À Ségou, le maire de la commune serait mis en cause dans une affaire de vente de parcelles que les populations qualifient de lieux sacrés.
Depuis quelques jours, les populations de Ségou sont sur les nerfs. La ville bout et le maire serait à l’origine de l’affaire. Il aurait octroyé une partie de l’ancien cimetière à un opérateur économique qui envisagerait de morceler
l’endroit. Dès l’entame des travaux, des voix se sont élevées pour dire non, car les aïeux de bien des Ségoviens
seraient enterrés là. « Il est inacceptable qu’on octroie ces lieux à quelqu’un pour un usage d’habitation. Il y a trois
cimetières qui sont contigus ici : celui des Musulmans, celui des Chrétiens et celui des Animistes. C’est un lieu sacré
pour tous à Ségou ».
Des documents de plus de vingt ans.
Dès que les travaux furent constatés, la société civile de la ville a interpellé Amadou Fofana dit Chaouki pour lui
intimer de les arrêter et des investigations furent menées au niveau de la mairie. Il s’est avéré que Chaouki détenait des documents de possession des lieux vieux de plus de vingt ans, que son père lui aurait légués. Et le maire de confirmer ses dires. Plus surprenant pour les populations, le maire aurait fait passer un communiqué en son temps à l’Essor et personne n’aurait réagi. Alors il aurait autorisé les travaux. Le dilemme, c’est que Chaouki est connu pour être un acteur majeur dans les affaires foncières ségoviennes pour avoir tenté de « magouiller» tout dernièrement un lot appartenant à la protection civile. Niaré, joint au téléphone, accuse les autorités locales et Fofana. « Si ce n’est pas parce qu’ils sont tous faux et complices, pourquoi le maire a-t-il fait un communiqué dans l’Essor, qui ne parait qu’à Bamako? Communiqué auquel je ne crois d’ailleurs même pas. Il y a des journaux à Ségou, nous avons des radios et beaucoup d’autres moyens traditionnels de communication. Le maire n’en a même pas parlé avec les notabilités. Donc qu’on ne nous balade pas. Et, pour info, Chaouki est toujours de mèche avec eux dans ces affaires ». Les populations de Ségou seraient très fâchées et auraient même imprimé des tracts pour déclarer le maire, le directeur
des domaines et quelques autres chefs de services persona non grata. Face à ces mouvements, les autorités gouvernementales seraient sur la lancée de l’interdiction de manifestations comme les marches, les assemblées générales et autres regroupements d’un grand nombre de personnes. Nous avons tenté de joindre le maire, en vain. « On ne peut pas permettre les regroupements en ce moment. Les gens sont sur les nerfs et la situation peut déraper. Surtout, avec ce ciblage de personnes, il y a de quoi se faire du souci », confie Sinè Dembélé, chef de cabinet du gouverneur. Les populations de la Cité des balanzans seraient déterminées à ce que le terrain ne soit pas construit. À chaque fois que l’opérateur économique qui en est propriétaire fait des briques, elles sont cassées par des jeunes et des menaces de mort seraient même en circulation à Ségou.
Source : Nord sud journal