Dix mois après le renversement du régime d’IBK, le M5-RFP est en phase de participer activement au processus de la Transition. Cette décision du mouvement qui n’a cessé de contester la gestion de la Transition, intervient après la libération des deux autorités de la transition, arrêtées et conduites à Kati par les membres de l’ex-junte du CNSP.
« Oui, le M5-RFP a alerté et prévenu sur la mauvaise trajectoire que prenait la Transition. Nous n’avions été ni entendu, ni suivi. Oui le M5-RFP a fait dix (10) préconisations déclinées en dix-sept (17) mesures fortes dont la mise en œuvre aurait permis la Rectification de la trajectoire de la Transition pour la Refondation totale du Mali. Nous avons été raillés et méprisés », déclarait le Comité stratégique. Selon eux, l’ancien Président de la Transition n’a jamais voulu prêter une oreille attentive ni à fortiori la moindre attention à ce que nous faisions et disions. Et l’ancien Premier ministre a choisi de « bâtir » le Mali nouveau avec de nombreux fossoyeurs directs ou indirects de la descente aux enfers de notre pays. « Ce qui ne pouvait manquer d’arriver est malheureusement arrivé et le M5-RFP ne pouvait que prendre acte de la démission du Président et du Premier ministre de Transition tout en insistant sur la préservation de leur intégrité physique, la poursuite de la Transition sur la base du respect scrupuleux de la Charte de la Transition et la mise en œuvre des 17 mesures salvatrices pour le Mali », précisait-t-il.
Enfin Dr Choguel Kokalla Maiga figure controversée, ancien ministre, devenu le fer de lance de l’opposition aux autorités de la transition d’alors, après avoir combattu Ibrahim Boubacar Keïta, est pressenti comme Premier Ministre de la Transition. Beaucoup de maliens estiment que le Colonel Assimi Goita, désormais Président de la Transition selon la Cour Constitutionnelle, donne l’occasion au M5-RFP de ‘’rectifier la transition’’ en lui proposant la Primature pour former un nouveau Gouvernement de consensus.
Aujourd’hui, selon le Dr Bréhima Ely Dicko, sociologue, le Mali est passé d’une transition civile militairement assistée à une transition entièrement militaire suite à l’échec du Président de la Transition et de son Premier de tester leur marge de manœuvre au sein de cette transition.
Au sujet de la formation du nouveau Gouvernement de consensus, l’Economiste Etienne Fakaba Sissoko indique sur sa page Facebook que les militaires tiennent à ce que la base du gouvernement soit le M5-RFP, l’UNTM, le Syndicat des enseignants dans l’espoir d’atténuer la crise sur le front social. Ainsi Choguel aura l’occasion de mettre en œuvre son plan de rectification de la transition ; lui qui a longtemps dénoncé l’instauration d’un régime militaire déguisé parce que ce n’est pas le rôle du militaire que de remplacer le politique pour diriger. La militarisation à outrance ne sert ni l’armée ni la société.
« La proposition du poste de premier ministre au M5 est un coup de poker des militaires au pouvoir. En proposant cela, les militaires comptent gagner du temps pour retarder les pressions internes dans un premier temps. Deuxièmement, ils comptent affaiblir le reste du seul mouvement qui pourrait encore leur faire obstacle ».
Déjà un « front du refus » a été mis en place à la pyramide du souvenir par certains anciens partis de la majorité présidentielle. Réunis ce 2 juin, ce front réclame plus d’inclusivité dans les choix des organes de la Transition.
Seydou K. KONE