERBO à la fonction de cardinal, nous avons tout fait pour qu’il soit accompagné d’un représentant de la communauté musulmane du Mali à Rome. C’était une manière pour nous de montrer au monde entier qu’au Mali, il n’y a pas de conflit entre chrétiens et musulmans. Si les gens ont eu cette impression, cette erreur vient de nos dirigeants. Ici au Mali, toutes les confessions religieuses cohabitent pacifiquement au Mali sans problème », a dit le Chérif Ousmane Madani HAÏDARA.
Enfin, il a appelé les uns et les autres à la retenue. Dans sa déclaration, le président a condamné ces violences qui, de son avis, affectent tous les Maliens. Pour mettre fin aux violences, il a invité les responsables des Associations peules et Dogons à apaiser la situation. De même, a-t-il fait savoir, il n’y a pas de conflit entre musulmans et chrétiens au Mali.
« Tout musulman qui croit à l’au-delà ne peut pas se permettre de donner la mort à un être humain », s’est-il défendu. Il s’est insurgé contre l’instrumentalisation de l’islam à des fins personnelles.
« Nous resterons mobilisés pour combattre ces genres de comportements qui ont tendance à salir l’image de l’islam et à l’opposer aux autres religions », a-t-il affirmé.
Dans les jours à venir, le HCIM compte entendre la MINUSMA et Barkhane sur les causes de ces violences au centre ainsi que leurs actions en cours pour aider le Mali à sortir de ce cycle de violences.
De son côté, le vice-président Ousmane TRAORE a invité les autorités à éviter de telles erreurs par le futur.
« Si on continue à faire cette distinction entre victimes chrétiennes et musulmanes, cela risque de nous amener sur un terrain dangereux », a-t-il conseillé. D’ailleurs, a-t-il rappelé, par le passé, les victimes ont toujours été des musulmans, mais on n’a pas vu le président se faire accompagner par les responsables du HCIM sur les lieux du drame.
« Il ne faut pas que certains profitent de cette erreur pour entretenir les idées d’une guerre confessionnelle au Mali », a-t-il prévenu. Pour l’imam TRAORE, nous sommes les victimes d’une guerre qui nous ait imposé. Mais cela ne peut être résumé à une guerre ethnique ou un conflit inter-religieux. Pour éviter toute équivoque, il a invité les autorités à donner l’opinion les explications nécessaires.
Suite aux violences inter-communautaires perpétrées contre les communautés peules et Dogons au centre du pays qui ont fait de centaines de victimes, le HCIM entend voler au secours de toutes ces victimes. Le vice-président Ibrahim KONTAO a invité tous les Maliens à la solidarité avec les déplacées internes. Enfin, il a annoncé des prières pour une bonne pluviométrie ce vendredi dans les mosquées du Mali. Dans les jours à venir, un appel sera lancé par la LIMMAMA dans les mosquées pour récolter des fonds. D’ores et déjà, le président HAÏDARA a mobilisé 5 millions et Harouna SANKARE a mis 1,250 millions de francs CFA dans la cagnotte en faveur des victimes. Pour ce faire, le HCIM a mis en place une commission de secours dirigée par l’imam Thierno Hady THIAM.
Par Abdoulaye OUATTARA