Pour exprimer leur ras-le-bol contre la cabale dont les éleveurs maliens font l’objet en République de Côte d’Ivoire lors des transhumances des animaux, l’Association des éleveurs de Niamana a organisé une conférence de presse hier lundi. Le marché de bétail de la localité a servi de cadre à cette rencontre avec les hommes de médias. Elle était animée par le président de l’association, Boubou Cissé.
Selon ce dernier, pendant la saison sèche de chaque année, soit plus de cinq mois, des milliers de bétail des éleveurs maliens transitent vers la Côte d’Ivoire et la Guinée pour leur assurer une bonne alimentation compte tenu de la nature très verte dans ces deux pays frontaliers du Mali.
Au cours de cette transhumance, a-t-il ajouté, les éleveurs perdent des centaines de têtes à cause du comportement des populations civiles des provinces de Ouodiéné et de Kaniasso, des localités situées en terre ivoirienne. A ses dires, les résidents de ces localités abattent dans la plus grande impunité les bœufs sous l’œil impuissant des autorités.
» Cette année, tout est parti lorsque les habitants des localités citées plus haut ont commencé à tirer avec des fusils de fabrication traditionnelle sur tous les animaux de passage dans leurs limites administratives. Ainsi, c’était la panique générale au village, car les bergers et les animaux se sont fondus dans la nature. Ensuite, les bergers ont été formellement interdits de pénétrer dans la forêt pour rechercher leur bétail. Et, à leur grande surprise, c’est une véritable séance de chasse qui s’est ouverte, car chaque jour les résidents munis de leur fusil se dirigent dans les bois pour abattre les bœufs afin de vendre la viande sur le marché des localités voisines. Toutes les démarches entreprises auprès des autorités de ces localités pour rentrer en possession de leur bien ont été infructueuses « , a renchéri Maciré Niangadou.
» C’est cette année que la situation s’est empirée. Seulement en quelques jours, les éleveurs maliens en transhumance en terre ivoirienne ont enregistré plus de 171 bœufs abattus pour la localité de Ouodiéné et de 72 pour celle de Kaniasso. Au total, ce sont plus 245 têtes qui sont disparues dans les forêts ivoiriennes. Au moment où les propriétaires de bétail sont interdits de pénétrer dans la forêt, les populations de ces différentes localités se permettent en toute impunité d’abattre les pauvres animaux à coups de canon et vendre leurs viandes sur le marché « , a-t-il témoigné. Les plus hautes autorités sont interpellées à résoudre définitivement cette difficulté que rencontrent les bergers maliens en transhumance dans ce pays. Les victimes de cet acte digne d’une autre époque invitent l’Etat malien à convoquer une rencontre avec son homologue ivoirien afin que le reste des animaux encore dans la nature soit retrouvé. Pour éviter aux éleveurs maliens d’enregistrer ces pertes chaque année, il faut nécessairement une implication des autorités du pays à travers l’aménagement des zones de pâturage sur toute l’étendue du territoire malien.
Boubacar PAITAO
SOURCE: L’Indépendant