Avec la prolifération des garages auto à Bamako, les mécaniciens maliens rencontrent d’énormes difficultés : il y a moins de clients et des « faux mécaniciens » envahissent le secteur.
A Bamako, le nombre de garages automobile augmente constamment. Cette expansion non contrôlée impacte négativement sur le secteur. Si elle a rendu facile l’accès aux mécaniciens pour les automobilistes, les acteurs du secteur, quant à eux, en souffrent. Au point que beaucoup s’inquiètent pour l’avenir du métier.
Souleymane Wattara, garagiste depuis plus d’une vingtaine d’année, estime que l’augmentation du nombre de mécaniciens n’est pas un problème majeur, mais l’invasion du secteur par des « faux mécaniciens », est inquiètante. « Aujourd’hui, beaucoup ouvrent des garages sans avoir la qualification nécessaire. Ils n’ont souvent aucune expérience. Au lieu de réparer les véhicules, ils les détruisent complétement. Cette situation agace les clients au risque de ternir l’image de tous les mécaniciens », révèle-t-il en précisant : « ces clients ne font plus confiance aux garagistes. Souvent ils préfèrent abandonner les véhicules pour en trouver d’autres. Nous gagnons moins et nous ne parvenons plus à vivre dignement de notre métier ».
En plus, l’un des défis majeurs auxquels le métier est confronté est la situation économique du pays qui, explique M. Wattara, pousse les clients à abandonner les véhicules réparés dans les garages. « Nous tardons a recouvré nos dettes après la réparation. Les garages sont inondés de véhicules, mais les clients viennent timidement chercher leurs véhicules ».
L’Etat sur le banc des accusés
Malgré la floraison des garages à Bamako, il n’y a pas de loi régissant le secteur au Mali. Pourtant, ces garagistes contribuent énormément au PIB. Ils s’acquittent chaque année de leurs impôts et payent des taxes à la mairie. « Nous sommes oubliés par l’Etat. Même pour avoir l’autorisation d’installation à la marie, c’est un problème. C’est pourquoi, beaucoup s’installent illégalement», explique Adama Traoré, président de la Conférence régionale des chambres de métiers de Bamako.
Abondant dans le même sens, Moussa Samaké, délégué de l’Association des garagistes de Sokorodji-Bamako, accuse l’Etat de ne rien faire pour règlementer le secteur. « Rien n’est fait pour orienter les mécaniciens au Mali. Or, dans d’autres pays, c’est bien réglementer et les garagistes savent où aller, où s’installer et comment progresser », dit-il avec amertumes.
Un manque criard de matériels et d’encadrement
Pour faire face aux calvaires des professionnels du secteur, Moussa Samaké de l’AGS propose la formation et l’équipement. Selon lui, plus les mécaniciens seront bien équipés, plus ils seront performants. Aussi, ajoute-t-il, les autorités doivent faciliter l’acheminement des pièces de rechanges neuves au pays. « Même quand on a les ressources nécessaires, il est difficile de trouver des matériels neufs ici. Nous nous contentons donc des pièces d’occasions, c’est-à-dire celles déjà utilisées mais opérationnelles », précise-t-il avant d’ajouter que tous les garagistes autos doivent également bénéficier de formations afin d’échapper à la mauvaise gestion et d’avoir les outils nécessaires pour satisfaire les clients.
« Nous dévons tous aller vers le professionnalisme et le développement de services annexes comme les petits travaux de carrosserie, la pose et réparation de climatisation, la préparation et présentation du véhicule au service technique, etc. Les fonds propres doivent représenter au minimum 40% des ressources stables », explique-t-il.
Hamissa Konaté
Source: 30minutes