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Valorisation de l’Aménokal comme principe constitutionnel : Après le Mali, les Touareg mettent la pression sur l’Algérie !

Le 17 mars, un grand rassemblement des Touareg a eu lieu à Tamanrasset. Ce rassemblement, selon nos confrères d’El Watan, a été sanctionné par une déclaration de trois pages. Dans laquelle, un rappel sur l’histoire ancestrale de l’organisation sociale des Touareg et de l’Aménokal, et des doléances pour réclamer la protection de l’Aménokal par la Constitution algérienne. « Depuis quand les revendications identitaires s’opposent au patriotisme  et aux principes démocratiques ? » s’interrogent-ils.

Depuis le début de la matinée, de nombreux jeunes ont préparé les lieux, en accrochant de nombreuses banderoles aux murs où nous pouvons lire : «Les chefs des tribus et les notables de Tamanrasset réitèrent leur confiance à l’Aménokal», «L’Aménokal, une organisation sociale nécessaire et non symbolique», « les jeunes intellectuels soutiennent l’Aménokal », « l’Aménokal ne s’oppose pas aux institutions de l’Etat ».

Aux environs de 16 heures, l’Aménokal Idabir accompagné d’un de ses proches, prend place à la tribune, sous des chants patriotiques, et les ovations de l’assistance. Il prend la parole : « Nous ne faisons pas de différence entre les Touareg et les autres populations qui vivent ici à Tamanrasset. Pour nous, ils sont tous Algériens, et ont les mêmes droits. Certains disent que c’est un rassemblement politique, d’autres nous collent des tickets que nous ne comprenons pas.

Notre seule politique est le pays, sa sécurité, sa stabilité et son développement. Nous n’agissons pas pour avoir des postes, nous ne nous opposons pas aux partis, qui sont tous représentés, ici dans cette salle ». Fortement aplaudi, Idabir continue : « Un ancien wali est venu faire un peu de tourisme et certains n’ont pas trouvé mieux que de l’accuser de nous avoir manipulé et poussé à faire de la politique. Personne ne nous dicte nos actes. Nous voulons juste que nous soyons consultés dans la gestion de notre région. Nous refusons l’exclusion… ».

« Notre seule politique est la sécurité du pays » Il profite de l’occasion pour rendre hommage au président de la République, grâce auquel, dit-il, l’eau coule dans les robinets et le gaz reste incessamment raccordé. « Nous ne sommes ni contre le wali ni contre le chef de Région qui fait son travail pour protéger les frontières. Cependant, tous doivent savoir, qu’ils ne peuvent réussir sans le soutien et l’aide de la population locale.

Nous sommes contre la hogra et la marginalisation.. », déclare l’Aménokal sous de très forts applaudissements. Puis c’est autour de plusieurs notables de se succéder à la tribune pour exprimer, chacun à sa manière le ras-le bol, mais aussi le soutien à l’Aménokal, et au président.

D’abord Dahimi Aissa, un notable de Tazrouk, ancien député et une des personnalités les plus respectées, qui déclare : « l’Ahaggar sans Aménokal, c’est comme l’Ahaggar sans Touareg, et l’Ahaggar sans Touareg c’est comme l’Algérie sans Touareg. Notre région a connu les essais nucléaires et la situation sanitaire est peu reluisante. Le constat est douloureux.

Celui qui n’a pas de connaissances, ne peut être soigné. Nous sommes obligés de faire des centaines de kilomètres pour alléger nos souffrances. Pourquoi n’avons-nous pas un hôpital digne de ce nom ? L’agriculture, n’a jamais été développée à Tamanrasset sous prétexte qu’il y a pas d’eau.

On encourage l’élevage de volaille au détriment de celui des chameaux dont on a vraiment besoin. Peut-on croire que le poulet est meilleur que le chameau ? », souligne t-il. Abdellah Boutali, cadre du RCD, et notable de Tamanrasset, abonde dans le même sens, et plaide pour l’unification des tribus sous l’autorité morale de l’Aménokal, pour aider l’Etat à devenir une force régionale, car note t-il, le Hoggar, est très important, en terme de géostratégie.

« Nous refusons toute tentative de déstabilisation de notre société et ou de l’Algérie et nous demandons la réhabilitation du rôle de l’aménokal, au sein d la république pour qu’il puisse participer à la paix et au développement du pays », précise l’intervenant. Notable de la tribu des Iraganaten, Bayka Jebour, note pour sa part, que sa communauté a décidé de remettre toutes ses doléances à l’Aménokal, auquel, elle affirme son « soutien indéfectible ».

« Nous ne sommes pas pour des postes… »

Lyes Akhamoukh, médecin de la tribu des Reghala, recadre le débat : « Nous ne sommes pas là pour faire des problèmes, ni même l’Amenokal, qui est là pour absorber la colère. Tamanrasset est une wilaya stratégique. Nous sommes les gardiens de la maison Algérie. Il y a 3 ans, l’Ebola est arrivé à Bamako.

S’il arrive en Algérie, c’est par Tamanrasset qu’il passe. Nous demandons des moyens pour faire face aux situations sanitaires critiques. Nous voulons un hôpital aux normes. Nous ne sommes pas là pour demander des postes, parce que nous ne sommes pas à vendre… ». Brahim Guessafi, un autre notable de Tamanraset, lance : « nous n’avons jamais remis en cause l’Armée ou les institutions de l’Etat, mais que tout le monde sache que l’Aménokal existe et a son importance pour nous.

Nous voulons que cette institution soit protégée par la constitution. Comment accepter qu’un imam consacre le prêche du vendredi à ce qu’il a jugé être la fitna, en parlant du rassemblement ? Est-ce la fitna que de réclamer le respect de son identité ? ». Des propos qui font vibrer la salle par les ovations et les youyous. Najem Bassoudi, de la tribu de Aitlawène enflamme la salle avec des propos aussi clairs que graves.

« Nos enfants meurent à Ain Guezzam et à Tin Zaouatine, dans des bavures et ils sont présentés comme des contrebandiers. Chaque jour, le ministère de la Défense annonce la réédition de terroristes à Tamanrasset. Pourquoi ne donne t-il pas les noms ? Nous ne voulons pas que Tamnarasset soit stigmatisé. M. l’Aménokal , c’est vous qui nous aviez ligoté les mains. Le tourisme faisait vivre plus de 7000 personnes et aujourd’hui, parce que Tamanrasset vit sous l’embargo, ces gens sont réduits au chômage ? Allons-nous continuer à vivre cette situation ? » dit-il d’une voix coléreuse qui n’a pas laissé l’assistance insensible.

« M. Gaid Salah, la femme targuie pleure ses enfants tués injustement »

Abondant dans le même sens, Soumeya, une militante targuie, lance un véritable cri du cœur. « M. Gaid Salah, la femme targuie pleure ses enfants tués injustement. Vous devez intervenir pour nous protéger, et faire en sorte que les mères ne pleurent plus, leurs enfants tués dans des bavures, sans que les auteurs ne soient inquiétés. Nous vous interpelons, vous êtes le chef de l’Armée, qui protège nos frontières, et protège le pays. C’est un appel, que l’Aménokal doit faire entendre … », crie-t-elle.

Plusieurs autres intervenants ont exprimé leur colère, et en fin de journée, une déclaration de trois pages a été lue à l’assistance dans laquelle, les auteurs reviennent sur l’histoire ancestrale de l’organisation sociale des Touareg et l’Aménokal, et l’engagement des différents Touaregs ayant eu ce titre dans la libération du pays.

Dans leur déclaration, ils demandent : la préservation de cette institution qui incarne l’identité sans être incompatible avec les institutions de l’Etat, puisqu’elle garantit la cohésion de la région géographique et politique, mais aussi la sécurité, la stabilité et la pérennité ». La déclaration rappelle les différentes rencontres qui ont regroupé les notables autour des problèmes de la région, mais qui n’ont pas abouti. » A chaque fois on nous accusait de régionalistes (…) Depuis quand les revendications identitaires s’opposent au patriotisme  et aux principes démocratiques ? ».

La déclaration mentionne que l’identité et la légitimité ne peuvent être garanties par des urnes sombres et des élections de Chekara (argent), qui n’incarnent pas la volonté et ont mené la rupture de confiance avec les politique ».

En outre, la déclaration évoque le soutien « indéfectible » à l’Aménokal, « en tant qu’organe consultatif, et cesse de parler de notables, qui ne sont en réalité que des personnes qui ne représentent qu’elles mêmes », et lance un appel à l’Etat et à l’unité du pays, tout en refusant la politique de l’exclusion ».

Pour les auteurs, ce rassemblent est un début d’une série d’autres rencontres ». A la fin, l’Aménokal, a promis à l’assistance de remettre les doléances des notables aux autorités, en précisant qu’il demandera « une commission d’enquête indépendante sur tous les dépassements ».

Source : El Watan ; le titre est de notre rédaction (Le Sursaut).

Source: Le Sursaut

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