Hier, lundi 17 juin 2019, les jeunes de Sévaré ont marché du monument central de la ville à l’aéroportAmbodédjo pour, non seulement dénoncer le « mutisme » et l’ « irresponsabilité » des forces étrangères, notamment la Minusma et la force Barkhane, mais aussi demander leur départ.
Les manifestants étaient nombreux, venus de Mopti et de tous les quartiers de Sévaré pour dénoncer « l’irresponsabilité » de la Minusma et de la force Barkhane, face aux multiples massacres au centre du Mali. Sur les banderoles, on pouvait lire : « Minusma dégage ! » « Barkhane dégage ! » ; « On a tout compris ». Les jeunes de Sévaré estiment que la présence des forces étrangères est inutile.
Joint par nos soins, un des leaders de la manifestation, Daouda Guindo, nous fait le point. « Dès 9h, la population de Sévaré a pris d’assaut les rues de la Ville pour dénoncer l’irresponsabilité de la MINUSMA et la force BARKHANE au Mali, plus précisément à Sevaré », nous confie-t-il. Pour lui, les multiples attaques contre les populations civiles ne peuvent s’expliquer que par « l’irresponsabilité » ou la « complicité » de la Minusma et de la force Barkhane. « Ce qui nous parait bizarre, malgré la présence massive des forces étrangères au Mali, les difficultés sécuritaires persistent toujours. Des massacres des villages entiers continuent. Des enlèvements des bétails aussi », nous confie notre interlocuteur qui ajoute que la jeunesse de la région de Mopti ne peut plus se taire face à la situation qui continue de se dégrader. « Koulogon, Ogossagou, et maintenant Sobane Dah, la population a décidé de se lever pour dire non », affirme un des manifestants qui souhaite le départ immédiat de la Minusma et de la force Barkhane de sa région.
Pour le leader de la manifestation, Amadou Cissé dit Walawala, la jeunesse de Mopti ne croisera plus les bras ; elle se battra pour la paix et la cohésion entre tous les enfants de la région.
S’exprimant sur l’objectif de la marche, il déclare : « Nous avons initié cette marche pour promouvoir la paix, l’unité et le dialogue national, car depuis les épisodes de 2012, rien ne semble aller dans ce sens », laisse-t-il entendre. M. Cissé affirme en avoir marre de la persistance de l’insécurité dans la région. « L’insécurité ne fait que perdurer depuis la venue des bandits armés avec l’annexion de Tombouctou, Gao, Kidal… Nous voyons venir chaque jour des déplacés qui se réfugient à Mopti. Ils n’ont rien : ni à manger ni à boire encore moins un endroit où s’installer. C’est en ce sens que la jeunesse a décidé de se donner la main pour que les choses puissent enfin bouger », a-t-il précisé.
D’autres actions sont, selon les organisateurs, prévues dans les prochains jours.
Boureima Guindo
LE PAYS