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Elections : LA MACHINE QUI PEUT RÉVOLUTIONNER LE SCRUTIN

Le NOPEL a l’avantage d’être simple d’utilisation pour l’électeur et fiable pour les organisateurs. En outre, il permet de substantielles économies

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En matière d’invention, notre pays n’est pas en reste. En effet, même s’ils sont peu connus du grand public, nos inventeurs ne manquent pas de talent et font de leur mieux pour se frayer un chemin vers la reconnaissance de leur génie. C’est ainsi que l’un d’entre eux, Alpha Sidiki Cissé, a mis au point une technologie qui pourrait révolutionner les scrutins électoraux dans notre pays. Il s’agit d’une machine à voter baptisée Nouveau procédé électoral (NOPEL) qui a remporté la médaille d’or de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) en 2006 ainsi que le prix de l’invention pouvant intéresser le marché international de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle en Guinée équatoriale. L’auteur n’en est pas à sa première trouvaille. Il avait déjà mis au point au début des années 2000 une machine pour soigner la drépanocytose.
Notre inventeur rappelle qu’entre 1992 et 2009, le Mali a organisé 12 élections : 4 présidentielles, 4 législatives et 4 communales. Et que malgré les efforts déployés, les problèmes ont persisté dans l’organisation des scrutins. Pourtant, diverses méthodes ont été utilisées : technologies biométriques, bulletins multiples et uniques. Le rapport de la commission de Daba Diawara est à cet égard édifiant. Il y est relevé que « toutes les réformes intervenues depuis 1992 ont renforcé les sanctions contre la fraude, mais aucune n’a permis de juguler ce fléau qui a atteint une ampleur jamais égalée à l’occasion des élections générales de 2007, aux dires du juge des élections, de leur principal organisateur et de bon nombre de responsables de partis politiques et de candidats ». A ce constat sévère s’ajoutent la faiblesse du taux de participation et la difficulté d’exécution correcte de l’acte de vote par les citoyens.
Alpha Sidiki Cissé estime que son invention permettrait de réparer ces lacunes. Il faut en effet savoir que créé en 2002, le NOPEL a été considérablement amélioré depuis. Son auteur en a fait sept versions différentes en une dizaine d’années. Il a amélioré progressivement sa création et l’a fait sur ses fonds propres récoltés grâce aux prix qu’il a obtenus à travers sa participation à des compétitions nationales, sous régionales et même internationales. La dernière génération du NOPEL, selon Cissé, représente la technologie la plus performante et la mieux appropriée pour l’organisation d’élections crédibles, transparentes, fiables, simples, rapides, garantissant le respect des lois et des règlements et réduisant le coût des opérations électorales, quelque soit l’environnement. Cette version a été approuvée par tous les intervenants en matière électorale, notamment le ministère de l’Administration territoriale, les partenaires techniques et financiers (USAID, IFES, PNUD, Banque mondiale) et les partis politiques. A la base de l’opération de vote par le citoyen se trouve l’utilisation d’une clef. Cissé affirme avoir choisi délibérément cet accessoire simple et qui sert à de multiples opérations de la vie courante.
JUSTE DES MESURES DE SÉCURITÉ. Le NOPEL a aussi l’avantage de simplifier l’automatisation de la vérification de l’identité de l’électeur, du vote proprement dit, du dépouillement ainsi que de la centralisation des résultats. Son inventeur fait remarquer que sous d’autres cieux, l’automatisation des opérations de vote et du dépouillement s’effectue essentiellement à l’aide de supports électroniques. Autrement dit, en utilisant un équipement nécessitant un investissement solide pour son acquisition et son fonctionnement. Il faut aussi une source d’énergie, des logiciels qui deviennent très vite obsolètes et éventuellement une connexion internet.
Sans oublier que les électeurs et les agents électoraux n’ont pas toujours la formation requise pour s’adapter à l’utilisation d’un tel matériel. Le NOPEL propose, lui, une simple lecture d’un dépouillement automatique effectué au moyen de compteurs mécaniques fiables. Le processus ne nécessite aucune intervention sur la machine au moment du décompte et écarte donc la possibilité d’une modification frauduleuse des résultats donnés par les dits compteurs. Si le vote électronique exige une certaine technicité et des connaissances pointues, avec le NOPEL PVC, l’obtention de résultats sincères passe uniquement par le respect de mesures de sécurité.
Autre avantage offert par la machine, la possibilité offerte à l’électeur (tant que ce dernier n’a pas quitté l’isoloir) de modifier éventuellement son choix. Alors qu’avec le bulletin unique, le citoyen, après avoir effectué son vote par apposition de l’empreinte de son index sur une des cases proposées, n’a aucune possibilité de revenir sur son choix, même au cas où il se serait trompé de case.
Avec le NOPEL, l’électeur a la possibilité de visualiser les images de tous les candidats. Il introduit ensuite dans l’orifice se trouvant devant l’image de son choix le citoyen une clef qui lui a été remise avant son entrée dans l’isoloir. Puis il sort pour constater l’enregistrement de son vote par les agents électoraux. La fameuse clé est alors transmise à l’électeur suivant. Après chaque vote, la machine se désactive automatiquement. Elle se remet à nouveau en fonction dès l’entrée d’un nouvel électeur dans l’isoloir. Si un électeur n’effectue pas correctement la procédure de vote, la machine ne réagit pas. Elle alerte ainsi l’ensemble des membres du bureau de vote. Ces derniers autorisent alors l’électeur à retourner une fois de plus dans l’isoloir après lui avoir expliqué la manière correcte de voter. La lecture des résultats, elle, n’est possible qu’à la clôture du scrutin et peut se faire sans ouvrir l’urne. Les résultats et les données relatives au scrutin peuvent être transmis.
Le NOPEL offre l’opportunité de gérer simultanément deux scrutins (présidentielle et législative ou législative et municipale par exemple). La capacité maximum de chaque machine est de 999 suffrages par scrutin et par bureau de vote. Ce chiffre n’a pas été fixé fortuitement. Lors des premières élections démocratiques organisées dans notre pays, chaque bureau de vote se voyait affecter un quota de 700 électeurs. Puis devant les risques d’engorgement, ce nombre a été ramené ensuite à 500. C’est à partir de ce chiffre que s’est définie la capacité affectée à chaque exemplaire de la machine.
SEULEMENT UN BULLETIN. Selon les estimations, en recourant la technologie NOPEL, l’Etat économiserait environ trois milliards de Fcfa par élection générale, a indiqué l’inventeur. La démonstration a été faite qu’à lui seul le budget pour l’impression des bulletins de vote par élection générale peut permettre d’équiper l’intégralité des bureaux de vote au Mali avec le NOPEL. L’utilisation de la nouvelle technologie réduirait considérablement le coût des élections. Car l’équipement installé ne nécessite pas l’achat d’une quantité considérable de consommables. Il s’agit juste que chaque bureau de vote dispose d’un bulletin par candidat inscrit. Ce bulletin est doté d’une longévité peu commune. En effet, mise sous protection plastifiée, elle peut rester sans la machine plus de 20 ans sans se détériorer. IL faut noter que la durée de vie d’une machine NOPEL est estimée à 15 ans. Plus le nombre de candidats est important (comme cela se constate depuis 2002), plus l’économie réalisée est conséquente.
Le NOPEL, qui existe pour le moment sous forme d’un prototype fabriqué en bois, mais dont l’exemplaire définitif pourrait être produit en plastique, a été testé grâce aux financements de la Banque mondiale et du ministère de l’Administration territoriale. Les résultats ont prouvé qu’un électeur peut effectuer entièrement son vote en 26 secondes. Plusieurs tests ont également été réalisés avec les comités de pilotage du processus électoral en présence des partenaires techniques et financiers comme l’USAID, le PNUD, l’IFES. Ce qui leur a permis d’apprécier la qualité technique de la machine et les économies qu’elle autorise.
En 2008, convaincus par les tests, les représentants de 56 partis politiques avaient donné leur accord pour l’utilisation du NOPEL lors des élections de 2012. Mais avec les évènements de 2012, le programme a été faussé, déplore Alpha Sidiki Cissé qui ajoute qu’en 2007, le PNUD avait proposé son assistance à notre pays pour l’aider à financer et équiper tous les bureaux de vote avec la machine. Mais la proposition est restée sans suite. L’histoire prendra-t-elle une autre tournure pour les consultations de 2018 ?

Fatoumata MAÏGA

source : L Essor

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