Seul pays à n’avoir jamais connu d’alternance politique, pacifique et démocratique en Afrique de l’Ouest, le Togo a aussi une histoire politique particulière.
L’ancien warf (quai) visible sur la plage de Lomé fait partie des vestiges hérités de la colonisation allemande au Togo. La ferraille en proie à l’érosion rappelle le passage des Allemands dans ce pays.
Virée dans l’histoire…
Avant d’en être chassée par les Alliés (Français et Britanniques) lors de la première guerre mondiale, l’Allemagne considérait le Togo comme « colonie modèle ».
Elle venait d’ailleurs d’ériger à Kamina, dans le centre du pays, un important poste station télégraphique de communication pour relier Berlin à ses colonies en Afrique.
Ce joyau n’a fonctionné qu’un mois avant d’être détruit en Août 1914 par les Allemands eux-mêmes, de peur qu’il ne tombe dans les mains de l’ennemi britannique ou français.
Lorsque les Allemands se retiraient, en Août 1914, le Togo allait bien au-delà de ses 56.600 km2 d’aujourd’hui. Mais il sera ensuite amputé d’une partie de son territoire, à l’Ouest, confiée aux Britanniques alors que les Français conserveront la partie aujourd’hui connue sous le nom de Togo.
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Le “Togo britannique” est ensuite rajouté à la Gold Coast voisine (actuel Ghana) , où était déjà présente la Grande Bretagne; le “Togo français” est resté autonome. C’est donc cette partie qui sera plus tard déclarée indépendante le 27 avril 1960.
« Notre pays, le TOGO qui, depuis 1884, a été successivement protectorat allemand, condominium franco-britannique, territoire sous tutelle de la France, retrouve en ce jour du 27 avril 1960 sa liberté d’antan », s’est écrié Sylvanus Olympio, premier président du pays alors qu’il en proclamait l’indépendance.
Enthousiasme de très courte durée.
13 Janvier 1963. Pour la première fois en Afrique des militaires organisent un coup d’Etat. Sylvanus Olympio, qui a vainement tenté de s’abriter dans l’enceinte de l’ambassade des Etats-Unis, sera vite retrouvé par les putschistes et assassiné. Ce sera le début d’une autre tournure dans l’histoire singulière du Togo. Le pays connaitra ensuite une série de coups d’Etat de 1963 à 1967.
Le 14 avril 1967, Gnassingbé Eyadéma prend le pouvoir. Il va le conserver, contre vents et marrées, pendant 38 ans. L’ancien militaire démobilisé de l’armée française accepte, au début des années 90, de mettre fin au système de parti unique, qui prévalait jusque-là et de doter le pays d’une nouvelle loi fondamentale.
Cette constitution votée en 1992 limite le nombre de mandats présidentiels à deux. Cela n’a pas empêché le président Eyadéma de faire 23 ans supplémentaires au pouvoir, en dirigeant le pays d’une main de fer et en prenant le soin de modifier la constitution en décembre 2002.
A sa mort en 2005, son fils, Faure Gnassingbé, aidé par l’armée, prend le pouvoir à l’issue d’une élection contestée. 500 personnes ont été tuées dans les violences qui ont suivi cette élection, selon un rapport de l’ONU.
Depuis, Gnassingbé fils a conservé le fauteuil présidentiel. Après 15 ans de pouvoir, il a réussi, grâce à une nouvelle modification de la constitution, en mai 2019, à s’offrir la possibilité de briguer deux nouveaux mandats de cinq ans jusqu’en 2030.
Pour l’instant, le fils Gnassingbé part à la conquête d’un quatrième mandat devant le conduire jusqu’en 2025. Cela dans un pays où il peut compter sur une armée fidèle, une assemblée nationale très majoritairement dominée par son parti, l’Union pour la République, et une administration dont les cadres viennent presque exclusivement du même parti.
BBC