A la dernière réunion du G 20, le président Français a fait une sortie qui frise le mépris à l’endroit des Etats africains.
En effet, après avoir rejeté l’idée d’un Plan Marshall pour l’Afrique en arguant qu’un tel plan qui « était un plan de reconstruction, dans des pays [européens] qui avaient leurs équilibres, leurs frontières, leur stabilité « ne pouvait réussir dans «Les Etats [africains] faillis, les transitions démocratiques complexes, » puis il a souligné de façon péremptoire que le « défi de l’Afrique est différent, il est beaucoup plus profond, il est civilisationnel ». Et enfin, il a prononcé une sentence en terme de conclusion: « Quand des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien. »
Il semble que le président français a occulté l’histoire du développement des pays industrialisés dont le sien. Le premier pays d’où est partie la révolution industrielle, l’Angleterre, n’a pas eu besoin d’une politique de limitation des naissances pour résoudre son problème de croissance de sa population.
Certes nous ne sommes ni au 18ème, ni au 19ème siècles, mais nous sommes de ceux-cela qui pensent que les peuples sont capables de résoudre leurs problèmes, pourvu qu’on ne les infantilise pas. En affirmant que le développement de l’Afrique reste plombé par sa croissance démographique, Monsieur Emmanuel Macron n’a fait que reprendre cette vieille théorie malthusienne que des économistes comme Ester Boserup (1910-1999) ont eu à combattre.
Pour cette danoise, contrairement à Malthus, elle démontre au contraire que la croissance démographique peut être positive.
Sans faire l’apologie de la croissance démographique, nous remarquons tout de même que c’est le développement qui engendre une limitation des naissances. On n’a pas besoin de dire à une femme éduquée, ayant un emploi en dehors des tâches ménagères, de procréer moins. Est-ce que la France a eu besoin d’un planning familial pour limiter les naissances ? Au contraire, elle pratique de nos jours une politique nataliste. Rappelons qu’elle a eu à importer des bras valides de ses anciennes colonies pour ses grands travaux au lendemain de la 2ème guerre mondiale et ce, jusque dans les années soixante- dix.
Toutes les nations qui ont suivi le chemin du développement, ont eu à résoudre prioritairement deux problèmes : éduquer et soigner convenablement leurs populations. Les expériences des pays du sud-est asiatique, de la Chine et de l’Inde sont assez édifiantes. Il est vrai que Chine et Inde, par des lois, ont essayé de réduire leur croissance démographique.
En réalité les européens ont peur du « péril noir ». Pas plus que le « péril jaune », le péril noir » est un fantasme des caucasiens. Les africains dans leur immense majorité, préfèrent vivre plutôt sur leur continent qu’ailleurs.
Que les dirigeants de la CEDEAO prennent garde ; qu’ils ne se trompent pas de combat. Au lieu de se fixer comme objectif de trois enfants au plus par femme pour 2030, ils feraient mieux de se fixer pour objectifs un taux de scolarisation de 100% ; une couverture sanitaire de 100%, des universités et des formations médicales de très haute qualité, des liaisons ferroviaires, aériennes, routières viables entre les Etats etc.
S’ils veulent une décélération de la croissance démographique, qu’ils trouvent les moyens de développer nos pays. Faisons plutôt de notre croissance démographique un atout et non un handicap. Ce serait une insulte pour nous que d’autres nous dictent ou nous imposent le nombre de notre progéniture dans nos familles.
…sans rancune
Wamseru A. Asama