Selon les informations du quotidien « Le Monde », Vincent Bolloré aurait chargé la banque d’affaires Morgan Stanley de sonder d’éventuels acquéreurs pour son pôle africain.
La nouvelle a déjà fait le tour du monde et attend désormais confirmation. Le groupe diversifié Bolloré aurait chargé une banque d’affaires d’étudier la cession de son activité historique de logistique en Afrique, a indiqué ce vendredi 15 octobre le journal Le Monde.
Selon le quotidien, « la banque d’affaires Morgan Stanley a été chargée de sonder discrètement l’intérêt des acquéreurs potentiels, notamment les grands noms du transport maritime », dont l’armateur français CMA CGM et le danois Maersk qui étudieraient le dossier.
Pas encore de confirmation
La branche Bolloré Africa Logistics possède des infrastructures dans plus de 20 pays sur le continent africain, notamment un réseau de 16 concessions portuaires, des entrepôts et des hubs routiers et ferroviaires. Elle serait valorisée entre 2 et 3 milliards d’euros, avance Le Monde.
Mais le Groupe Bolloré indique qu’il ne « commente pas les rumeurs de presse concernant ses activités de transport et de logistique », dans un communiqué transmis vendredi.
Contactés par l’AFP, Morgan Stanley, CMA CGM et Maersk n’ont pas confirmé l’information. Ces deux derniers se disent cependant attentifs aux opportunités de marché. Il est « vraisemblable qu’il [le groupe Bolloré] évalue la valeur » de son activité logistique, sans que cela aboutisse forcément sur une cession, a commenté auprès de l’AFP une source au fait du dossier.
Cette revue d’actifs est cependant « une surprise » pour la banque Oddo BHF, car elle « n’a jamais été évoquée par la direction jusqu’à présent. Elle serait toutefois logique au regard des capitaux grandissants nécessaires pour cette activité », selon une note d’analyste.
Le titre Bolloré progressait vendredi à 12 h 45 d’environ 2 % à la Bourse de Paris, à 5,18 euros, dans un marché stable.
La logistique et l’Afrique ont fait la fortune de l’industriel
Bien avant les médias, la logistique et l’Afrique ont fait la fortune de l’industriel Vincent Bolloré, qui a pris en 1986 le contrôle de la SCAC (Société commerciale d’affrètement et de combustible) au moment de sa privatisation. Le groupe français s’est ensuite développé sur le continent, s’appuyant sur ses relations avec les dirigeants politiques et incarnant pour certains l’image de la Françafrique néocoloniale.
Accusé par la justice française d’avoir apporté son aide à des campagnes électorales en échange de l’attribution de concessions portuaires au Togo et en Guinée, le groupe a accepté en début d’année une convention comprenant une amende de 12 millions d’euros et une surveillance par l’Agence française anticorruption.
La juge avait cependant refusé d’homologuer la reconnaissance préalable de culpabilité acceptée par Vincent Bolloré (qui a laissé en 2019 les manettes du groupe à son fils Cyrille) et deux autres responsables. Leur dossier a été renvoyé à l’instruction.
Sur le plan économique, plus rentable que la logistique internationale de Bolloré, la branche de logistique africaine reste plus petite en chiffre d’affaires, avec 2,1 milliards d’euros réalisés en 2020. Elle emploie plus de 20 000 personnes, selon le groupe.
Si l’opération de cession avait lieu, le conglomérat conserverait également une activité de distribution pétrolière, des systèmes de stockage d’électricité, et des participations financières, dont le contrôle du groupe de communication Vivendi, également présent en Afrique via ses filiales Havas et Canal+.
Le groupe pourrait utiliser le produit de la vente pour accroître sa part de marché dans la logistique mondiale (il est aujourd’hui neuvième), ou « poursuivre la simplification de ses structures et notamment procéder à un rachat d’actions », au bénéfice de la Compagnie de l’Odet (la holding de la famille Bolloré), avance Oddo BHF.
Source: lepoint