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Vie du RPM à Gao : Troisième échec du renouvellement de la Section

Le Bureau Politique National (BPN) du Rassemblement pour le Mali (RPM) a décidé de la date du 17 août 2015 pour le renouvellement de la section RPM de Gao. Une mission nationale de supervision, dirigée par Abdramane Sylla, ministre des Maliens de l’Extérieur a été commise. Récit d’un début de semaine garni de coups bas, de complots, d’invectives et …d’échec.

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Auparavant, depuis le lancement du processus de renouvellement des organes du RPM (comités, sous-sections et sections) en perspective de la tenue du congrès du parti, devant consacrer un nouveau Bureau Politique National (BPN), deux missions, dirigées l’une par Me Baber Gano, le 14 février 2015, et l’autre par Abdoulaye Idrissa Maiga, le 24 mai 2015, ont tour à tour échoué à renouveler la section.

Pire, la crise que connait le parti à Gao prit l’allure d’une guerre ouverte à l’issue de ces deux missions. Cette crise, faut-il rappeler, est née d’une cause inhérente à la gestion de l’adhésion populaire massive de militants de tout bord politique, déclenchée suite à la victoire plébiscite du Président IBK aux présidentielles d’aout 2013.

Euphorique et festive dans la forme, la migration d’ex-militants du PDES, de l’ADEMA, de l’ASMA, de la CDS, etc devient conflictuelle lorsqu’il s’agit de définir les termes de la cohabitation entre les gardiens de «l’ex-chaumière RPM devenue Temple» et les migrants, aux calculs politiques démesurément ambitieux, occasionnant la création, aux termes de prétentions inconciliables, d’organes parallèles ou doublons d’abord et la recherche de la légitimité ensuite.

Arrivée en précurseur dans la capitale des Askia, le 15 août 2015, la délégation du ministre Sylla, annoncé lui-même pour le 16 août, comprenait le Dr Moussa Guindo, Chef de cabinet du ministre de la Santé, Mahamadou Yacouba Maiga, 1er Vice-président du BPN et Ibrahim Ag Igbaltanat, membre du BPN, venus plus tôt pour tenter d’installer le dialogue entre les responsables du parti, partagés entre sous-sections régulières et parallèles.

Après la fixation de la date du 17 août par le BPN, la section RPM de Gao en informa les 7 sous-sections régulières et leur demanda la transmission d’une liste de 14 délégués. Dr Guindo et sa suite, sans remettre en cause le travail de la Section, entreprirent de faire accepter par les responsables des sous-sections de Gao, Gouzoureye et Gabéro le principe d’éclater leurs listes et de les partager, à parité, avec les membres des bureaux parallèles.

Le ballet intense entre le siège du parti et le Motel Askia, où logeait la délégation, les réunions en groupes ou sous-groupes, butèrent sur le refus des sous-sections régulières de partager le quota des délégués avec les sous-sections parallèles et celles-ci de se contenter de la maigre offre de bonne foi des premières à porter leurs prétentions aux postes du bureau de la section, durant les assises.

Dans cette atmosphère, le ministre des Maliens de l’Extérieur, Abdramane Sylla, arrivé à Gao le matin du 17 août 2015 par un vol de la Minusma, inaugurait la conférence de renouvellement de la section RPM de Gao, dans la salle de réunion du Conseil régional, à 10 h 50.

Ouvrant la conférence, le ministre Sylla entra sans tarder dans le vif du sujet: trouver une solution au problème des communes à double organes et tenir une rencontre calme et sereine. Gao doit avoir sa section, Gao va avoir sa section, a martelé le ministre, qui a rappelé ses origines Soninké à dessein, pour laver dans le bain du cousinage à plaisanterie les visages serrés et les mines patibulaires, sur des postures vindicatives et guerrières.

Le clou de la cérémonie d’ouverture a été la présentation du rapport moral du Secrétaire général sortant, Aguissa Touré, et la démission du bureau de la sous-section.

Le ministre Sylla déclina le programme des travaux, qui va commencer par une rencontre à huis clos des Secrétaires généraux des sous-sections de Gao, Gounzoureye, Gabéro, respectivement Abdel Kader Haidara, Malick Alhousseini Maiga et Sambel Dicko et des représentants des sous-sections doublons. Il déclara être conscient de la difficulté de la situation, appris l’échec de la tentative de conciliation entreprise par le Dr Guindo, mais considère que, même organisés au sein d’organes parallèles, les camarades en face n’en restent pas moins militants du RPM et supposés donc prendre part aux présentes assises.

Il déclina sa méthodologie de désignation des membres de la nouvelle section, sur une base exclusivement consensuelle. Dès lors, leur présence ne comporte aucun enjeu mais, au contraire, pourra, au fil des débats, briser la glace de la méfiance et fléchir le spectre de la haine. Aussi décida-t-il de recevoir, séance tenante, leurs listes, suivant le même nombre de délégués présentés par les sous-sections régulières.

A la reprise de la plénière, il fut procédé au contrôle des mandats, aboutissant au constat de l’existence d’un quorum qualifié pour délibérer, puis à la désignation de la commission d’investiture. Celle-ci comprend les Secrétaires généraux des sept sous-sections régulières (Gao, Gounzoureye, Gabéro, Tilemsi, NTilit, Anchawadj et Soni Ali Ber), un représentant par sous-section doublon (Gao, Gounzoureye et Gabéro), cinq membres du bureau sortant, une représentante des femmes et un représentant des jeunes.

La commission, entrée à huis clos à 15 heures, travailla d’abord à déterminer les quotas attribués à chaque sous-section. Ainsi, les 36 postes pour Gao, les 14 respectivement de Gounzoureye et les 12 de Gabéro seront équitablement partagés entre leurs deux sous-sections. Soni Ali Ber a eu droit à 13 postes et les communes de N’Tilit, Anchawadj et Tilemsi reçoivent chacune 8 postes, soit un projet de bureau de 99 membres.

Pour la désignation du Secrétaire Général, trois candidats étaient en lice: Aguissa Touré, Secrétaire Général sortant, Abdramane Diakité, Secrétaire Général de la sous-section de NTilitt, et Hamidou Issoufi Maiga, membre de la sous-section parallèle de Gao.

Une moitié de la commission d’investiture se méfia d’emblée de la prétention de Hamidou Issoufi Maiga, connu comme le candidat du ministre Abdoulaye Idrissa Maiga, pour diriger la section et, plus tard, le Conseil régional de Gao, mais pas seulement pour ça.

Les délégués argumentèrent que Gao ne le connait pas, qu’il n’a jamais milité au sein du RPM, n’a jamais participé à aucun événement social, n’a jamais consolé aucune âme éplorée et que dans ces conditions, il serait hasardeux de lui confier une telle responsabilité.

Pour les détracteurs d’Aguissa Touré, il est le problème du RPM à Gao, il ne pourra jamais en être la solution. Ayant mis le parti en lambeaux, il quitte sa direction alors qu’il est en rupture totale avec la plupart des membres de la section, alors que les militants sont dressées sur un pied de guerre.

Aguissa Touré ne peut même plus accéder au siège du parti que sous les sifflements dénonciateurs de sa tentative, suprême trahison, en juin dernier, de vider le siège du parti de ses camarades, par une révision scélérate du contrat de bail dans leur dos. De plus, la candidature d’Aguissa Touré a éreinté plus d’un, puisqu’il n’a cessé de jurer la main sur le cœur, à toutes les réunions de la section, qu’il ne sera jamais candidat à sa succession. Que cache donc ce manège ?

Abdramane Diakité, fils du juge Mallé Diakité, ancien Président de la Cour Constitutionnelle, est également Imgadh bon teint, neveu du général Elhaj Gamou. Détenteur d’un diplôme supérieur de Droit, il est chef de la BMI de Bamako et Secrétaire général de la sous-section d’InTilit. Maniant à merveille le sonrai, le français, le bambara, le tamasheq et le fulfulbé, il est très populaire à Gao, à cause de son attachement profond aussi bien au terroir sudiste de son père qu’au berceau imgadh de sa mère.

Si ses détracteurs lui reprochent sa jeunesse, ses supporteurs plaident que dans son cas, son âge est un atout, auréolé de sa sagesse, son immense humanisme et sa sollicitude constante en faveur des populations. Les débats en huis clos finirent par faire écho dans la cour du Conseil régional et aux abords de la Place de l’indépendance, noire de monde, entre 19 heures et 01 heures du mardi 18 août.

La nouvelle de la candidature d’Aguissa Touré provoqua une véritable hystérie chez certains militants. Certains délégués parvinrent à percer le secret de sa candidature. Appréhendant la désapprobation que suscitera celle de Hamidou Maiga, le clan a engagé Aguissa Touré à se présenter et, en cas de victoire, à se démettre au profit de l’édile du ministre Abdoulaye Idrissa Maiga.

Chauffés à bloc, des jeunes défoncèrent la salle du huis clos pour crier leur désapprobation de la candidature du Secrétaire général sortant, menaçant si cette candidature n’était pas retirée, de mettre le feu au Conseil régional, puis au siège du RPM. De la pesante atmosphère, une réaction anecdotique viendra faire tordre de rire les militants regroupés dehors.

Mohamadou Yacouba, 1er Vice-président du BPN, installé au présidium, est resté remarquablement discret et réservé. Le mot que chacun scrutait de l’octogénaire, handicapé visuel, vint vers 01 heure du matin, où, après avoir écouté pendant 09 heures d’horloge les échanges, il s’étira et lança avec le souffle du bâillement «Mon Dieu, que cet Aguissa est détesté!».

A 01 h 30, le ministre Sylla appela les délégués en salle pour faire le point du travail de la commission d’investiture, buté à départager Aguissa Touré et Abdramane Sylla. Avant de prendre une décision, il donna la parole à l’assistance. Onze délégués intervinrent, puis six dans un second temps. Analysant les avis, il restitua que sur les 17 interventions, hormis les messages d’apaisement, 6 ont été favorables à Abdramane Diakité et 4 avis pour Aguissa Touré.

Dans cet ordre, il proposa de nommer Abdramane Diakité secrétaire général et Aguissa Touré, secrétaire général adjoint pour permettre de passer ce cap et poursuivre avec la désignation des 98 autres membres du bureau.

La salle entra dans un état d’ébullition inénarrable. Divisé en deux groupes de supporteurs, les uns applaudirent derrière les responsables des sous-sections régulières et les autres, soutiens indéfectibles d’Aguissa Touré, prirent quartier dans les rangs des délégués des sous-sections parallèles. Ces derniers exigèrent d’aller au vote, forts de leur supériorité numérique, attribuable à l’acceptation en salle des délégués des sous-sections doublons.

Sylla propose tour à tour de faire confiance à la sagesse des plus âgés pour départager les deux candidats, si non à passer sur le choix du secrétaire général et aller à la désignation des 94 autres membres du bureau, ou encore l’organisation d’un entrevue entre les deux candidats, il n’arriva point à divertir l’autre clan de son exigence d’aller au vote, seule méthode statutaire, selon eux.

Il fallut près de 20 mn au Président Sylla pour ramener un semblant de calme dans la salle. Il déclara que puisque le vote est demandé, il va y accéder. Mais rappela, que la présence de certains délégués a été rendue possible par la méthodologie du consensus adopté pour la désignation des membres du nouveau bureau. S’il l’on doit aller au vote, les délégués des sous-sections parallèles en seront exclus.

A ce niveau, le ministre Sylla vécut des moments pénibles, marqués par des interventions intempestives, des remarques acerbes, y compris contre sa personne, des propos vindicatifs, des attitudes caractérielles, souvent guerrières, des coups de poing violents contre le pupitre du présidium. Il faut lui reconnaitre, à cet instant, son attitude absolument impériale, séduisante de courageuse retenue et bouleversante de tranquillité.

Dans une adresse pénible, cachant mal sa déception, le ministre renvoya les délégués au conseil de la nuit, et annonça la reprise des travaux pour le même jour à 09 heures.

Rouvrant la session à 09 h 45, détendu malgré le choc, Abdramane Sylla passa le film de la journée précédente. Il argumenta qu’il a souhaité s’inscrire dans une logique de paix et d’entente. Même si son vœu n’a pas triomphé des passions, il estime que rien n’est perdu. Chacun ici veut la paix. Il retient que trois sous-sections parallèles existent à Gao, Gounzoureye et Gabéro. Ce n’est pas acceptable. Il leur faut fusionner dans les sous-sections régulières correspondantes.

Nous avons compris, a-t-il poursuivi, qu’il y a de sérieux problèmes chez les gens. De la fixation. Notre rôle est d’accorder les points de vue. Nous l’avons tenté. Sans résultat. Toutefois, Gao a avancé dans la voie de la réconciliation.

En conclusion, pour terminer, j’ai consulté les membres de la délégation. Nous avons convenu qu’il ne fallait pas se focaliser sur la désignation au poste de Secrétaire général.

Nous avons décidé:

  1. La mise en place d’une commission, composée du Secrétaire général sortant et des Secrétaires généraux des communes de NTIlitt, Tilemsi, Anchawadj et Soni Ali Ber avec un mandat spécial pour faire revenir la paix
  2. De rendre compte au BPN et de revenir dans un délai de 7 à 10 jours pour mettre en place la section de Gao
  3. De suspendre la séance.

Il était 11 h 20. Affaire à suivre.

Salam Maiga, Correspondance particulière

source : 22septembre

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