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Union africaine : Moussa Faki Mahamat prône une renaissance du continent

Pour le président de l’UA, le bilan d’un demi-siècle d’indépendance et de liberté des pays africains laisse dubitatif

 

C’est hier qu’a été commémorée la création, le 25 mai 1963 à Addis-Abeba, de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) devenue Union Africaine (UA) en 2002. À la faveur du 57è anniversaire de l’organisation continentale, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat a, dans une déclaration, rappelé que depuis le 25 mai 1963, l’Afrique s’est affranchie de la présence coloniale et de l’apartheid. Elle a, selon lui, amorcé son unité politique et de grands progrès économiques, sociaux et culturels. De tels progrès, tempère Moussa Faki Mahamat, ne sauraient occulter les insuffisances et les retards parfois patents. Avant d’ajouter que le bilan d’un demi-siècle d’indépendance et de liberté du continent laisse dubitatif.

« En dépit d’un potentiel économique considérable, d’un capital humain riche, jeune et dynamique, la majorité des États africains peinent à assurer le bien-être de leurs populations », déplore le patron de la Commission de l’UA, pour qui des secteurs vitaux tels que l’éducation, la santé et la sécurité dépendent en grande partie de l’aide extérieure. Le communautarisme et le tribalisme se sont davantage cristallisés à la faveur d’un multipartisme et des principes démocratiques parfois dévoyés.

Selon lui, des crises ouvertes, générées par le terrorisme et des conflits interethniques ou interconfessionnels aux crises post- électorales, l’Afrique offre toujours, ici ou là, des scènes de violences, de fragilités et d’incertitudes du lendemain. À ce propos, Moussa Faki Mahamat s’est dit profondément meurtri par le spectacle qu’offre en ce moment l’un des membres fondateurs de l’OUA et principal initiateur et artisan de l’Union africaine, la Libye. « L’échec ne disculpe personne, ni aucun segment de la communauté internationale dont les responsabilités dans la poursuite, voire l’aggravation de ce conflit, sont immenses », a-t-il assené.

Dans ce décor mitigé, se réjouit-il, transparaissent tout de même des lueurs d’espoir, tant la volonté de vaincre la fatalité est grande et les moyens de briser le cercle de la dépendance et de la pauvreté sont significatifs. « Les organisations régionales se construisent, les projets phares continentaux tels que la Zone de libre échange économique continentale africaine (ZLECA) prennent la bonne direction », développe le président Mahamat. Assurant que l’intégration économique du continent, autre rêve fondateur de nos peuples, est désormais à portée de main.

Par ailleurs, poursuit la déclaration, la réforme de l’Union africaine est censée doter la Commission de moyens juridiques et politiques appropriés pour être cet instrument efficace pour la réalisation de nos actions prioritaires dont l’essence est reflétée dans l’agenda 2063.

Durant ce premier semestre de l’année 2020, comment ne pas aborder la question de la pandémie du coronavirus qui secoue en ce moment l’Afrique et d’autres continents. L’Afrique, admet Moussa Faki Mahamat, à la grande surprise de ceux qui l’ont toujours peu considérée, s’est mobilisée aux premières heures du déclenchement de la pandémie. Avant de rappeler qu’une stratégie continentale de réponse a été élaborée et immédiatement mise en œuvre.

« La grande question que nous rappelle cette pandémie de Covid-19, avec une voix assommante, est cette impérieuse nécessité de rompre cette dépendance de l’extérieur par le double impératif de vivre de nos propres ressources et de nous orienter hardiment vers la voie de notre propre industrialisation. Des ensembles moins nantis que nous l’ont réussi dans des temps record », exhorte le président de la Commission de l’UA.

Et Moussa Faki Mahamat de marteler que la seule façon de contenir la Covid-19 et ses conséquences désastreuses, d’assurer notre suffisance alimentaire, de créer des millions d’emplois, de sauver les centaines de millions de nos citoyens aujourd’hui gravement exposés aux pandémies et aux aléas de toutes sortes, est celle d’un vrai sursaut solidaire pour une réelle résilience africaine forte et durable.

Il n’y a pas plus honorable célébration de la Journée de l’Afrique, conclut-il, que d’engager cette entreprise intellectuelle, morale et politique, indispensable pour une véritable renaissance de notre cher continent.

Massa SIDIBÉ

Source : L’ESSOR

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