Un “grand débat national” s’est ouvert ce lundi en France pour permettre aux Français de s’exprimer sur plusieurs sujets dont les impôts, l’organisation de l’Etat, la transition écologique ou la démocratie.
“Je sais (…) que certains d’entre nous sont aujourd’hui insatisfaits ou en colère. Parce que les impôts sont pour eux trop élevés, les services publics trop éloignés, parce que les salaires sont trop faibles…” a souligné Emmanuel Macron dans une “Lettre aux Français”.
Le chef de l’Etat français, empêtré dans la crise des “gilets jaunes” depuis plusieurs semaines, dit souhaiter que les Français puissent, au terme de la concertation, “répondre par des idées claires” à la “grande inquiétude” qui a gagné leurs esprits.
Par le biais d’Internet, des rencontres dans les villages, les bourgs, les quartiers et dans les maires, les Français sont invités à débattre de leurs préoccupations avec les élus et les responsables associatifs, a-t-il précisé dans la lettre publiée par plusieurs médias à la veille de l’ouverture du débat national.
“Je pense toujours que la lutte contre le chômage doit être notre grande priorité”, a souligné Emmanuel Macron, souhaitant, au terme du débat, pouvoir “rebâtir une école de la confiance, un système social rénové (…) et réduire les inégalités à la racine”.
Il dit souhaiter que “le plus grand nombre de Français (…) puisse participer” à la concertation qui, selon lui, va essentiellement porter sur “quatre grands thèmes” : la fiscalité et les dépenses publiques, l’organisation de l’Etat et des services publics, la transition écologique, la démocratie et la citoyenneté.
“Ce débat est une initiative inédite dont j’ai la ferme volonté de tirer toutes les conclusions. Ce n’est ni une élection, ni un référendum”, a précisé M. Macron.
La classe politique française n’a pas tardé à réagir à l’initiative du chef de l’Etat.
“On ne convoque pas tous les Français à un débat en leur interdisant de parler par exemple de l’ISF (impôt sur la fortune). Les conclusions doivent être celles des Français, pas celles déjà prévues par le président de la République”, a lancé le député Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste.
Selon le porte-parole du gouvernement français, Benjamin Griveaux, il est question de “faire collectivement du grand débat national une réussite, pour bâtir ensemble notre nouveau contrat pour la Nation”.
La concertation sera dirigée par la ministre de la Transition écologique, et son collègue Sébastien Lecornu, chargé des Collectivités territoriales.
“Cette ‘Lettre aux Français’ d’Emmanuel Macron est très longue et montre qu’il est déconnecté des réalités quotidiennes des Français, qui veulent une paix fiscale, plus de dignité, plus de démocratie, et moins d’immigration !” a réagi Jordan Bardella, le porte-parole du Rassemblement national, le parti d’extrême droite dirigé par Marine Le Pen.
Le lancement de la consultation nationale survient quelques semaines après l’avènement des “gilets jaunes”, des manifestants qui nient la légitimité d’Emmanuel Macron. Ils étaient 84.000 à protester dans toute la France, samedi, contre 50.000 la semaine d’avant, selon le ministère de l’Intérieur.
BBC