En Algérie, Abdelaziz Bouteflika a renoncé à un 5e mandat. L’élection présidentielle du 18 avril est annulée mais il reste beaucoup de questions. Quand la prochaine présidentielle aura t-elle lieu et comment garantir un changement comme le réclament les manifestants depuis trois semaines ? Lundi 11 mars au soir, le président sortant a nommé un tandem à la tête du gouvernement et promis l’alternance. Noureddine Bedoui et Ramtane Lamamra ne sont pourtant pas des symboles de rupture.
Ces deux figures sont bien connues déjà des Algériens. Noureddine Bédoui et Ramtane Lamamra sont tous deux issus du premier cercle qui entoure Abdelaziz Bouteflika.
Ramtane Lamamra, 66 ans, est un diplomate de carrière. Il a été au service de presse de la présidence de la République avant d’être ambassadeur, puis ministre des Affaires étrangères de 2013 à 2015. C’est notamment lui qui a dirigé les négociations de paix malienne à Alger. Homme de confiance donc, il avait été nommé conseiller diplomatique d’Abdelaziz Bouteflika en février dernier.
Noureddine Bedoui, 62 ans, est, lui, issu de l’administration algérienne. Plusieurs fois wali, c’est-à-dire préfet, il est ministre depuis septembre 2013, d’abord à la Formation professionnelle puis à l’Intérieur. Un poste clef du gouvernement.
Difficile donc au vu de ces nominations de croire à un renouvellement des dirigeants. Le principal avantage de ces deux hommes est de ne pas avoir le passif de l’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, particulièrement impopulaire et nommément visé ces dernières semaines par des slogans lors des manifestations.
Les prochaines étapes désormais
L’élection du 18 avril prochain est donc reportée. A la fin de son mandat, le 2_ avril prochain, Abdelaziz Bouteflika promet qu’il y aura un gouvernement de transition pour gérer les affaires du pays. Et en parallèle, une Conférence nationale pour préparer la transition.
Ce travail devrait se terminer avant la fin de l’année. Ce qui permettra ensuite d’organiser une élection présidentielle.
Autre promesse : celle de créer une Commission électorale indépendante pour organiser cette élection afin de remplacer le ministère de l’Intérieur qui s’en chargeait jusque-là.
Au-delà de ces engagements, les questions restent nombreuses. Aucune date n’a été avancée pour cette élection et Abdelaziz Bouteflika n’a pas parlé non plus de son départ et cela, les Algériens l’ont bien entendu. Résultat : à part la nouveauté qu’il ne se présentera pas, les propositions de cette lettre aux Algériens sont similaires à celles faites lors du dépôt de candidature du président le 3 mars dernier.
Surtout en annulant l’élection, le pouvoir sort de ce qui est prévu par la Constitution algérienne. Enfin pour les Algériens, il faut du changement à la tête de l’Etat. Or, là, Abdelaziz Bouteflika annonce finalement une transition gérée par son camp. D’ailleurs, les appels à la mobilisation jeudi et vendredi ont repris.
Pressafrik