Au cours de son premier mandat, Emmanuel Macron a beaucoup parlé de la guerre d’Algérie. Suivant les recommandations de l’historien Benjamin Stora, il s’est engagé dans une politique de «petits pas» mémoriels, reconnaissant «au nom de l’Etat» les crimes de l’armée française à Alger ou ceux de la police de Maurice Papon à Paris le 17 octobre 1961, demandant pardon aux harkis et à leurs descendants, déclassifiant les archives protégées par le secret-défense, lançant le projet d’un musée de l’histoire de France et de l’Algérie à Montpellier… Le président français attendait-il un écho à ses initiatives de l’autre côté de la Méditerranée ? Jusqu’à présent, Alger n’a pas saisi la main tendue.
Le déplacement d’Emmanuel Macron à Alger et Oran, de jeudi à samedi, ne sera donc pas placé sous le signe de la politique mémorielle. «Ce n’est pas l’objectif premier de cette visite», affirme un conseiller. Certes, dès son arrivée dans la capitale, le président français se rendra au Mémorial des martyrs, passage obligé de tout chef d’Etat, et il doit visiter le lendemain matin le cimetière dit européen de Saint-Eugène, comme Jacques Chirac et François Hollande avant lui. Samedi, il est attendu à la chapelle de Santa Cruz, sur les hauteurs d’Oran, en compagnie de l’archevêque d’Alger. Mais l’essentiel du voyage se veut «tourné vers l’avenir», assure l’Elysée. En témoignent trois «séquences» de dialogue avec la jeunesse : un «long échange avec des entrepreneurs, des startuppers et des porteurs de projets», à Alger vendredi, et une visite de la boutique Disco Maghreb, célèbre label de raï oranais, suivie d’une «démonstration de breakdance» le lendemain.
Deux tête-à-tête entre les chefs d’Etat
Le président français sera accompagné d’une délégation de 90 personnes, dont sept ministres et des dizaines de chefs d’entreprise, invitée à un «grand dîner» offert par son homologue, Abdelmadjid Tebboune. Le programme officiel prévoit deux tête-à-tête entre les chefs d’Etat. Parmi les dossiers évoqués, «les enjeux régionaux, le Mali bien sûr, mais aussi la Méditerranée», indique l’Elysée.
Du côté algérien, la question des quotas de délivrance des visas par la France sera certainement abordée. L’an dernier, Paris avait divisé par deux le nombre de visas accordés, pour pousser les autorités à accepter le retour des Algériens en situation irrégulière en instance d’expulsion. Sur ce point, la présidence française note «une amélioration de la situation». L’Elysée entend enfin poursuivre le «travail commun» du groupe de travail franco-algérien sur la réhabilitation des sites des essais nucléaires français réalisés au Sahara entre 1960 et 1966. «Nous avons l’espoir de pouvoir lancer les travaux l’année prochaine», précise un conseiller.