L’hôtel Kempeski Al Farouk abrite depuis hier l’atelier de renforcement des capacités des magistrats et avocats maliens sur le traitement des cas de violences sexuelles liées au conflit (VSLC).
La cérémonie d’ouverture était présidée par le secrétaire général du ministère de la Justice, Sombé Théra. Etaient présents le directeur adjoint de la Division des droits de l’Homme et de la protection de la MINUSMA, Arnaud Royer, le président de l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH), Me Moctar Mariko et le représentant de WILDAF, Me Issouffou Diallo.
Cet atelier visait à renforcer les capacités des acteurs sur le traitement des cas de violences sexuelles liées au conflit. A l’entame de ses propos, Sombé Théra a indiqué que la double crise sécuritaire et institutionnelle de 2012 a entravé l’administration de la justice, notamment dans certaines zones du pays ayant été occupées par des groupes armés. « Pendant cette période d’occupation, de nombreuses violations graves de droits humains, y compris des crimes sexuels, notamment des viols, mariages forcés et esclavage sexuel, ont été commises », a-t-il indiqué avant d’ajouter que les tribunaux des régions du nord ont été pillés et saccagés.
Selon lui, pour permettre l’accès des victimes à la justice et de lutter contre l’impunité, les autorités judiciaires ont pris des mesures idoines à savoir, la saisie de la cour pénale internationale en juillet 2012, le transfert temporaire de compétence des juridictions des zones occupées au tribunal de grande instance de la commune III de Bamako. Mais aussi, la création d’une juridiction spécialisée contre le terrorisme et l’adoption d’une politique de justice transitionnelle. « La réalisation d’une justice transitionnelle, impartiale et respectueuse des droits des victimes est également essentielle pour ces vertus de sanction, de dissuasion et de réconciliation », a-t-il indiqué.
Par ailleurs, le secrétaire général du ministère de la Justice assurera que le gouvernement ne ménagera aucun effort pour le renforcement des capacités de la Justice afin de les armer à faire face aux défis liés aux VSLC. « La lutte contre l’impunité des auteurs des crimes les plus graves doit permettre d’évacuer les rancœurs et l’esprit de revanche. Mais aussi de rassembler les communautés autour d’un Mali uni dans sa diversité », soutient-il. Sombé Théra a saisi l’occasion pour remercier, entre autres, le gouvernement, WILDAF et l’AMDH.
Quant au directeur adjoint de la Division des droits de l’Homme et de la protection de la MINUSMA, cette rencontre s’inscrit dans le cadre des efforts conjoints entre le gouvernement, les organisations de la société civile et les Nations unies. Cette rencontre, poursuit-il, vise à garantir l’accès à la justice des victimes de violences sexuelles, et cela, dans l’optique globale de la lutte contre l’impunité. Arnaud Royer a saisi l’occasion pour rappeler que le conseil de sécurité des Nations unies à travers sa résolution 18 20 de 2008, a fermement condamné tout acte de violence sexuelle des conflits armés. En outre, cette même résolution a encouragé la mise en œuvre des mesures de prévention et de répression de ces actes qui entravent le maintien de la paix et de la sécurité régionales et internationales. Par ailleurs, il a, au nom de la Division des droits de l’Homme et de la protection de la MINUSMA, réitéré son engagement pour soutenir ces actions en faveur d’une justice équitable au Mali.
Du point de vue du représentant de WILDAF, cette rencontre permettra sans doute aux acteurs d’être mieux outillés pour une meilleure prise en charge des victimes de violences sexuelles liées aux conflits. Concernant les obstacles à l’accès des victimes à la justice, Issouffou Diallo a, entre autres, cité, la non protection des victimes et leur cohabitation avec les présumés auteurs, l’appartenance des présumés auteurs aux parties signataires de l’accord et leur présence dans les organes de mise en œuvre de l’accord. Mais aussi, la culture de l’impunité entretenue par le silence des plus hautes autorités autour de cette question et la recrudescence des violences sexuelles par des bandits et groupes armés pratiquement sur toute l’étendue du territoire.
Moctar Mariko a souligné que c’est en 2012-2013, lors de la crise du nord que de nombreux crimes sexuels notamment, des viols, des mariages forcés et l’esclavage sexuel ont été perpétrés dans les régions du nord Mali. « Les victimes de ces crimes y compris les mères des enfants nés de ces viols font aujourd’hui face à de nombreux défis à savoir la perte de moyens de se défendre, la maladie, l’isolement, le rejet de leur conjoint et surtout la stigmatisation », a-t-il noté.
Mariam F. DIABATÉ
Source: essor