Malgré la signature d’un accord de paix entre communautés peule et dogon, le lancement récent d’un processus de cantonnement et de désarmement de différentes milices au centre du pays, les violences intercommunautaires et les menaces d’intimidation ne fléchissent. La situation n’a rien à envier à un cycle de vengeances entre des communautés qui ont pourtant cohabité en harmonie, depuis des décennies. L’heure n’est plus à des meetings interminables à Bamako, mais plutôt à s’investir sur le terrain pour démasquer les bandits armés et cultiver l’entente entre ces communautés qui vivent dans la méfiance les uns envers les autres.
Les récentes attaques perpétrées, le 1er février 2019, contre trois villages de la commune de Baye, cerce de Bankass, relancent le débat sur les origines, les ambitions et la volonté des assaillants qui continuent de terroriser les populations du centre du Mali.
En effet, malgré la signature, le 28 août 2018, d’un accord de paix entre 34 chefs de village des cercles de Koro et Bankass, sous l’égide du Centre pour le dialogue humanitaire Henry-Dunant (HD Centre), et un processus de cantonnement désarmement en cours, depuis le 24 décembre 2018, le sang a de nouveau coulé dans plusieurs villages. Cette dernière attaque contre de paisibles citoyens a enregistré un bilan désastreux : trois morts et quinze blessés dans le village de Yara ; deux morts et sept blessés à Dissa.
« Ce qui se passe dans le cercle de Bankass est déplorable », a regretté le maire Allaye dit Moulaye Guindo.
Cette dernière attaque relance le débat sur la vraie identité des assaillants qui sont assimilés à tort ou à raison à des milices, dont le désarmement est réclamé à cor et à cri, depuis un certain temps par des organisations de ressortissants à Bamako.
S’agit-il réellement de terroristes ou de milices animées uniquement d’intention de se venger ou de venger les siens ?
Une réponse précise à cette question permettra d’avancer rapidement sur les dispositions à prendre pour faire face au drame qui fait couler beaucoup d’encre. À moins que les actes ne soient posés à dessein pour entretenir la confusion, sinon ils portent plus la marque du banditisme que du terrorisme.
En tout cas, le 2 février 2019, lors d’une conférence de presse, le président du Gina Dogon, Mamadou Togo, refusait de reconnaitre qu’il s’agit d’une guerre entre deux ethnies : « il n’y a pas de guerre entre les peulhs et les Dogons. Ces deux ethnies ont cohabité ensemble depuis des siècles. Cette guerre est orchestrée par les ennemies de la paix au Mali ».
Aussi, il y a-t-il lieu de noter que beaucoup de colportages autour de ce conflit sont souvent à mille lieues de la réalité.
Le temps des meetings et des dénonciations à Bamako semble révolu. Il y a lieu de se donner les mains pour faire face à l’ennemi commun, celui qui sème la terreur dans nos campagnes, qui empêche nos communautés de vaquer à leurs activités quotidiennes, met en mal le vivre ensemble.
Comme le dit l’adage, ce n’est point ‘’en criant «au loup» que ce dernier cessera d’attaquer sa proie. Ce qui se passe au centre du Mali aujourd’hui interpelle fortement tous les Maliens (autorités, organisations de la société civile, leaders religieux et communautaires…)
Puisqu’au regard de l’évolution de la situation d’insécurité, personne n’est plus à l’abri dans ce pays.
Par Sidi Dao
Info-matin