C’est pure lapalissade que de dire que la corruption gangrène tous les pans de notre société. En effet, le phénomène, contre lequel l’Etat semble impuissant, annihile tous les efforts de développement et de bonne gouvernance.
Quelques exemples parmi tant d’autres. Officiellement le passeport malien coûte 50 000 FCFA au Mali et 60 000 FCFA dans certaines ambassades et chancelleries à l’extérieur.
Quant à la carte nationale d’identité, elle coûte entre 1600 et 2000 FCFA selon les tarifs officiels fixés par l’Etat.
Mais, une dérive spéculative s’est installée autour de ces deux pièces d’état civil de sorte que pour se le procurer, il faut non seulement « se lever tôt », mais aussi y mettre 3 voire 4 fois le prix ordinaire.
Ainsi, le passeport est céder dans certains cas entre 100 et 150 000 FCFA (Les Echos), pendant que la carte nationale d’identité est obtenue à l’issue d’un véritable parcours du combattant contre 5, 10 et 15 000 FCFA selon les circonstances.
Toutes les initiatives entreprises pour combattre le fléau ont été jusque-là vaines. Le citoyen, par civisme ou nécessité absolue, paie pour satisfaire un droit mais aussi un devoir.
Malheureusement, du fait de cette corruption flagrante, les pièces d’état civil de notre pays sont devenues des « marchandises » à la portée de tous et de n’importe qui. Toute chose qui affecte dangereusement leur crédibilité et leur fiabilité.
Peut-on raisonnablement parler de fierté, d’honneur et de dignité si les pièces d’état civil de son pays sont vendues à tous venants?
La crédibilité et l’autorité d’un Etat résident dans sa capacité à sécuriser ses armoiries, son sceau et tous les symboles de sa souveraineté.
Les maux dont souffre le Mali, notamment la profonde crise sécuritaireque nous connaissons depuis des années maintenant, prennent généralement leur source dans des comportements sus et vécus par tous. Il s’agit particulièrement de la corruption endémique qui gangrène la plupart, sinon la quasi-totalité, des services publics auxquels le citoyen a droit légitimement. Aussi, pour venir effectivement à bout du fléau, il faut des efforts conjugués de tous et la volonté d’implication de chacun, notamment des plus hautes autorités, des agents de l’Etat et des citoyens eux-mêmes. Car, la solution ne viendra jamais d’une seule partie sans l’adhésion et l’implication effective des autres.
En attendant, il n’y a aucune raison de s’étonner que le Mali en soit là aujourd’hui. Pis, ce qui préoccupe davantage c’est de quoi demain sera-t-il fait? Question à mil et une inconnues, malheureusement !
SOURCE : L’Indicateur du Renouveau