Le Mali est le seul pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine qui n’a pas encore adopté une loi de prévention, de répression et de réparation des violences basées sur le genre (VGB).
Dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences à l’égard des femmes, la Fondation Héra a organisé le lundi 9 décembre, une conférence active sur le plaidoyer pour l’adoption de l’avant-projet de loi pour la prévention, la répression et la prise en charge des victimes de violences basées sur le genre.
Au Mali, le nombre des victimes des violences basées sur le genre ne cesse de grimper. « 2779 cas de Violences ont été enregistrés de janvier à septembre 2019, dont entre autres des agressions sexuelles, les viols, les mariages forcés, les violences émotionnelles, etc », regrette Me Nadia Myriam Biéoulé devant un parterre de personnalités de divers horizons.
Malgré la ratification de plusieurs instruments juridiques par le Mali tels que la Convention sur l’élimination de toutes les discriminations à l’égard des femmes, la charte africaine des droits de l’Homme et le Protocole de Maputo et les différentes résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, la présidente de la Fondation Héra dénonce l’aggravation des GVB et plaide le gouvernement malien à l’adopter l’avant-projet de loi de prévention, de répression et réparation des violences basées sur le genre, élaboré il y a plus de deux ans par une quarantaine d’associations et ONG.
A part le Mali, tous les pays de l’UEMOA dispose une loi contre les VGB. « Elles ont un visage économique non négligeable, les VBG à l’égard des femmes et des filles nécessitent une prise en charge socio-économique des victimes survivantes. Car beaucoup de femmes subissent et tombent sous les coups de violence dans le désespoir total, n’ayant aucun pouvoir économique pour se prendre en main, et le plus souvent rejetées par leur famille, ou mises à l’écart par la société, une autre forme d’exclusion sociale s’ouvre » s’alarme Me Nadia.
Pour elle, le texte de l’avant-projet de loi constitue en lui-même une garantie pour les victimes de violences basées sur le genre, qu’elles soient femmes, hommes, handicapés, albinos, personnes âgées.
« C’est un texte de loi ambitieux, car il est à la fois préventif, répressif et réparateur. Tout ce qu’il faut à bien des égards prêts, pour assurer une prise en charge holistique aux différents cas de VBG. Préventif, car il prévoit les 4 catégories de violences basées sur le genre à savoir : les violences sexuelles, physiques, psychologiques et économiques. Répressif, car il réprime les atteintes, les tentatives et même le refus ou l’abstinence de témoigner. C’est à ce titre qu’il est dissuasif. Et la procédure y prévue est assez particulière ainsi que le dispositif infrastructurel judiciaire qui gagnerait à s’ériger en pôle spécialisé VBG au même titre que les pôles anti-terroriste, car un auteur de VBG est un Terroriste sans commune mesure. Réparateur, car le système de réparation y prévu va au-delà de la condamnation aux dommages intérêts du délinquant auteur de VBG ».
Une fondation sensible au genre
Héra fondation joue sa partition par le sacerdoce de ses membres fondateurs, tous Avocats, rompus à la pratique judiciaire, mais aussi à l’assistance juridique et judiciaire des femmes victimes de VBG depuis 2015 à la faveur d’une belle collaboration avec la clinique Demeso. « A ce jour, plus de 300 cas recensés, essentiellement dans le District de Bamako, Kati et Ségou », a indiqué Me Nadia, présidente de la Fondation. « A cela s’ajoute, la mise en place d’un fonds de l’entreprenariat social (FESO) dédié à apporter une assistance juridique et formative aux femmes en général, mais aux femmes victimes de VBG en particulier, afin de développer l’incubation de micro-projets d’entreprenariat social pour leur prise en charge économique. La Fondation, fait une dotation initiale de dix millions de FCFA dans ce fonds et poursuit la réflexion avec ses partenaires », a-t-elle poursuivi.
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