L’heure est au rassemblement. Les chefs d’État de la Cedeao se sont montrés solidaires en infligeant de lourdes sanctions au Mali. Aux Maliens, à leur tour, d’être unis pour remonter la pente. Cependant, il ne faut pas du tout oublier les doléances légitimes portées par des Maliens de part et d’autre.
Lors de sa réunion extraordinaire sur le Mali, tenue le 9 janvier 2022, la Conférence des chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a décidé de la mise en place d’une panoplie de sanctions à l’encontre du Mali allant de l’embargo sur l’entrée des marchandises dans notre pays, hormis certains produits de première nécessité, au gel des avoirs financiers de l’État malien détenus à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et dans les banques commerciales de la Cedeao.
Face à la gravité des sanctions prises, de nombreux Maliens ont manifesté leur soutien aux autorités de transition. Ainsi, des groupements corporatistes en instance de négociation ou en rupture avec le gouvernement, à l’exemple des Syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, ont suspendu leur mot d’ordre de grève, en vue de faire face aux défis de l’heure.
Cependant, dans ce pays, les autorités ont toujours pris l’habitude de chercher à noyer le poisson dans l’eau : faire oublier les problèmes sans les résoudre. Toutes choses qu’il va falloir qu’elles évitent pour ne pas briser la confiance avec les partenaires sociaux qui ont bien voulu consentir des sacrifices face aux enjeux actuels.
Faire preuve de bonne foi
La période de « temps mort » au niveau du climat social doit être l’occasion, pour les autorités de transition, d’entretenir et de laisser ouverts les canaux du dialogue avec les syndicats, afin de trouver progressivement des solutions aux différentes doléances. Régulièrement, dans la courtoisie et à l’abri des caméras, le gouvernement, à travers ses différents ministères, doit s’entretenir avec les syndicats, travailler dans les coulisses sur les propositions exprimées de part et d’autre pour, enfin, aboutir à des compromis.
Un tel exercice aura le mérite de susciter la confiance auprès des partenaires sociaux, leur prouver tout l’intérêt et la considération que leur porte le gouvernement. Cela évitera les fuites en avant, les grandes promesses sans lendemain et les engagements pris le couteau sous la gorge et qui ne seront pas tenus peu de temps après. Quand on invite les Maliens à se rassembler autour de leurs autorités, il faudrait que celles-ci également fournissent des efforts pour resserrer leurs liens avec leurs compatriotes.
Panser les liens
Il n’y a pas de si grand pouvoir pour un dirigeant que le soutien de son peuple. Ce soutien se recherche et s’entretient. Au Mali, les gouvernants ont pris l’habitude de s’éloigner des gouvernés. Ce qui fait qu’à chaque fois que ces derniers se sentent méprisés, ils décident d’employer des méthodes fortes pour se faire entendre et attirer l’attention sur eux. Au moment où on parle de refondation et d’union des Maliens, il faut faire comprendre à nos dirigeants qu’une refondation des textes de l’État ne servira pas à grand-chose si on ne cherche pas à refonder nos liens, nos rapports entre Maliens.
La crise doit être saisie opportunément par les autorités pour panser les rapports, ressouder les liens. Les dirigeants actuels doivent, en toute humilité, entretenir des canaux de dialogue et de collaboration avec les travailleurs maliens réunis dans les différentes corporations. Ainsi, comme un seul homme, les Maliens travailleront ensemble à relever les défis communs. L’heure est au rassemblement.
Source : Benbere