Le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Malick Coulibaly, a présidé, lundi dernier dans un hôtel de Bamako, la cérémonie de lancement officiel du dialogue multi-acteurs pour la transformation de la justice malienne par l’innovation. C’était en présence de l’ambassadeur des Pays-Bas au Mali, Jolke Folkert Oppewal, du président directeur de l’Institut de La Haye pour l’innovation de la justice (Hiil), Dr Sam Muller et des directeurs des services centraux du département de la Justice et des Droits de l’Homme.
Ce programme, financé par le Royaume des Pays-Bas, est mis en œuvre par l’Hiil. Il intervient suite à deux enquêtes réalisées en 2014 et 2018 par Hiil, qui ont révélé un fossé profond entre la justice malienne et les citoyens lié notamment à la peur, à l’ignorance, à l’inefficacité et à la cherté de la justice. «Le tableau sombre sorti de ces enquêtes quant à la satisfaction des citoyens et leur perception de la justice malienne doit être nécessairement intégré dans la grille d’analyse afin d’inverser la tendance et rapprocher davantage la justice des justiciables», a invité le Garde des Sceaux.
Malick Coulibaly a souligné qu’à la suite desdites enquêtes, le phénomène de terrorisme et les infractions connexes ont donné aujourd’hui une autre dimension de la perception de la justice malienne qui renvoie surtout à l’impunité face au crime. «Notre justice a besoin de moyens matériels, humains et financiers. Mais, je demeure convaincu que son redressement passe par un changement de méthode et de comportement de ses acteurs », a-t-il insisté, ajoutant que ce programme vient à point nommé car, il coïncide avec la première année de la Loi d’orientation et de programmation du secteur de la justice, dont la mise en œuvre de 2020 à 2024 devra «permettre de changer le visage de la justice malienne tant sur le plan qualitatif que quantitatif ».
En outre, le ministre de la Justice a indiqué qu’avec ce programme, on sort indéniablement des sentiers battus pour mettre en avant l’innovation qui favorise le progrès. Selon lui, il s’agit d’une opportunité inouïe pour réorienter notre justice à travers une expérience innovante et prometteuse axée essentiellement sur des citoyens. Malick Coulibaly a promis que les résultats auxquels parviendra le groupe multi-acteurs aux termes des sessions programmées, seront judicieusement exploités par son département.
De son côté, l’ambassadeur des Pays-Bas a invité les participants à réfléchir sur l’initiative innovatrice et transformatrice qui répond aux besoins nationaux et régionaux et qui peut enrichir ou accélérer les programmes de coopération déjà en cours dans le secteur de la justice. « Il serait également utile de bien analyser les différences en problématique judiciaire entre les différentes régions du pays et de chercher des approches qui répondent aux besoins de ces groupes ou régions», a ajouté Jolke Folkert Oppewal.
Quant au président directeur de Hiil, il a fait savoir que le Mali occupe une place spéciale dans le cœur de son organisation. Dr Sam Muller dira que le Mali et la région du Sahel vivent une période difficile, soutenant que la justice est à la base de tant de défis actuels de rassemblement symbolique qui peut être considéré comme un signe positif d’engagement de tous à trouver ensemble des solutions.
Bembablin DOUMBIA
Source : L’ESSOR