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Un pari risque pour IBK

Réviser la constitution, surtout dans le contexte sociopolitique actuel, sans un minimum de consensus de la classe politique et de la société civile autour de ce projet, est un pari, difficilement, tenable pour le pouvoir.

Tout le monde en convient : la constitution du 25 février 1992 mérite bien un toilettage à cause, notamment, de ses limites au regard des réalités socio-politiques de l’heure. Mais comment y parvenir ?
C’est la question qui divise le pouvoir, l’opposition et la société civile.

Mettre l’accord en phase avec la constitution

Pour une mise en œuvre intégrale de l’accord pour la paix et la réconciliation, la constitution du 25 février 1992 doit être révisée. Afin qu’elle soit en phase avec celui-ci ; tandis que pour l’opposition et la société civile, réunies au sein de la Plateforme « Antè A Bana : Touche pas à ma constitution », cette révision « prépare la future partition du pays ». Mieux, ajoutent-elles, si révision de la constitution il y a, elle doit être consensuelle.
Mais avec la publication, par le Premier ministre, de deux décret portant, respectivement, création d’un comité d’experts chargés de réviser la constitution et nomination des experts composant ce comité, opposition et société se radicalisent.

Opposition et société civile mettent IBK en garde

« Sans dialogue politique sérieux, il n’y a pas de réformes consensuelles », indique le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD). Un regroupent de plusieurs partis politiques, avec à sa tête Soumaïla Cissé, non moins chef de file de l’opposition.
Annoncée pour courant 2017, la révision de la constitution a suscité colère et indignation au sein de l’opinion publique. A l’appel de la Plateforme « Antè A Bana : Touche pas à ma constitution ! », des manifestations de protestation ont été organisées dans les régions ; mais aussi, à Bamako où elles se sont poursuivies, des mois durant. Sans discontinuer.
Résultat : vendredi 18 août 2017, le président de la République sursoit à la révision constitutionnelle.
Mais dans son discours d’investiture, tenu en septembre 2018, IBK annonce sa volonté de réviser la constitution du 25 février 1992. Il s’agissait pour lui, de la mettre en phase avec l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, d’une part. Et, autre part, de corriger ses insuffisances constatées lors des dernières présidentielles.
Pour Dr Soumana Sacko, ancien Premier ministre et leader du parti Convention Nationale pour une Afrique Solidaire (CNAS-Faso Héré), le peuple malien déterminé à défendre sa constitution démocratique, celle du 25 février 1992, issue de la conférence nationale souveraine.


« Encore plus qu’hier, le peuple militant du 22 septembre 1960, du 20 janvier 1961 et du 26 mars 1991 est déterminé à défendre sa constitution démocratique et à faire échec à tout projet, visant à embarquer le Mali dans une aventure mal inspirée et inutilement couteuse, sous le prétexte fallacieux de corriger d’imaginaires « lacunes et insuffisances » que ses pourfendeurs n’arrivent pas à démontrer, alors même que des lois organiques, voire ordinaires, suffiraient pour prendre en charge certaines des préoccupations actuelles ».
Pour le CNAS-Faso Héré, avec les prises de position exprimées dans la presse, « il est évident que les contestations, au sujet de la révision constitutionnelle, recommencent comme en 2017 ».
C’est pourquoi, Dr Sacko invite « l’ensemble des Forces patriotiques, progressistes, républicaines et démocratiques à rester vigilantes et mobilisées pour la défense et la promotion des valeurs du 22 septembre 1960, du 20 janvier 1961 et du 26 mars 1991 ».
Dans une tribune relayée par la presse et intitulée « ce que je crains ! », notre compatriote, Cheick Sidi Diarra déplore le manque de consensus autour de cette révision constitutionnelle.
« Si la nomination du comité (ndlr : comité d’experts s’entend) peut paraître anodine du fait qu’il s’agit d’experts sans coloration politique, il n’en demeure pas moins que cela relève d’une démarche inopportune et dangereuse ».
Car, selon lui, « l’ampleur des défis et l’urgence de leur trouver des réponses adaptées requièrent que l’on dépasse son égo personnel et que l’on consent tous les sacrifices pour la Nation en danger », ajoute l’ancien secrétaire général-adjoint des Nations Unies.
Pour certains leaders de la Plateforme « Antè A Bana : Touche pas à ma constitution ! », cette révision constitutionnelle n’a d’autre but que de préparer la future partition du Mali.

Vers la partition du pays ?

Dans une tribune, largement, relayée par la presse, Dr Brahima Fomba, chargé de cours à l’Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako et non moins leader de la Plateforme « Antè A Bana : Touche pas à ma constitution ! » s’insurge contre la révision de la constitution du 25 février 1992.
« Il n’y a aucun doute pour ceux qui savent lire entre les lignes : le projet de révision constitutionnelle en cours prépare, s’il ne le consacre tout court, la partition du Mali, en ce sens qu’il enterre les articles 97 et 98 de la constitution du 25 février 1992 sur la libre administration des collectivités ».
Ces deux articles disposent, respectivement, selon lui, que « les collectivités territoriales sont créées et administrées dans les conditions définies par la loi » et que « les collectivités s’administrent librement par des conseils élus et dans les conditions fixées par la loi ».
Pour Modibo Sidibé, leader du parti FARE AN KAWULI, une révision de la constitution est, certes, nécessaire. Mais elle doit se faire dans le consensus. Auquel cas, poursuit-il, ce projet de révision constitutionnelle risque fort de rencontrer la farouche opposition des partis politiques de l’opposition et de la société civile.
Comme ce fût le cas le 28 août 2017 où, le président de la République s’est vu obligé de surseoir à ce projet.
Comme on le voit, la révision constitutionnelle est un pari risqué pour IBK.
Oumar Babi 

Source: Canard Déchainé

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